Ces expressions me causent un malaise grandissant.
A l'origine, elles désignent des lobbyistes mettant en doute des consensus scientifiques solides pour continuer à vendre leurs saloperies.
Historiquement, les marchands de tabac...
Ou encore les compagnies pétrolières mettant en doute la responsabilité humaine dans les changements climatiques.
Ici, l'expression "marchands de doute" était pleinement justifiée, puisqu'on avait :
Un consensus scientifique réel + des intérêts économiques + un doute injustifié volontairement instillé dans le débat.
Hors de ces 3 critères réunis, l'accusation n'est pas justifiée.
Or, je la vois de plus en plus fleurir dans les débats, dans des situations où il y a débat scientifique, et/ou à l'encontre de personnes lambda qui doutent juste légitimement de ce que leur interlocuteur raconte.
"Marchand de doute" devient l'accusation commode pour discréditer le contradicteur. Là où justement il n'y a PAS consensus scientifique...
Ou bien à partir d'affirmations ne correspondant pas à ce qui pourrait faire consensus.
C'est très clair dans le débat environnemental aujourd'hui, où les affirmations les plus loufoques sont lancées, et lorsqu'elles sont contredites, l'adversaire (pas toujours très fin lui non plus) est accusé d'être vendu à telle ou telle industrie et de créer du doute.
Je retrouve l'expression "fabrique du doute" avec la sortie du livre Les gardiens de la raison.
Je ne sais pas si les mouvements rationaliste sont vendus ou non à l'industrie, et entre nous, je suis souvent en désaccord avec leurs positions.
J'ai pu constater sur les sujets sur lesquels je travaille que des zététiciens éminents peuvent être complètement à côté de la plaque, et persuadés que leur méconnaissance du sujet peut être remplacée par une liste d'outils rationnels.
Des rationalistes m'ont d'ailleurs accusé d'être moi-même un marchand de doute, pour mes doutes sur le végétalisme, par exemple.
(L'accusation a ceci de formidable qu'elle peut être utilisée par tous et à tout propos.)
Mais ce que je lis autour du livre (que je n'ai pas encore pu acquérir dans ma cambrousse), ne colle pas vraiment avec ce que je sais de ces mouvements, et des positions idéologiques (diverses), de leurs membres.
J'espère que le livre est plus nuancé que ce qui en transpire.
Mais je crains qu'à placer tout et n'importe qui dans les catégories "marchands de doute" et "fabrique du doute", à l'utiliser de plus en plus souvent comme arme de destruction massive de controverse, le concept risque sérieusement de perdre de sa force.
Et ce serait dommage.
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Bonjours, @futurasciences, avant de clamer la disparition d'un "mythe", assurez-vous de connaitre un minimum le sujet que vous traitez. Pas grand-chose ne va dans votre article.
Mes remarques à la suite :
1/13 futura-sciences.com/sciences/actua…
D'une étude sur une population particulière, dans un écosystème marginal, vous tirez des conclusions sur "les chasseurs-cueilleurs". Conclusion abusive et titre qui ne correspond pas au fond de l'article.
2/13
Oui, parce que dès le chapeau de l'article, vous dites "dans les Andes en tout cas", ce qui est effectivement important. Mais insuffisant. La période où vivaient ces chasseurs-cueilleurs est importante aussi : après les grandes extinctions de mégafaune.
3/13
Vu que ça discute très fort sur la question des femmes chasseuses, je vais vous expliquer en quoi notre vision des femmes chasseuses a changé depuis Man the Hunter, en 1968, en ce qui concerne les sociétés de chasseurs-cueilleurs étudiées par l'ethnologie, du moins. 1/5 🔽🔽
Voici ce qu'on savait à l'époque de Man the Hunter :
- Les femmes chassent souvent de petits animaux, et c'est parfois d'ailleurs une activité qui leur est +- réservée.
- Les femmes participent à des chasses collectives, en tant que rabatteuses pour les plus grands animaux.
2/5
- Les femmes chassent parfois seules des grands animaux, comme des rennes, des phoques ou des cervidés.
3/5
L’agroforesterie, ce n’est pas seulement planter des arbres ou des haies pour améliorer la biodiversité, couper le vent, etc. C’est associer des arbres, sous toutes leurs formes, à des cultures, avec pour objectif un rendement accru.
Un thread arboricole 1/17
🔽🔽🔽
Planter des arbres ou des haies, c’est positif pour plein de raisons, mais ça peut avoir un impact négatif sur le rendement des cultures. L’idée de l’agroforesterie est que les arbres/haies plantés aient une productivité propre, qui dépasse la perte sur les cultures.
2/17
L’idée est d’avoir, en mélangeant judicieusement agriculture et foresterie, un rendement supérieur à ce qu’on aurait sur la même surface en séparant les deux. C’est la base même du concept d’agroforesterie.
3/17
Un jour, je vais entreprendre l'entreprise suicidaire de donner mon avis sur la division du travail (sexuée ou genrée) chez les chasseurs-cueilleurs récents, et au paléolithique. Je commence par poser là quelques liens.