Alexis Karklins-Marchay Profile picture
Essayiste, chroniqueur médias, conseil d'entreprises. Politique, économie, littérature, musique et... rugby. (Opinions personnelles uniquement). Instagram, 🦋

Aug 19, 2019, 25 tweets

Thread de vacances sur l’un des héros méconnus que le merveilleux Pays Basque a donnés à l’histoire. Connaissez-vous Juan Sebastian Elcano (ou Elkano), enfant de Getaria? Probablement pas. Et pourtant… 1/

2/ Elcano est tout simplement le premier homme à avoir fait le tour du monde. Eh non, ce n’est pas Magellan mais bien ce marin basque qui a conclu le voyage initié par le grand navigateur portugais, passé au service de la Couronne d’Espagne.

3/ Retour en Andalousie en 1519. Fernão de Magalhães (Fernand de Magellan), a convaincu le Roi Charles Ier (futur Charles Quint) grâce à des soutiens précieux à la Casa de Contratación et à sa belle-famille. Son projet : rejoindre les ïles Moluques par l’ouest.

4/ Ces îles d’Asie regorgent de ces épices tellement prisés en Europe que la rentabilité de ce commerce aiguise les plus grandes ambitions. Le voyage en passant par le Cap de Bonne-Espérance et l’Océan Indien s’avère toutefois très long. Pourquoi ne pas tenter par l’autre côté ?

5/ Magellan, navigateur émérite et habitué de l’Atlantique, préparait ce voyage depuis longtemps mais se heurtait à toute une série de difficultés : manque de moyens financiers, dissensions entre navigateurs, manigances du roi du Portugal…

6/ Toutefois, grâce à l’entremise de l’influent évêque Fonseca, il parvient à affréter cinq caraques, des bateaux réputés pour leur solidité. L’équipage se compose de 237 hommes. Les vivres sont prévus pour deux ans.

7/ Parmi les hommes, Magellan a la chance de compter le chroniqueur italien, Antonio Pigafetta. C’est lui qui tiendra le journal de bord et fera le récit du voyage. Pigafetta sera la mémoire de la première circumnavigation.

8/ L’explorateur peut aussi compter sur plusieurs marins Basques dont le très expérimenté Elcano. Ce dernier, né en 1476, a déjà conduit des navires marchands. Pourquoi se retrouve-il dans une aventure très risquée ?

9/ Parce qu’il n’a pas respecté un loi castillane interdisant la vente de bateaux à une puissance étrangère. Elcano a en effet été contraint financièrement d’en céder un à des Génois. Pour se faire pardonner, il décide d’embarquer avec Magellan.

10/ Le convoi quitte Séville en septembre 1519. En décembre 1519, les cinq navires atteignent les côtes du Brésil et mouillent dans la baie de Santa Lucia, devenue depuis la baie de Rio de Janeiro. Après 14 jours d’escale, les cinq navires reprennent la route du sud.

11/ Parvenus au Rio de la Plata, les marins croient avoir enfin trouvé le passage méridional de l’Amérique. Erreur, Il ne s’agit que d’un golfe créé par l’estuaire d’un fleuve. L’accès au Pacifique se fera bien plus bas…

12/ Les navires avancent toujours plus loin le long de l’Amérique et parviennent en Patagonie. Le temps est de plus en plus froid. Dans la baie de San Julian, Magellan décide d’hiverner. Nous sommes le 31 mars 1520. C’est alors qu’éclate la mutinerie de Pâques.

13/ Sceptiques sur l’existence d’un passage vers le Pacifique, inquiets de leurs chances de survie, une quarantaine de mutins, dont Elcano, se rebellent. Magellan parvient à garder le contrôle, fait exécuter les leaders mais pardonnent les autres marins.

14/ Il envoie alors en éclaireur un de cinq navires, le Santiago. Celui-ci fait malheureusement naufrage. Sans nouvelle, Magellan poursuit la route vers le sud avec les quatre autres navires. Le 21 octobre 1520, plus d’un an après son départ, il atteint enfin le bout du continent

15/ Traversant cette « Terre des fumées » qui sera rebaptisée Terre de Feu, les quatre bateaux naviguent entre les fjörds de Patagonie. Le San Antonio se mutine et son pilote, Gomes, convint son équipage de rebrousser chemin. Ce dernier arrivera en Espagne en mai 1521

16/ Le 28 novembre 1520, après un mois de navigation dans ce détroit qui porte désormais son nom, Magellan et les trois bateaux restants parviennent enfin dans cet océan qui paraît si calme qu’il le nomme « Pacifique ». La traversée du grand océan commence.

17/ Cette traversée de 3 mois ½ est en réalité interminable. Dépourvus d’eau potable et de nourriture, les hommes doivent manger les rats, le cuir des voiles et des soupes de copeaux de bois. Le scorbut sévit. Les équipages sont à bout.

18/ Touchant d’abord l’archipel hostile des Mariannes le 6 mars 1521, Magellan parvient enfin à se ravitailler et poursuit sa route. Il atteint les Philippines le 17 mars 1521. Il a réussi son pari et rejoint des terres atteintes par les Européens via l’Océan Indien.

19/ Malheureusement pour l’expédition, en cherchant à soumettre les populations locales, et notamment l’île de Mactan, Magellan et plusieurs de ses hommes trouvent la mort le 27 avril 1521, victimes de flèches empoisonnées.

20/ Confrontés à des tribus hostiles, réduits à 113 survivants, ayant perdu leur chef, les marins décident de continuer vers l’ouest. Elcano prend le commandement et décide de sacrifier l'un des trois navires, la Concepción.

21/ Les deux derniers navires, la Victoria et la Trinidad, longent Bornéo, traversent les îles indonésiennes et finissent par atteindre les Moluques en novembre 1521. Une fois chargés en épices, ils se préparent à regagner l’Espagne.

22/ Mais la Trinidad est victime de voies d’eau, ne peut prendre la mer et sera finalement arraisonnée par les Portugais. Sur le dernier des 5 navires, la Victoria, Elcano et 60 hommes quittent les Moluques en décembre 1521.

23/ Après une longue traversée de l’Océan Indien et la remontée de l’Afrique, Elcano arrive enfin en Andalousie le 6 septembre 1522. Ils ne sont plus que 18 hommes, dont le chroniqueur italien, Antonio Pigafetta.

24/ Au terme de ce voyage exceptionnel de trois ans, l’Espagne abandonne ses prétentions sur les Moluques mais fait des Philippines sa colonie en Asie. La deuxième circumnavigation n’aura elle lieu que 58 ans plus tard, effectuée par Francis Drake.

25/ Au final, l’histoire n’aura retenu que le nom de Magellan et non celui d’Elcano. Les Basques peuvent pourtant être fiers. C’est bien l’un des leurs qui aura réussi le premier tour du monde au prix d’efforts inouïs.
Gora Euskadi !

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