Maintenant que tous les partis politiques importants se sont ralliés à l'Euro et mis au diapason des électeurs, il est intéressant de se pencher sereinement sur les effets de l'Euro sur l'économie française.
Abordons tout d'abord quelques unes des réussites de la monnaie unique.
L'abandon du Franc correspond à une embellie historique de l'emploi dans le secteur privé: en 10 ans, le volume d'emploi augmente deux fois plus qu'au cours des années 60, pourtant fastes.
Plus précisément, jusqu'en 2008, l'emploi total a augmenté en France aussi vite qu'au Royaume-Uni
Côté salaires (secteur privé et entreprises publique) , les années 1998-2008 marquent la fin de l'austérité qui durait depuis... 1977.
Ces réussites économiques et sociales se déploient dans un contexte de sécurité monétaire qui permet d'obtenir des taux d'intérêt réels aussi bas qu'à l'époque du Général de Gaulle (ce qui est favorable à l'investissement immobilier et productif).
L'Euro couronne une stratégie de monnaie forte qui remonte à 1985.
Ô joie: ce que les dépréciations/devaluations de jadis n'obtenaient pas, le Franc fort puis l'Euro y parviennent: par rapport à 1970, la France enregistre un gain moyen de compétivité coût de 20%(courbe en gras)
Enfin, l'Euro ne se traduit par aucune dérive du taux de change puisque l'on voit qu'entre 1970 et aujourd'hui le taux de change effectif (moyen) de la France a été divisé par deux, ce qui a compensé la progression deux fois plus forte des prix en France (gdp implicit deflator).
NB: le tout est mesuré relativement à l'Allemagne
En éliminant les derniers obstacles à la circulation des biens et des capitaux et en permettant la comparaison directe des prix entre pays, l'Euro a contribué à la spécialisation si spectaculaire de l'industrie française dans le haut de gamme.
Pour obtenir cette "destruction créatrice",il a fallu une pression concurrentielle intense, comme l'indique l'écart croissant (de l'ordre de 40%) entre le ratio exports/PIB en volume et celui en valeur: concurrence=↘️du prix des biens exportés relativement aux autres biens du PIB
Pour info cet écart est + faible en Allemagne (de l'ordre de 30%) et + important en Italie (65%), ce qui montre que notre pays occupe une position intermédiaire dans la hiérarchie productive, car + l'écart est faible, plus les entreprises résistent à la concurrence par les prix
Les années 1995-2007 sont des années de financiarisation: en termes de distribution de dividendes la France se met au diapason des pays européens. C'est aussi ça le "monde de l'Euro", avec des effets sociaux problématiques (délocalisations, externalisations, flexibilité...)
On a évoqué plus haut la forte création d'emplois. Il faut la relativiser un peu:
-il s'agit aussi d'un rattrapage :le volume horaire total de travail retourne à sa norme historique
-les emplois résultent d'une baisse de la productivité plus forte que celle de la production
Par ailleurs, le commerce extérieur français connaît un effondrement spectaculaire
La période qui s'ouvre avec l'Euro correspond à une chute du commerce extérieur français parallèle à celle du poids de son PIB dans le monde. Un tel phénomène résulte de la mondialisation (ex:entrée de la Chine dans l'OMC).
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