[Thread] Chapitre trois de notre thread sur les états généraux de 1789 : Une agitation annonciatrice !
En plus des remises en question politiques profondes déjà évoquées, de l’endettement préoccupant de l’Etat, le royaume souffre d’une agitation populaire inquiétante.
Pour rappel, le chapitre 1 de notre thread, résumant le contexte large de notre affaire, se trouve ici :
Le chapitre 2, concernant l’ambiance à la Cour et les clans de la famille royale, se trouve ici :
En mars, les marins de Toulon se sont déjà révoltés jusqu’au crime à cause du retard considérable de leur solde.
En juillet de l’année précédente, d’incroyables orages grêleux avaient anéanti les moissons. Les caisses de l’Etat sont vides, la récolte mauvaise.
L’hiver 1788-89 est extrêmement froid, au point que la Seine est gelée entre fin novembre et la mi-janvier. Les vols se multiplient jusque dans le domaine du château de Versailles, mais le roi se montre clément. Cela n’empêche pas les prix du blé de grimper dangereusement.
La « populace » urbaine espère une rédemption par les E. généraux : « On s’occupe de plus en plus à soulever le petit peuple en lui faisant entendre que toutes les fortunes vont être bouleversées (..), que les riches rendant gorge, les pauvres non seulement ne paieront plus...1/2
2/2 ...mais jouiront (...) de la dépouille des grands, des évêques, des financiers, des gros propriétaires, des opulents capitalistes » (Bombelles).
Preuve qu’on n’a pas attendu les réseaux sociaux pour les rumeurs aux lourdes conséquences : le 23 avril, le fabriquant de papiers peints Réveillon déclare qu’on vivait mieux autrefois avec 15 sols de salaire qu’aujourd’hui avec 25-50 sols...1/2
2/2...Alors que leur patron dénonce l’inflation, les ouvriers croient qu’il compte baisser leur revenu, et pillent la fabrique les 27 et 28 avril. Ils sont ensuite matés par la force : 300 victimes au total, jour le plus sanglant avant août 1792... La célèbre Affaire Réveillon.
La Cour subit également la loi des rumeurs, entre l’affaire du Collier (1785) qui a laissé des traces indélébiles dans l’esprit populaire contre la reine, et les habituelles exagérations sur les fastes de la Cour.
Les chansons satiriques, les périodiques, journaux et pamphlets explosent - naturellement - à ce moment-là, à cause des libertés accordées en novembre 1788 à la presse par le roi lui-même. Le marquis de La Maisonfort vocifère : 1/2
« Paris était inondé de brochures. L’autorité semblait les encourager en en permettant la publicité. Elle ne savait où était l’opinion et pour la trouver elle la laissait se manifester de toutes parts ».
Toute ressemblance avec des médias contemporains est purement fortuite :
Une de ces brochures est signée par l’abbé Sieyès, « Qu’est-ce que le Tiers ? », qui annonce la couleur des débats à venir :
« Qu’est-ce que le tiers état ? Tout. Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique ? Rien. Que demande-t-il ? À y devenir quelque chose ».
Dans d’autres papiers, on demande des réformes pour le moins osées : plafonnement des dépenses de l’Etat, régularité des états généraux, consentement nécessaire de ces derniers pour créer un impôt, suppression des lettres de cachet, plus grande liberté de la presse...
Le roi semble pris au piège : plus il accorde, plus on lui réclame. Calonne l’avait prévenu en 1788 : « N’est-ce pas (...) provoquer de nouvelles prétentions (...) ? (...) Que vous reste-il à sacrifier ? »
À l’aube des États généraux, le roi demeure bienveillant :
La popularité de Louis XVI semble fragile. Son ancien ministre ajoute, prophétique : « Tout ce qu’on aura fait contre l’ancien usage, (...) n’aura servi qu’à choquer les deux premiers ordres, sans contenter le troisième ».
Entre Necker, qui veut lâcher du lest aux revendications nouvelles, et son frère le comte d’Artois (futur Charles X), Louis XVI hésite.
Il pense de toute façon que les députés viennent à Versailles dans un esprit constructif et soucieux de l’intérêt général.
Ils arrivent :
Fin de notre troisième fil ! Le suivant parlera de la préparation de cette immense réunion, durant laquelle le roi commit une erreur, sans laquelle la monarchie aurait pu peut-être perdurer.
Chapitre IV :
Share this Scrolly Tale with your friends.
A Scrolly Tale is a new way to read Twitter threads with a more visually immersive experience.
Discover more beautiful Scrolly Tales like this.