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Sep 20, 2020, 19 tweets

[THREAD #UnPaysQuiSeTientSage] ⤵️

Je vais vous parler du film de David Dufresne que j'ai eu l'occasion de découvrir en avant-première hier soir à #Poitiers. Rapide contexte et mon avis d'amateur sur un film inédit. 1/18

Fin 2018, rapport aux mouvements contestataires des #GiletsJaunes, je découvre une flopée de journalistes, notamment David Dufresne, grand connaisseur du maintien de l’ordre. Ce dernier se lance dans une compilation des faits les plus marquants des violences policières. 2/18

Au fil des actes qui s’égrènent, le décompte des citoyens mutilés ne cesse d’augmenter et le journaliste qui consigne méticuleusement des preuves rend visible quasi un millier de violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique (= violences policières). 3/18

En deux ans, je passe en revue ses articles relayés par @Mediapart. Je lis Dernière sommation, roman dépeignant une société française qui sombre dans une "démocrature" inquiétante et extrêmement réaliste. Je l’écoute dans ses diverses interventions sur les internets. 4/18

David Dufresne a débuté sa carrière à Poitiers, alors forcément quand je découvre qu’il revient pour présenter en avant-première son dernier film UN PAYS QUI SE TIENT SAGE, je ne peux pas louper cette occasion. 5/18

Parlons de la projection. Dès les premières minutes, on comprend assez vite que le film ne se contentera pas d’être un catalogue des violences policières vues sur les réseaux sociaux via les captures vidéos des manifestants et des journalistes indépendants. 6/18

En effet, le film est conduit par une narration habile et un montage intelligent. Cette narration est portée par les différents protagonistes qui apparaissent tour à tour et se confrontent devant nous, sans que l’on sache précisément qui ils sont. 7/18

Le gommage des noms des protagonistes est d’ailleurs un choix judicieux puisqu’il renvoie tout le monde sur le même plan. On écoute et on se fait une idée, plutôt que l’inverse. Mention spéciale à Monique Chemillier-Gendreau. Quelle dame. Une découverte. 8/18

Mais les autres ne sont pas en reste. Autant de face à face qui joue sur le dissensus avec parfois des connivences, parfois des postures, mais jamais superflu car toujours au service de la narration. Le duo composé par Damasio et Jobard= on les écouterait pendant des heures. 9/18

Un « cinéma du réel » tel que définie par une spectatrice au moment du débat. Et il est vrai que cet objet cinématographique fait de cadrages simples, sincères et douloureux aussi, vous transportera à mi-chemin entre l’esthétisme du 7ème et la brutalité du réel. 10/18

Des plans immersifs dont le plus beau du film après ce visionnage est pour moi celui placé juste avant le déchainement de violences dans le Burger King. Où l’on voit une rue plongée dans la nuit, emplie des volutes de fumée des lacrymos et 3 couleurs ressortent : 🇫🇷 👇 11/18

Du simple point de vue esthétique, le film est joliment construit. Épuré de tout ce qui pourrait être superficiel. Jusqu’au nom des protagonistes, écrit en minuscule. Se succède un contraste entre la "simplicité" des mots et la brutalité urbaine grouillante de détails. 12/18

Alain Damasio qui évoque le panoptique, la société de contrôle, la violence légitime, la révolution technologique du smartphone et l’usage citoyen qui en est fait, forcément ça se boit comme du petit lait. Il a tout à fait sa place dans ce film. 13/18

Même constat avec Fabien Jobard. Il met du sens sur les scènes de violence, relativise la médiatisation d’une violence dite "inouïe" par les commentateurs tv. Son analyse de la stratégie préventive de la Russie versus les débordements dans les rues en France est excellente. 14/18

À l'image du visuel, la bande sonore est sans apparat. Il n’y a aucune musique. Mais on sent que pour rendre audible dans une salle de ciné ce qui provient de la qualité sonore d’un smartphone ou de tout autre appareil de capture, un travail important a été effectué. 15/18

En résumé, ce n’est pas un film sur le maintien de l’ordre, mais sur la légitimité de la violence dans un état de droit. Le point de départ ? Une citation de Weber galvaudé par les dominants et dont tout le film cherchera à déconstruire pour lui rendre son sens premier. 16/18

Le film est bouleversant parce qu’il inscrit dans le marbre de la pellicule numérique ce que nous avons pris pour habitude de scroller. Difficile de ne pas avoir les tripes retournées en écoutant le récit révoltant de cette femme vivant dans une banlieue du nord d‘Amiens. 17/18

Quiconque qui se montre soucieux de notre état de droit DOIT IMPÉRATIVEMENT aller voir ce film d'utilité publique. Je pèse mes mots. Ce n'est pas un film sur le maintien de l'ordre, c'est un film sur notre avenir en commun et celui de nos enfants. 18/18

MERCI @davduf !🙏
Merci aussi d'avoir répondu à ma question, j'étais le deuxième spectateur en hoodie bleu [/fanboy off]😅

Et merci aux lanternes de notre République, citoyens croisés sur Twitter, apparaissant dans le film : @T_Bouhafs @GaspardGlanz @LarrereMathilde @AA_Avocats

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