Comme d’autres mouvements sociaux, les GJ refusent de se placer sur l’axe droite-gauche. Peut-on inférer leur position sur cet axe en utilisant leurs traces numériques? D’autres axes idéologiques sont-ils plus pertinents pour rendre compte du mouvement?
Une étude co-signée médialab @SciencesPo_CEE & @umr_lisis exploite l’espace idéologique issu de Twitter pour positionner des articles de médias en ligne et enfin des groupes Facebook GJ partageant ces mêmes URLs : statistique-et-societe.fr/article/view/8…
Cette spatialisation idéologique permet de positionner un grand nombre de comptes Twitter d’utilisateurs liés à la politique française. Mais comment donner un sens aux axes? De quoi sont-ils des indicateurs?
Pour répondre à cette question, la position des comptes Twitter de parlementaires est examinée pour identifier deux clivages structurants du réseau social en ligne: les positions par rapport à la droite et la gauche, et les positions par rapport au pouvoir et aux institutions.
Si on observe la citation des médias par ces utilisateurs Twitter, on peut cartographier l'écosystème médiatique français : Le Monde au centre-gauche, Le Figaro au centre-droite, Les Échos proche du pouvoir, parmi près de 20000 médias et sites web cités.
Le mouvement social GJ s’est principalement déployé sur Facebook. Ainsi l'équipe de recherche a identifié manuellement les 892 groupes PUBLICS les plus actifs parmi les groupes GJ sur FB et extrait 9 755 214 posts.
En examinant les sources qu’ils citent, on peut estimer leur position dans notre espace idéologique au cours du temps:
- les groupes GJ sur FB se déplacent de droite à gauche,
- le mouvement est caractérisé par une opposition constante au pouvoir.
La construction de cet espace idéologique latent est un instrument particulièrement éclairant pour identifier aussi d’autres caractéristiques des Gilets Jaunes.
Le second papier “Atlas multiforme d’un mouvement social” s’y attache: statistique-et-societe.fr/article/view/8…
@CaterinaFroio @PedroRamaciotti @jphcoi @metinefendie Bilel Benbouzid @boogheta @Karmacoma @Yomguithereal ont localisé les groupes Facebook et leurs activités pour montrer leur intensité plus grande dans les villes de taille moyenne (et très faible dans le Grand Paris).
L’étude du contenu de 9 millions de posts montre comment les débats initiaux sur l’immigration ont progressivement été remplacés par d’autres sujets tels que l’énergie, le RIC, puis la violence policière.
A partir d’une catégorisation des sources de médias (issue de travaux antérieurs : medialab.sciencespo.fr/productions/20… ), on note que si les GJ ont plus fréquemment partagé des liens vers des médias “politisés”, ils citent principalement des médias mainstream.
Les articles provenant de sites de contre-information (radicaux, souvent d’extrême-droite) représentent une proportion très faible des citations.
Projeté sur l’espace idéologique latent, le partage des différentes catégories de médias témoigne de la diversité des composantes idéologiques du mouvement.
Ce que les données numériques permettent de faire apparaître au final c’est la diversité idéologique d’un mouvement dont Facebook a été le principal lieu d’expression et qui s’est construit avec et contre les médias mainstream.
Cette recherche quantitative doit être complétée par d’autres enquêtes de terrain plus qualitatives (voir cairn.info/revue-politix-… pour une bonne introduction)
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