🇸🇦ARABIE SAOUDITE & CYCLISME🚴♀️
Aujourd'hui débute le Saudi Tour, la 2e édition de l'épreuve cycliste du Tour d'Arabie Saoudite.
Une jeune compétition sportive qui poursuit les objectifs géopolitiques de la pétromonarchie saoudienne grâce au soft power sportif.
THREAD ⤵
Le Saudi Tour s'élance avec un plateau alléchant de sprinteurs (Gaviria, Ewan, Bennett)
Et en toile de fond 2 objectifs géopolitiques :
- une compétition pour la suprématie régionale
- la valorisation des paysages saoudiens dans un contexte de diversification de l’économie
Les pays du Golfe persique sont devenus au fil de ces dernières années des acteurs importants du sport.
L'Arabie Saoudite n'est pas en reste puisqu'elle est rentée un peu plus dans cette compétition en rachetant octobre dernier le club anglais de Premier League de Newcastle.
Sur ce terrain, la pétromonarchie tente de rattraper son retard sur ses deux rivaux :
les Emirats Arabes Unis, qui a investit dans Manchester City en 2007
et surtout le Qatar, propriétaire du PSG organisateur de la prochaine Coupe du Monde 2022
L'Arabie Saoudite s'est donc rapidement mis dans cette course pour concurrencer ses voisins, affirmer sa puissance et aussi changer son image grâce au sport.
Depuis 2019, l'Etat saoudien a notamment organisé les Supercoupes d'Italie et d'Espagne et aussi le rallye Dakar.
Une compétition qui se poursuit dans la sphère cycliste cette semaine avec le départ de la 2e édition du Saudi Tour (1er au 5 février)
Epreuve classée 2.1 au calendrier UCI et véritable rampe de lancement pour certains des meilleurs sprinteurs du monde.
Mais aussi formidable vitrine pour l'Arabie Saoudite qui verra ses paysages "cartes postales" exposés à des millions de téléspectateurs dans le monde entier.
Une aubaine dans ce contexte de soft power sportif auquel s’adonnent les trois protagonistes du Golfe persique dans le milieu du cyclisme.
Le Qatar 🇶🇦 fut le premier à réellement dégainer en obtenant l’organisation des Mondiaux de cyclisme en 2016.
Les Emirats Arabes Unis 🇦🇪 (EAU) ont ensuite pris les devants :
- mise en place en 2017 de l'équipe UAE Team Emirates aux couleurs du pays
- organisation de la course cycliste UAE Tour (fusion du Tour d’Abou Dhabi et du Dubaï Tour)
Quant à l'Arabie Saoudite, elle organise son Tour national pour la 2e fois seulement après 2019.
Un retard certain par rapport à ses concurrents contrebalancé par le fait que l'Etat saoudien joue l'offensive en multipliant les investissements dans le sport depuis 2019.
Pour l'Arabie Saoudite, les choses bougent à partir de 2015, date à laquelle le roi Salmane a accédé au trône du Royaume saoudien.
Il a donné les clés du pays à un homme pressé et ambitieux :
Son jeune fils, Mohammed ben Salmane, surnommé MBS.
Depuis qu'il est aux commandes, MBS a à cœur de faire de l'Arabie Saoudite une grande puissance régionale du Moyen-Orient, notamment vis à vis de l'Iran et du Qatar, et aussi d'en faire un Etat moderne.
Quitte à utiliser des méthodes offensives, voire très agressives.
En témoigne 2 événements qui vont considérablement détériorer l'image de la pétromonarchie à l'international :
- L’intervention militaire controversée et meurtrière au Yémen lancée en 2015
- L'assassinat du journaliste critique Khashoggi au consulat saoudien d'Istanbul en 2018
Les tensions diplomatiques entre Qatar et l'Arabie Saoudite quant à elles sont électriques.
L'émirat qatari, indépendant en 1971, a été sous influence de la monarchie saoudienne jusqu'en 1995.
Une influence que cherche à remettre en place MBS.
La crise bascule en 2017 lorsque l'Arabie Saoudite et ses alliés rompent leurs relations diplomatiques avec le Qatar et lui impose un blocus.
L'Etat saoudien reproche alors à l'émirat de financer des organisations terroristes et ses liens avec l'Iran.
Cependant le blocus ne va pas impacter l'économie et les investissements sportifs du Qatar.
Pire encore, cela va détériorer l'image de la pétromonarchie saoudienne, déjà ternie par la guerre au Yémen et l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.
L'Arabie Saoudite va alors tenter de redorer son blason, tout en concurrençant les autres puissances du Gofle, sur un terrain qu'elle n'a pas encore investi :
Celui du sport.
Des investissements dans le sport qui vont concourir aux objectifs du pays avec son plan Vision 2030 :
- diversifier l'économie
- renforcer les services à la population
- investir dans des secteurs clés (développement durable, nouvelles technologies, tourisme)
Notamment le tourisme.
Avec 20 millions de touristes en 2019, Ryad compte bien quintupler ce chiffre pour atteindre 100 millions en 2030.
Un objectif ambitieux que le Saudi Tour doit servir.
mise en avant de ses nombreux sites touristiques : la Mosquée de la Mecque, mais aussi plusieurs sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco, comme la cité d’Hégra ou le site d’AlUla, point d’ancrage du Saudi Tour 2022.
Avec une arrivée en altitude (après une ascension de 4 kilomètres, dont 1,5 km à 22%) au Skyviews de Harrat Uwaryid lors de la 4e étape, et une ultime boucle autour de cette oasis lors de la 5e étape, le spectacle sera sans contestation au rendez-vous.
Ryad a d’ailleurs confié, en 2018, le développement de ce site somptueux à la France.
Rien de surprenant alors à ce que le Saudi Tour, confié à l'organisateur d'événements sportifs ASO qui gère aussi le Tour de France, ne le mette en valeur.
Une preuve encore, s’il en fallait une, que la géopolitique est bien ancrée dans le calendrier cycliste.
Surtout quand on sait que fin février se déroulera également le Tour des Emirats Arabes Unis 🇦🇪
🇸🇦FIN🚴♀️
Un article réalisé avec la team @VeloFute et dont vous pouvez retrouver l'article plus en détail sur leur site
velofute.com/post/le-saudi-…
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