🧶 Les #Landes en feu
Le dérèglement climatique favorise sécheresses, canicules et feux de forets.
Cependant, le premier problème des Landes, on l’oublie souvent, c’est qu’il s’agit d’une monoculture intensive géante de pins.
La préfecture de Gironde, vendredi 15 juillet, faisait état de 3.150 hectares brûlés à La Teste-de-Buch (une voiture électrique en serait la cause) et 5.000 à Landiras (cause inconnue).
La forêt de La Teste-de-Buch dispose d’un statut particulier qui date du moyen-âge : il faut l’accord des 500 propriétaires pour prendre une décision. Face aux risques d’incendie, la préfecture avait ordonné des travaux d’aménagement en urgence qui n’ont jamais eu lieu.
L’ONF ne gère que 10% de la forêt landaise, le reste est divisé en 40.000 parcelles exploitées par des propriétaires privés qui y développent pour la plupart une sylviculture intensive profitable mais inflammable et mortifère.
@Canopee_asso :
Le massif forestier landais n’a rien d’une forêt : son million d’hectares est quasi exclusivement fait de monocultures intensives de pin.
La pinède appréciée des vacanciers est une zone artificielle, pauvre en biodiversité et uniquement destinée à enrichir les propriétaires.
Du 18 au 19e siècle, le massif landais était une région dévolue à la forge et l’agropastoralisme, faite de landes communales, de marécages et de forêts biodiversifiées, et peuplé des fameux bergers landais, nomades et solitaires, juchés sur des échasses.
La colonisation, la privatisation et la transformation des Landes ont été lentes mais inexorables. Au 18e siècle, des investisseurs tentaient déjà de s’enrichir en exploitant cette terre marécageuse en plantant du riz, des arachides, du tabac, sans succès. journals.openedition.org/confins/6351
La loi du 19 juin 1857, soutenue par Napoléon III, oblige communes et propriétaires à assainir et ensemencer les Landes avec des pins pour assécher les marécages, développer la sylviculture et répondre aux besoins de l’Empire et du capitalisme industriel.
Sur fond de baisse de la population locale, et comme en Amazonie avec le caoutchouc, des travailleurs exploités entailleaient le tronc des pins pour en recueillir la résine, matière première d’une industrie chimique balbutiante.
Les bergers, déjà très pauvres, n’ayant plus d’espace pour faire paître leurs bêtes, se révoltent et mettent le feu aux monocultures naissantes, mais se transforment peu à peu en résiniers. De janvier à octobre, ils piquent les arbres. Durant l’hiver, ils entretiennent les pins.
De nombreuses grèves ont lieu jusque dans les années 1930. José Cubero raconte en détail l’Histoire des âpres luttes syndicales du prolétariat agricole dans Les Landes contre les propriétaires capitalistes.
Mais la résine des pins landais se vend de plus en plus mal au début du XXe siècle, concurrencée par celle venue de Pays à la main d’œuvre moins chère, comme le Portugal.
Cette Ă©poque est Ă©galement celle des premiers grands incendies dans le massif landais.
Du 19 au 25 août 1949, Les Landes sont ravagées par l’un des incendies les plus meurtriers de France : 82 personnes meurent en tentant d’arrêter les flammes. Bordeaux, couverte de cendre, est plongée dans la nuit.
52.000 ha dont 25.000 de pinède ont brûlé.
La forêt sera ensuite à nouveau replantée uniquement avec des pins pour servir de bois d’œuvre, sans tenir compte du risque d’incendie devenu évident ni de l’importance de respecter les écosystèmes locaux et de préserver les pratiques et savoir faire ancestraux.
Peu à peu émerge la plus grande forêt industrielle d’Europe occidentale en même temps que disparaissent les communautés locales traditionnelles et que s’appauvrissent drastiquement les écosystèmes.
Aujourd’hui, pour débroussailler leurs parcelles, les sylviculteurs utilisent du glyphosate pour exterminer la petite végétation.
Après l'épandage, il ne reste plus qu'un tapis de branches mortes, tout est cramé sous les pins : fougère, bruyère, molinie…
La filière bois des Landes représente 30.000 emplois et de juteux bénéfices pour les propriétaires qui intensifient toujours plus la production.
Il y a 30 ans, on plantait un arbre pour qu'il devienne adulte à 60ans. Désormais les industriels les font arriver à maturité à 35ans.
La sylviculture pratiquée sur le massif est dite « régulière ». Elle consiste à laisser pousser les pins, en favorisant les plus rentables grâce à des éclaircissements périodiques, puis lorsque les arbres sont adultes, à faire une coupe rase. lemonde.fr/planete/articl…
Les scientifiques soulignent depuis des années les dégâts inhérents à la monoculture et à une pratique intensive : fragilisation face aux maladies, aux insectes nuisibles, aux tempêtes, aux incendies… theconversation.com/amp/incendies-…
Les feux de forêt se propagent plus facilement dans les forêts dominées par les conifères que dans les forêts mélangées associant des conifères à des essences feuillues, moins inflammables. Même constat par rapport au tempêtes.
Au lendemain des deux grandes tempêtes qui, en 1999 et 2009, ont dévastées la forêt landaise, les monocultures de pins sont à nouveau replantées sous la pression des exploiteurs capitalistes.
En France, 17 millions d’hectares soit 30% du territoire métropolitain sont des champs d’arbres qui subissent chaque année en moyenne 4.000 incendies détruisant en moyenne 11.000 hectares, en grande majorité dans la moitié sud du pays.
Il existe en France métropolitaine seulement 7.500 ha de forêts qui, bien qu’impactées par l'Homme à un moment de leur histoire, sont néanmoins exemptes de toute exploitation de bois depuis au moins 50 ans. Seuls 1.200 ha bénéficient d'une protection stricte.
Ces derniers bouts de forêts dans les Pyrénées et les Vosges abritent des peuplements mâtures, présentant de vieux arbres et du bois mort en quantité importante assurant la survie de la biodiversité forestière (insectes, oiseaux, mammifères, champignons, lichens, etc.)
Le prix moyen d’un ha de forêt est de 4.190€ (jusqu’à 12.000€). L’achat permet de bénéficier d’un avantage fiscale à hauteur de 75% de la valeur du bien si l’acquéreur adopte un « plan de gestion durable » (développe une sylviculture intensive à long terme).
Ces avantages fiscaux ont pour but de favoriser l’accaparement des forêts par des investisseurs fortunés et d’encourager leur transformation en monocultures intensives de résineux (dont la croissance est + rapide que celle des feuillues). capital.fr/votre-argent/b…
Dans la forêt des Landes moins de 2000 propriétaires possèdent 45% du territoire. Les propriétés de plus de 500ha appartiennent à moins de 200 propriétaires qui détiennent 25% de la surface boisée. Ils développent pour la plupart la monoculture intensive. inrae.fr/sites/default/…
Ce fil concerne la forêt des Landes (1 million d’ha, 84% de pins, 10% de chênes) située dans la région des Landes de Gascogne : 1,4 million d'ha (en majorité des monocultures de pins et de maïs) répartie sur 3 départements : la Gironde, les Landes et le Lot-et-Garonne.
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