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Oct 7, 2022, 25 tweets

🧶 Leonard Peltier et les mouvements de résistance Sioux.

#DecolonizationOrExtermination

🎥 Nabahe | @The_Red_Nation

Des institutions comme l’@UN et le @Europarl_EN, des ONG comme @amnesty et des associations autochtones comme @The_Red_Nation appellent à la libération du plus vieux prisonnier politique des États Unis : Leonard Peltier, 78 ans, Sioux/Oglala, emprisonné depuis 1977.

Bien que sa culpabilité n’ait jamais été démontrée, Leonard Peltier a été condamné à perpétuité pour le meurtre de 2 agents du FBI lors d’une fusillade en 1975 dans la réserve de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud, qui prend place dans un contexte bien particulier.

Les Sioux (ou Lakotas) occupaient de manière semi-nomade les plaines du Nord lorsqu’ils rencontrèrent les trappeurs français vers 1640, dont les descendants franco-Sioux sont nombreux, puis les anglo-saxons contre qui ils entrent en guerre vers 1830.

🟢 Avant 1770
🟠 Aujourd’hui

En 1868, les Sioux signent le traité de Fort Laramie avec les US qui visait à les sédentariser dans une réserve et à les convertir au christianisme et à l’agriculture commerciale. En 1874, de l’or est découvert dans les Black Hills, terres sacrées des Sioux, aussitôt exploitée.

Cernés et spoliés de toutes parts, les Sioux pratiquent la guérilla menée par Sitting Bull et Crazy Horse, et la ghost dance, un rituel communautaire qui inspirait des articles alarmistes dans la presse justifiant la guerre et les massacres.

🎥 Bury My Heart at Wounded Knee

En 1890, à Wounded Knee, un Sioux aurait contesté l’autorité des soldats qui fouillaient les tipis et interdisaient les rituels. Ces derniers ont abattu près de 300 Sioux ; hommes, femmes et enfants, un massacre qui reste aujourd’hui un profond traumatisme radiofrance.fr/franceculture/…

Dans les 1970´s, la réserve de Pine Ridge, territoire des Sioux/Oglala, était sous l’autorité d’un Conseil tribal corrompu dirigé par Richard Wilson et contrôlé par des multinationales qui s’accaparaient et exploitaient ces terres riches en ressources.

En 1973 a eu lieu dans la réserve de Pine Ridge un événement déterminant auquel a participé Leonard Peltier : l’occupation par 200 Sioux du village de Wounded Knee, du 27 février au 8 mai, lors de laquelle ils prirent onze otages.

Les Sioux réclamaient le respect de leurs droits prévus par les traités nationaux et internationaux, et s’opposaient à l'extraction d'uranium et de gaz. Ils déclarent l’indépendance du territoire et organisent la résistance avec des cantines communautaires et un hôpital autogéré.

Plus de 2.000 policiers fédéraux cernent la localité et organisent un blocus. La présence de médias et le caractère symbolique de Wounded Knee rendent l’assaut impossible pour l’administration américaine. Mais le 8 mai, acculés et sans ressources, les leaders se rendent.

Suite à cette occupation, le chef du Conseil tribal va régulièrement terroriser les Sioux en envoyant sa milice de paramilitaires brûler les villages. D’après @amnesty, entre 1974 et 1975 plus de 60 Sioux de Pine Ridge ont été tués par cette milice, sans conséquences judiciaires.

Pour reconstruire leurs villages et rétablir la sécurité publique, les Sioux sollicitent l’aide de l’American Indian Movement (AIM), un mouvement pour les droits civiques des autochtones fondé en 1968 dans la lignée du Black Panthers Party.

A l'époque, l'AIM est en plein essor et participe à l’organisation d’opérations coup de poing comme l’occupation de l'ancienne prison d'Alcatraz (1969), celle du quartier général du Bureau des affaires indiennes (1972), et bien sur celle de Wounded Knee (1973).

Le 26 juin 1975, Jack R. Coler et Ronald A. Williams, deux agents du FBI pénètrent dans la réserve de Pine Ridge à la recherche d'un suspect, Jimmy Eagl, recherché pour vol. Mais les Sioux n’acceptent pas cette intrusion et font barrage.

Une fusillade éclate. Selon les témoins, les policiers ont ouvert le feu et les autochtones ont répliqué. Les deux agents fédéraux sont tués, ainsi qu’un activiste de l’AIM, Joe Killsright Stuntz – fait qui n’a conduit à aucune enquête.

Pour le meurtre des policiers, trois personnes sont inquiétées. Dino Butler et Bob Robideau, des dirigeants de l’AIM, arrêtés puis acquittés pour légitime défense, et Leonard Peltier, condamné à deux peines de prison à perpétuité.

Lors du procès, des témoins ont subi des pressions, un témoin s’est rétracté mais n’a pas été autorisé à comparaître pour le faire savoir, des preuves à décharge ont été dissimulées par le FBI, une jurée a admis avoir un préjugé défavorable en raison de «la race» de Peltier, etc.

En 1981, ses avocats ont obtenu la déclassification d'une partie des documents dissimulés par le FBI, dont un rapport balistique qui prouve que l'arme de Leonard Peltier n'est pas celle du crime. La justice a reconnu certaines irrégularités sans lui accorder de nouveau procès.

Leonard Peltier semble victime du Counter Intelligence Program (Cointelpro) un programme de surveillance du FBI visant les opposants politiques et les mouvements révolutionnaires comme l'AIM. eff.org/fr/deeplinks/2…

Malgré un comportement exemplaire, il est placé à l'isolement. Il souffre de problèmes de santé. Ses conditions de détention n'arrangent pas les choses : il est régulièrement passé à tabac par des codétenus et ses geôliers lui refusent l'accès à ses médicaments contre le diabète.

Amnesty International dénonce les irrégularités de la procédure judiciaire qui a abouti à la condamnation de Leonard Peltier et appelle les autorités des États-Unis à requérir sa libération pour raisons humanitaires et dans l'intérêt de la justice. amnesty.fr/actions-mobili…

Il pourra demander sa libération conditionnelle en 2024, il aura alors 80 ans, mais cette procédure et les frais d’avocat coûtent trop cher - 250.000$. Reste la clémence présidentielle mais le FBI exerce de fortes pressions pour que l’administration le laisse mourrir en prison.

Six fois nominé pour le prix Nobel de la Paix, Leonard Peltier a reçu lors de sa détention le soutien de personnalités comme Nelson Mandela, Desmond Tutu et le sous-commandant Marcos, des Parlements européen, belge, italien et du Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l’ONU.

Toute sa vie, Leonard Peltier n'aura de cesse de lutter par ses textes et ses peintures contre les oppressions, les inégalités, les injustices et le racisme. Il rappelle que les amérindiens passent en moyenne 7 fois plus de temps en prison que les autres groupes ethniques.

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