1 - On parle beaucoup des « superprofits » des énergéticiens… mais saviez-vous que les banques européennes pourraient engranger jusqu’à 100 milliards de profits en un an grâce à la BCE si cette dernière ne change pas son fusil d’épaule ce jeudi ? Explications ⤵️
2 - Pendant la crise sanitaire, la BCE a proposé des prêts à long terme aux banques à des coûts très avantageux à condition qu’elles continuent de prêter aux entreprises et aux consommateurs de la zone euro. Ce sont les « TLTRO », dans le jargon.
3 – Il est vrai que les banques européennes étaient entrées dans la crise avec un très faible niveau de profitabilité, en comparaison notamment de leurs voisins américains…
4 – …et que la politique de taux négatifs de la BCE risquait d’aggraver la situation. Ces prêts bonifiés étaient une forme de compensation.
5 - Avec les TLTRO, les banques pouvaient emprunter des fonds à la BCE à un taux très favorable pouvant aller jusqu’à – 1 %, alors même qu’elles pouvaient déposer ensuite leurs liquidités excédentaires auprès de la BCE à un taux de – 0,5 %. C’était donc une subvention implicite.
6 - Sans surprise, l’opération a été un grand succès : les montants empruntés s’élèvent à près de 2 100 milliards d’euros…
7 - …et les financements ainsi obtenus ont d’abord servi à prêter aux acteurs de l’économie européenne, tout en préservant la profitabilité des banques.
8 - Le problème, c’est que ce petit « coup de pouce » au secteur bancaire en période de crise risque de se transformer en « superprofits massifs » du fait de la remontée des taux d’intérêt.
9 - En effet, le taux auquel la BCE rémunère les liquidités que placent les banques auprès d’elle est passé de – 0,5 % à + 0,75 % en quelques mois et devrait rapidement grimper à 2 % d’ici la fin de l’année pour freiner l’inflation.
10 - Or, le coût des financements LTRO n’augmentera que très progressivement, créant ainsi une opportunité de profit très facilement exploitable par les banques, qui pourront se contenter de replacer les liquidités auprès de la BCE à 2 % (ou +) et d’empocher le différentiel.
11 - Conséquences ? D’après les estimations convergentes de @fwred, @LouisHarreau ou encore Goldman Sachs, les profits sur un an pourraient s'élever à près de 100 milliards d’euros à l’échelle de la zone euro, dont une 20aine de milliards pour les banques françaises.
12 - Pour ne pas subventionner les banques européennes au-delà du raisonnable, la BCE devrait donc annoncer ce jeudi des changements permettant de limiter ces gains.
13 - Problèmes ? Des modifications rétroactives des conditions des TLTRO entraîneraient des risques juridiques et menaceraient la crédibilité de cet instrument.
14 - En outre, les banques ne détiennent pas forcément autant de liquidités excédentaires qu’elles ont obtenu de financements LTRO – en particulier en Italie. Forcer les banques à un remboursement anticipé pourrait donc déstabiliser certains systèmes bancaires.
15 - Fort heureusement, de nombreux systèmes intermédiaires sont possibles – par exemple mettre en place un système à palier dans lequel les banques seraient forcées de placer une fraction de leurs excédents de liquidité à 0 % auprès de la BCE. pictet.com/fr/fr/insights…
16 - Il sera en tout cas important de regarder l’effet du mécanisme choisi sur les « superprofits » anticipés des banques. Les mécanismes envisagés par @LouisHarreau permettraient par exemple de les réduire de moitié.
17 - Le cas des TLTRO illustre plus largement les difficultés pour les banques centrales à piloter leur « volte-face » monétaire, dans un contexte où leur bilan s’est fortement accru. Merci aux #ECBWatchers de nous permettre d'y voir un peu plus clair !
🏁 Follow up : la BCE a choisi l’option la plus radicale (et la plus risquée juridiquement) pour limiter les bénéfices potentiels des banques en modifiant rétroactivement le coût des TLTRO… qui devraient donc rapidement être remboursés !
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