Thread by @clemrenard_

🧵 Vous avez dit ‘démocratie’ ?

Le progrès démocratique est inextricable du progrès social et écologique. Il en est la condition même.

Quelques réflexions dans ce fil.

La situation politique est dans une impasse. Les partis de gauche sont minoritaires. Le syndicalisme n’est plus assez fort pour arracher des conquis sociaux. Le mouvement écolo reste faible et certaines organisations renoncent même à la désobéissance civile.

Les revendications des #GJ en faveur du RIC et de la démocratie directe, et celles des militants #FI pour la convocation d’une Assemblée Constituante, montrent une forte volonté populaire de faire progresser la démocratie et notre système politique. socialter.fr/article/gilets…

Au delà des divergences partisanes, une question cruciale doit se poser : voulons nous vraiment, en tant que peuple de France et citoyen•nes du monde, persister dans la démocratie représentative, ou voulons nous construire une démocratie directe, une démocratie réelle ?

1. Démocratie représentative

La représentation, en Monarchie comme en République, est un gouvernement par des élites qui ne sont pas strictement tenues de réaliser les vœux de leurs mandants, et susceptibles de détourner la souveraineté populaire au profit de leur classe sociale

Lors de la fondation des premières Républiques modernes à la fin du 18e siècle, les bourgeois qui encadraient les Révolutions n’ont même pas proposé d’instaurer la démocratie directe et ne se disaient pas “démocrates” – terme qui évoquait le chaos et la tyrannie des pauvres.

Certes, le passage de l’aristocratie monarchiste à l’aristocratie élective, de la sélection à l’élection, et l’institution d’une compétition ouverte pour les pouvoirs exécutifs et législatifs, ont représenté un tournant crucial dans la construction de la représentation politique.

Cependant, la représentation politique est une violation de la souveraineté populaire qui s’appuie sur l’irrévocabilité des élus, la réduction de la politique aux partis, et le verrouillage de la démocratie par des Élites conscientes de leur classe et qui la reproduisent.

Au bout du compte, la démocratie représentative s’est construite comme un régime élitiste intégré à une oligarchie capitaliste.

Et pour cause, la représentation a été instituée afin de contenir plutôt que réaliser la démocratie. laviedesidees.fr/La-democratie-…

Dès lors comment pourrions-nous exiger de nos gouvernements qu’ils agissent d’une certaine manière (démocratique) si le système politique n’a pas été conçu pour cela ? En ce sens il est futile de parler d’une crise de la représentation politique. C’est une crise de la démocratie.

À cela s’ajoute le capitalisme, son système de corruption bien huilé, sa propagande bien calibrée, sa petite musique individualiste, libérale et xénophobe qui nous entourent en permanence, nous divise, nous illusionne et nous met en compétition. contretemps.eu/mais-au-moins-…

Persévérer dans une démocratie représentative implique à minima de profondes réformes sur la place du secteur privé dans la société pour limiter son influence sur la sphère publique et les médias, et garantir l’indépendance de l’information vis à vis des intérêts capitalistes.

2. La démocratie participative : renforcer la participation des citoyens à la prise de décision politique.

Le RIC peut favoriser l’émergence d’une démocratie participative au sein d’un régime représentatif, mais il ne peut instituer à lui seul une démocratie directe.

Selon Bacqué & Sintomer les expériences de démocratie participative n’ont produit que des changements modestes dans les rapports de pouvoir. Les institutions et groupes dominants ont de bonnes capacités à limiter leurs effets. journals.openedition.org/lectures/5217

3. La démocratie directe

Les citoyens exercent directement le pouvoir (principe de l’horizontalité du pouvoir). Cela implique une refonte globale du système politique et de nos institutions, et une réécriture de la Constitution.

Historiquement, c’est le mouvement libertaire qui tente d’instaurer la démocratie directe : communes insurrectionnelles de France en 1870-1871, Makhnovchtchina en 1918, Révolution espagnole en 1936, EZLN depuis 1994, Rojava depuis 2014, syndicats révolutionnaires…

Les grands principes de la démocratie directe sont l’égalité politique des citoyens concernant la délibération et les décisions, la réunion en assemblée, la prise de décision à l’unanimité, à la majorité ou au consensus, le mandat impératif & révocable, la rotation des mandats…

La démocratie directe, c’est un peu le RIC permanent, elle implique de diminuer le temps de travail et d’augmenter le temps de participation à la décision politique (s’informer, échanger, siéger aux assemblées, voter les lois et les budgets…)

L’adoption de la démocratie directe est une décision collective qui doit s’appuyer sur un mouvement social puissant capable de l’imposer, ou qui devrait au moins faire l’objet d’un débat public et d’un référendum sur son inscription dans la Constitution et sa mise en œuvre.

Les personnes délibérant aux assemblées régionales sont des délégués mandatés par les assemblées communales qui leurs rendent des comptes (mandat impératif et révocable).

La possibilité de révoquer des délégués et des décisions garantit la souveraineté populaire depuis la base.

La démocratie directe implique le transfert de la souveraineté de l’État à la fédération des communes (réseau d’assemblées populaires locales et supra-locales), et l’abolition du Capital, puisque la souveraineté populaire s’exerce sur le plan politique mais aussi économique.

La démocratie directe est à la fois un régime politique basé sur les assemblées populaires, et un mode d’organisation à développer dans toutes les institutions publiques et privées.

Si l’on considère la mise en place d’une démocratie directe, deux priorités s’imposent :

1. Garantir la paix et la liberté en réduisant l’État à son strict minimum : la diplomatie internationale et le contrôle des Armées (cantonnées à un rôle d’autodéfense) par des délégués sous mandat impératif et révocable.

2. Garantir l’égalité en abolissant le Capital, en collectivisant la richesse issue du travail (entreprises démocratiques), et en la redistribuant selon des modalités élaborées démocratiquement, mais garantissant un revenu minimum décent et des services publics en libre accès.

La démocratie est le pouvoir d’un peuple qui se construit dans l’expérience collective d’un refus d’être gouverné. Ce refus préfigure un temps nouveau, celui de la démocratie réelle, pour mettre en échec collectivement les rapports de domination qui nous enserrent.

Sources

- samuelhayat.wordpress.com

- aoc.media/opinion/2022/0…

- inventin.lautre.net/livres/Bookchi…

- anarlivres.free.fr/pages/document…

- files.libcom.org/files/Murray%2…

- mouvementutopia.org/site/wp-conten…

- revue-ballast.fr/que-faire-5-5-…

Quelle démocratie voulez-vous ?

#Sondage