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Jan 22, 2023, 23 tweets

Thread : Faut-il avoir peur des pesticides ?

Je vais présenter deux approches : évaluation de risque et épidémiologie

Cette carte représente le niveau moyen d'utilisation des pesticides pour chaque commune française

Résumé sur mon Insta : instagram.com/p/CnuB9Zkql0U/…

L'IFT correspond au rapport entre la dose de pesticide appliquée et celle de référence par rapport à la surface traitée

L’IFT peut être calculé sur une parcelle, à l’échelle d’un ensemble de parcelles, d’une exploitation, d’un territoire ou bien d’une région

L’IFT permet de situer des pratiques agricoles au regard de celles du territoire. Une parcelle à 4 points d’IFT est considérée comme deux fois plus dépendante des pesticides qu’une parcelle à 2 points (le « besoin » de traiter est double)

1ère approche : l'évaluation de risque se base sur des études animales (souvent) pour définir des seuils toxicologiques d'absence d'effet pour la santé

On va regarder si l'exposition aux pesticides dépasse ce seuil : est-ce qu'il y a un risque pour un critère de santé critique ?

Le dernier rapport de l'EFSA montre que la plupart des aliments (69% des 12 000 échantillons contrôlés en Europe) sont exempts de résidus de pesticides (non quantifiables malgré des méthodes analytiques pointuées). Seulement 1-2% dépassent les limites

efsa.europa.eu/fr/news/pestic…

On va estimer l'exposition aux pesticides des gens par l'alimentation (principale voie d'exposition en population générale) en croisant des niveaux moyens de contaminations des aliments avec les consommations de ces groupes alimentaires

On va comparer cette exposition alimentaire (chronique) avec le seuil dérivé des études toxicologiques animales (ADI = dose journalière admissible, DJA). Si l'exposition est au-dessus de 100% de la DJA, on a un dépassement et donc un risque

Plus le % est bas, mieux c'est

Certains pesticides posent problème comme le (b)-Hexachlorocyclohexane, le diméthanoate ou les ions bromides

Il faut noter que le (b)-Hexachlorocyclohexane est interdit depuis 2009 comme il est classé en Polluants Organiques Persistants (POPs) dans la Convention de Stockholm

Quand on regarde le tableau, on voit que la plupart des expositions alimentaires aux pesticides sont en-dessous de 10% de la DJA et 1% de la DJA

Cela suggère une absence de risque pour ceux-ci

Pourquoi le risque est très faible ? Parce que l'exposition est faible

Il y a des limites à ce type d'approches : on n'a pas fait d'exposition cumulée aux différents pesticides ou utilisés d'approches plus complexes pour les effets cocktails

La 2è approche porte sur l'épidémiologie. Les essais cliniques ne sont pas possibles comme il n'est pas éthique d'administrer des pesticides/de tester ça

On va se tourner vers les cohortes et études cas-témoins

Dans les cohortes, on va comparer la survenue de maladie (incidence) et voir si ceux sont plus tombés malades sont ceux qui sont le plus exposé aux pesticides

Cela permettra d'évaluer des associations entre pesticides et survenue de maladies

En 2021, l'@Inserm a évalué les liens entre pesticide et santé inserm.fr/expertise-coll…

La présomption d’un lien entre l’exposition aux pesticides et la survenue d’une pathologie est appréciée à partir des résultats des études épidémiologiques évaluées

Ces résultats sont mis en perspective avec ceux des études toxicologiques pour évaluer la plausibilité biologique des liens observés

L'expertise a confirmé la la présomption forte d’un lien entre l’exposition aux pesticides et six pathologies : lymphomes non hodgkiniens (LNH), myélome multiple, cancer de la prostate, maladie de Parkinson, troubles cognitifs, BPCO et bronchite chronique

Pour les LNH, il a été possible de préciser des liens (présomption forte) avec des substances actives (malathion, diazinon, lindane, DDT) et avec une famille chimique de pesticides (organophosphorés)

Les 4 pesticides cités sont des organochlorés, interdits depuis un moment

Les études épidémiologiques ont montré une présomption forte de lien entre l’exposition aux pesticides de la mère pendant la grossesse (exposition professionnelle ou par utilisation domestique) ou chez l’enfant et le risque de leucémie et de tumeurs du système nerveux central

En population générale, il y a beaucoup moins d'études sur l'exposition chronique. L'expertise a confirmé un lien entre chlordécone et cancer de la prostate

Les deux approches épidémiologiques et évaluation peuvent sembler contradictoires mais elles ne répondent pas à la même question de recherche et ne mettent pas l'accent sur le même type de données

Exemple de la complexité d'étude des effets cocktails de pesticides dans l'étude NutriNet

1- Le mélange 1 (Chlorpyrifos, Imazalil, Malathion, Thiabendazole) est associé à une augmentation du risque de cancer du sein post-ménopause

2- Le mélange 3 (Spinosad) est associé à une réduction de risque du cancer du sein (après prise en compte de multiples facteurs de confusion) ! ça peut sembler surprenant...

Si on rajoute des considérations environnementale, l'écotoxicité, la productivité agricole etc... le choix d'interdire/autoriser les pesticides devient beaucoup plus compliqué qu'un tableau binaire bon ou mauvais pour la santé

Les pesticides organochlorés (reliés à plusieurs pathologies dans l'expertise inserm) sont interdits depuis longtemps. Ceux-ci sont toxiques mais également très persistants dans l'environnement

Le glyphosate n'est pas persistant bien que très médiatisé

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