24H Chez Les Martiens (ce titre français spoile complètement la fin, c'est idiot) n'est pas très bon, mais il est très important dans l'histoire de la SF.
Son titre original est #RocketshipXM (Expedition Moon) et il est écrit, produit et réalisé par Kurt Neumann en 1950.
Il a été tourné dans la précipitation en seulement 18 jours pour un budget de 94 000 $. Uniquement dans le but de sortir un mois avant la superproduction #DestinationMoon produite par George Pal (pour un budget 6x plus élevé) qui connaissait un léger retard de date de sortie.
Le but était de profiter de la campagne de promotion de Destination Moon en trompant les spectateurs avec le sous-titre Expedition Moon.
Mais aussi d'être le tout premier film de conquête spatiale à sortir après la Seconde Guerre Mondiale. 🚀
Rien que pour ça, il est historique.
Avant Rocketship X-M (et surtout Destination Moon), le fait d'envoyer des humains dans l'espace n'était pas monnaie courante au cinéma.
Les plus connus étaient #LeVoyageDansLaLune de Méliès en 1902, le film soviétique #Aelita en 1926, et #FrauImMond de FritzLang en 1929.
(J'ai déjà consacré des threads aux films #LeVoyageDansLaLune, #Aelita et #FrauImMond ici par le passé. Je vous invite à taper les noms de ces films accompagnés de @dravenardrok dans le moteur de recherche afin de les lire et découvrir en quoi ils ont été précurseurs)
Rocketship X-M est l'histoire de la première mission spatiale humaine vers la Lune. Sauf qu'un problème de moteur va envoyer les passagers de la fusée vers... Mars (on ne le découvre qu'au bout de 44 minutes de film, et ce n'est pas le seul spoiler du titre français).
Les dialogues sont d'une grande platitude, le vocabulaire faussement scientifique est omniprésent, aucun retournement de situation ne bénéficie d'une explication, et les interprètes (dont le jeune Lloyd Bridges, 37 ans) jouent toutes les scènes avec le même manque d'entrain. 😑
Le film est en noir et blanc, mais lors de sa sortie en salle en 1950, toutes les scènes à la surface de Mars étaient "colorées" en sépia pour une plus grande immersion. 👍
(Malheureusement la version que j'ai vue était intégralement en noir et blanc)
Le film est le reflet de la société misogyne des années 50. Bien qu'une femme fasse partie de l'équipage, elle est considérée comme frigide en raison de son intérêt pour la science, et elle subit plusieurs séances de remise en place et de mansplaining bien gênantes aujourd'hui.
J'ai trouvé les effets spéciaux vraiment corrects pour un film fauché de 1950... mais c'était avant d'apprendre que plusieurs plans montrant la fusée dans l'espace et sur Mars avaient été refaits à la fin des années 70 par des spécialistes des SFX (dont Dennis Muren de chez ILM).
Mais alors, pourquoi ce film médiocre est-il si important dans l'histoire de la SF ?
Car il a été le premier à utiliser 2 éléments qui vont devenir fondamentaux dans la SF : un instrument de musique, et une thématique qui va devenir centrale pour ce genre.
Rocketship X-M est le tout premier film de SF à avoir utilisé (en partie) de la musique électronique pour sa bande originale composée par Ferde Grofé.
Rappel : le premier film (pas juste de SF) dont la musique est entièrement électronique est #PlanèteInterdite sorti en 1956.
Un instrument électronique en particulier fait ses débuts dans Rocketship X-M : le thérémine (qui est associé à la planète Mars). Popularisé par la BO de Bernard Hermann pour #LeJourOùLaTerresArrêta en 1951, il devient indissociable des productions de SF des années suivantes.
Le thérémine devient un son majeur de la SF avec #TheThingFromAnotherWorld (1951), #ItCameFromOuterSpace (1953) ou #ProjectMoonBase (1953).
La BO de #MarsAttacks par Danny Elfman était un hommage vibrant à cette sonorité très particulière et marquante de la SF.
cc @TraxTotal
L'autre nouveauté apportée par Rocketship X-M est la sensibilisation au danger de l'arme atomique. C'est le premier film à aborder ce sujet par le biais de la SF (alors que la littérature de SF le faisait déjà), et ça ce n'est pas rien car ça va devenir une thème majeur du genre.
Cette sensibilisation au danger de l'arme atomique (et au monde post-apocalyptique qui peut en découler) intervient à la fin du film qui a été réécrite par le célèbre scénariste Dalton Trumbo (non-crédité car blacklisté à Hollywood à cause du maccarthysme en vigueur à l'époque).
En plus d'être le premier film de SF à tenter une sensibilisation envers les dangers de l'arme atomique, Rocketship X-M propose quelques images qui ont forcément influencé le cinéma de SF post-apocalyptique. Ça aussi, ça va devenir un genre majeur dans les années 60-70-80.
Voilà, ça fait quand-même pas d'éléments précurseurs pour ce petit film de SF médiocre sorti dans l'urgence en 1950.
Merci d'avoir suivi ce thread et n'hésitez pas à jeter une oreille au thérémine utilisé pour la BO ici :
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