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Mar 29, 29 tweets

🇲🇲Le #Myanmar est en guerre civile depuis son indépendance (1948). La forte rébellion communiste birmane a failli l'emporter plusieurs fois jusqu’à sa chute en 1989. Or leur guérilla a ressuscité depuis le putsch militaire (2021). Retour sur son histoire et son actualité.1/24🧶⬇️

Plus vieux parti du Myanmar, le PC birman a une très longue histoire. Fondé en 1939, le PCB a quasi toujours connu la clandestinité et s’est battu contre le colonialisme britannique puis l’occupation japonaise et, après une accalmie à la Libération, contre ses rivaux socialistes.

Le maquis communiste s’est établi dès 1948, surtout dans les forêts du centre du pays, sur le modèle maoïste orienté vers la paysannerie (avec une réforme agraire dans la zone contrôlée), malgré des contacts avec les syndicats des villes. L’Armée populaire dispose de 4000 hommes.

Karen, Shan, Kachin,… Chaque groupe ethnique prend vite le contrôle de son territoire. Leur orientation idéologique et pratique évolue selon les circonstances, souvent en faveur de leur revendication d’autonomie ou d’indépendance. C’est une caractéristique du Myanmar / Birmanie.

Le Kuomintang (KMT) profite du chaos pour s’installer de l’autre côté de la frontière chinoise. Vaincus pour de bon par Mao en 1949, les nationalistes veulent continuer à mener des actions en Chine, grâce au soutien américain (CIA) et au lucratif trafic de drogue (Triangle d’or).

L’URSS et la Chine ont encouragé les communistes et le gouvernement birmans à former un État non aligné et socialiste dans la vague de Bandung (1955). La guerre civile s’atténue. Mais le putsch de '62 fait voler en éclat le processus de paix, nonobstant son alignement soviétique.

Purgeant sa vieille garde et sa branche étudiante, le PCB se radicalise sous l’influence du PCC, alors en pleine révolution culturelle, et en réaction à la répression toujours plus brutale de la junte militaire nationaliste anti-chinoise. Le PCB aligne jusqu’à 15 000 guérilleros.

Le PCB est surtout composé de Bamar (ethnie majoritaire) mais se diversifie dans les 1970s (Kachin, Shan) puis devient toujours plus Wa. La tension entre la direction intellectuelle Bamar et la base militante Wa éclatera en '89. La Chine misera alors sur cette ethnie frontalière.

La scission aboutira au repli sécessionniste. Grand comme la Belgique, l’État "communiste" Wa (550 000 habitants) finance une armée de 25 000 soldats, grâce à l’héroïne, l’étain et la Chine. Les Wa restent plutôt à l'écart de la guerre civile actuelle. lepoint.fr/monde/birmanie…

C’est pareil avec la petite région sinophone du Kokang dans l’État Shan au nord-est. L’armée de l’alliance nationale démocratique de Birmanie a rompu en même temps que les Wa avec le PCB et a continué à tenir tête à la dictature militaire, notamment grâce au trafic de drogue.

Le PCB a longtemps mené la lutte contre le commerce de stupéfiants, y compris en son sein, mais l’a toléré peu à peu, à mesure que l’aide financière des pays communistes (surtout la Chine et le Vietnam) se tarissait, laissant parfois des soldats se transformer en vrais criminels.

La stratégie paysanne du PCB est en outre dépassée en '88 par un soulèvement étudiant/urbain, réprimée par une nouvelle junte militaire. Aung San Suu Kyi recompose l’opposition sur une ligne libérale et pacifiste, soutenue par l’Occident. Le PCB disparaît de facto dans la foulée.

Le PCB resurgit 35 ans plus tard à la suite du putsch militaire en 2021. Issus du mouvement étudiant, 32 jeunes cadres expliquent avoir rencontré de vieux camarades du PCB et avoir préparé le retour de l’Armée populaire de libération dans la campagne en se formant en pays Kachin.

L’APL déclare soudainement disposer de deux bataillons complets au nord (2000 hommes), de troupes au sud le long de la frontière thaïlandaise et de forces dans les zones centrales du Myanmar. C’est énorme ! Mais l'APL ne contrôle vraiment aucun territoire. peoplesworld.org/article/we-don…

Au nord, l’APL est actif le long des frontières chinoises, dans les États Ta’ang et Shan (à Kokang), et indiennes, au Nagaland (mais pas du côté bangladais). Au centre, sa participation dans des combats a été attestée dans la région de Mandalay et Sagaing. myanmar-now.org/en/news/armed-…

Je vous recommande vivement cet excellent reportage dans le sud, où le PCB a été très puissant jusqu’en 1989. L’APL assure être maintenant financé par les dons du peuple et de leurs alliés régionaux, et non par la drogue ni (directement) par la Chine.
frontiermyanmar.net/en/red-dawn-my…

L'APL a diffusé par exemple en septembre dernier des photos de leur accueil à Momeik city (État Shan). Des villageois se seraient précipités pour leur donner de l'argent, de la nourriture et des fleurs Eugenia - connues en birman sous le nom de thabyay, un symbole de victoire.

L’APL s’intègre en fait dans la People’s Defence Force. Les PDF sont un fourre-tout nébuleux pour l’opposition armée au régime dans sa globalité. La collaboration des groupes rebelles est clairement l’un des facteurs de la résurgence de l’APL. myanmar-now.org/en/news/as-jun…

Les guérilleros s’inscrivent d’abord dans le combat contre la dictature militaire et semblent avoir une approche souple assez prudente envers les paysans, n’insistant pas sur leur corpus idéologique ou sur des réformes agraires à la va-vite comme c’était naguère souvent la norme.

Les communistes birmans ont réussi à percer médiatiquement en capturant durant l’été 2024 jusqu’à 138 éléphants lors d’affrontements près de la grande ville de Mandalay. Les pachydermes sont beaucoup utilisés pour porter de lourdes charges dans la jungle. rfi.fr/fr/asie-pacifi…

L’APL a garanti que les éléphants seront bien traités. Cette vidéo de propagande en met en valeur comme des transports tout-terrain de troupes et de matériel militaire dans les campagnes. Ils sont sûrement trop précieux pour être utilisés au combat.

L’APL poursuit son effort de guerre dans le cadre de l’opération 1027 lancée en 2023 par les principaux groupes rebelles (Alliance des Trois Fraternités) et signale parfois des prises de territoires, comme ce village du nord-ouest en février dernier.

L’APL a annoncé il y a dix jours déployer des forces dans la vallée centrale du Myanmar le long du principal fleuve (Irrawaddy river) près de grandes villes. C’est le signe d’une situation avantageuse sur le terrain et au sein de la coalition démocratique.

Très fragilisée, la junte militaire recule souvent. De nombreux observateurs sentent depuis des mois poindre sa chute prochaine. Tout pourrait aller très vite à la moindre occasion, comme récemment en Syrie. #MyanmarEarthquake #Myanmarquake radiofrance.fr/franceculture/…

Le tremblement de terre au Myanmar pourrait ainsi avoir de lourdes conséquences politiques. Les services de l’État sont très affaiblis, il est probable que les secours n'arrivent pas à aider les sinistrés. C’est peut-être la secousse qui fera enfin tomber l’inefficace dictature.

Si ce fil🧶vous a plu, n’hésitez pas à me suivre✅ Je publie souvent en thread des histoires originales du mouvement social au sens large et de ses militants, en particulier de Belgique🇧🇪mais aussi d'ailleurs. Les suggestions sont aussi les bienvenues.🌏

Je ne suis pas du tout un expert🇲🇲, désolé pour les erreurs éventuelles. J’ai sauté pas mal de détails. Le #Myanmar est méconnu du côté francophone et n’est pas facile à saisir. Je voulais aborder depuis longtemps cette guérilla communiste. Je reviendrai sur d’autres cas en Asie.

🇹🇭J'aborderai prochainement la guérilla communiste en #Thailand Son échec et sa répression par le pouvoir de #Bangkok sont presque inconnus en France. Je pense aussi à la Malaisie… En attendant, voici un fil sur les massacres des communistes sud-coréens.

#MyanmarThailandEarthquake #Birmania #BurmaEarthquake #earthquake #Myanmarquake #Burmese #Birma #BurmaSpringRevolution #Burma #earthquake #seisme #Birmanie #MinAungHlaing #Naypyidaw #Mandalay #mandalayearthquake #Rangoon #Sagaing #AungSanSuuKyi
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