I Si les sanctions prises contre la Russie ont eu peu d’effets sur ce pays, quels furent les effets « en retour » sur l’économie des Pays de l’Union européenne, ce que l’on appelle « l’effet boomerang » ? Petit #Fil ou #Thread sur ce sujet
II Ce que l’on appelle « l’effet boomerang » des sanctions est un cas de figure connu dans l’histoire des sanctions économiques. Lors du premier épisode de sanctions contre la #Russie (2014) les pertes de l’UE avaient été aussi importantes que les pertes pour la Russie.
III C’est ce que l’on constate au travers d’une étude économétrique réalisée par Morad Bali dans sa thèse, soutenue en 2021
theses.fr/2021GRALE007 , theses.hal.science/tel-04484916
IV Pour les sanctions prises à partir de février 2022, la base de l’effet boomerang a été (et reste largement) la dépendance de l’UE à l’énergie russe (tableau) mais aussi la perte d’un marché important pour certaines entreprises (1)
V La hausse du prix du gaz naturel, qui sert de base à la fixation du prix de l’énergie dans l’UE, engendrée par les sanctions à partir du 1er semestre de 2022 a été catastrophique pour les économies de l’UE. (2)
VI Pour les trois années dans lesquelles les sanctions ont été appliquées (2022-2024), le prix du gaz a été multipliés par 2,35 par rapport au prix moyen dans les trois années qui ont précédées la crise de la COVID-19, soit 2017-2019.
VII Ces augmentations ont été différentes suivant les pays. L’Allemagne, qui a bénéficiée de la « solidarité » européenne a vu les prix moins augmenter qu’en France et en Italie, même si cette augmentation a eu des effets dramatiques sur l’économie allemande (3)
VIII Si la hausse a commencé AVANT les sanctions, l’accélération de cette hausse, et le fait que le prix actuel reste nettement plus élevé que ce qu’il était avant 2020 (tableau 2) montre bien le rôle de « l’effet boomerang » dans cette hausse. (4)
IX L’un des résultats de cette hausse des prix de l’énergie a été de pénaliser la croissance des pays de l’Union européenne, quand on compare la croissance de l’Union européenne, et zone Euro, avec les États-Unis, les pays de l’Asie émergente, de l’ASEAN-5 et de la Russie (5)
X La forte différence entre la croissance sur la période 2021-2024 et celle sur la période 2022-2024 indique clairement le choc qui a été provoqué sur les pays de l’Union européenne et de la zone Euro par « l’effet boomerang » des sanctions. (6)
XI La cassure de la croissance du PIB après la récupération consécutive à la crise de la COVID le montre bien. La zone Euro, et l’UE dans une moindre mesure est pratiquement en stagnation depuis les sanctions prises contre la Russie (7)
XII C’est l’industrie des pays du cœur de l’Union européenne qui a le plus souffert. Günter Verheugen, ancien commissaire européen ne dit pas autre chose dans l’article qu’il vient de publier dans Die Weltwoche weltwoche.de/daily/mit-stat…
XIII L’effet boomerang des sanctions est net pour l’Allemagne qui connait, depuis fin 2022, une tendance récessive. L’Italie est pour sa part sur une tendance de stagnation depuis la fin de 2022. La France, quant à elle, a continué de croître, mais à un rythme très faible (8)
XIV Cet effet s’est majoritairement concentré sur l’industrie manufacturière, qui est aussi celle qui est la plus grosse consommatrice d’énergie. De fait, les activités manufacturières ralentissent de manière rapide depuis le début de 2023 et baissent depuis l’été 2023. (9)
XV Pour la France, en dépit des mesures de soutien, on constate aussi que la production manufacturière commence à stagner vers la fin du premier semestre 2023 et à baisse à partir de 2024. (10)
XVI Cet impact de « l’effet boomerang » des sanctions se mesure aussi à la baisse de taux d’utilisation du capital dans les diverses économies. La baisse de taux est indiscutable pour les trois principales économies de l’Union européenne, (11)
XVII Les pays de l’UE ont déclenché une véritable guerre économique contre la Russie à compter de la fin février 2022. Mais, son efficacité a été très inférieure aux attentes des gouvernements. Par contre l’effet boomerang sur les industries européennes a été dévastateur
XVIII Un simple regard sur la littérature existante avant 2014 montrait que les conditions minimales pour une efficacité réelle des sanctions n’étaient pas réunies (12)
XIX Une maquette économétrique de l’économie de l’Union européenne permet d’établir la perte de croissance induite par cet « effet boomerang » entre 0,8% et 1,2% pour l’ensemble, et de 1,5% à 2,0% pour les pays les plus exposés (Allemagne, Italie).
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