Thread by @Damien__D

[La société jardinière]
Je commence une série de photos (un thread à dérouler) pour faire connaitre les résultats d'une recherche débutée il y a trois années 🙂 Une invitation pour vous faire découvrir les liens entre nature et culture qui s'inventent dans les jardins urbains.

A l'image des jardins familiaux de Nîmes, dans les villes des citadins se réapproprient les espaces pour y porter des projets agricoles. Les jardins prennent de multiples formes ils sont un dialogue entre humains et non humains, entre ville et terre, entre urbanité et ruralité.

Morte la culture ouvrière ? Si les anciens quartiers ouvriers sont fragmentés dans un urbanisme diffus, des reliques se cachent. Dans les anciens jardins ouvriers l'esthétisme est emprunt de symboles de la culture populaire. Le jardin est une production de l'histoire et de soi 🔥

Ce que les jardins apportent aux humains, un tweet n'est pas suffisant pour le dire : avoir un espace ouvert en opposition aux HLM, se ressourcer des pressions quotidiennes, apprendre avec les plantes qu'une autre vie est possible, être libre enfin dans le travail qui est porté.

En milieu précaire si la motivation économique est souvent première, le jardinage devient au fil du temps bien plus qu'un simple outil de résilience économique : les jardins sont des lieux d'émancipation qui permettent aux citadins de se réapproprier leur ville et leur vie.

Alès, La Grand-Combe, Roubaix.. ont eu leurs heures de gloire lorsque leurs bouches crachaient charbons et métaux ; elles sont aujourd'hui prisonnières d'une double peine amorçant des difficultés nouvelles : un enclavement géographique et la forte concurrence métropolitaine.

Un espoir : il est possible maintenant de détruire sans reconstruire. Les villes en difficultés peuvent devenir nourricières : des jardins, des fermes, de la culture à la place des tours de béton abandonnés depuis trop longtemps ! Une ville renouvelée pour une société soignée.

L'anthropologue Tsing dit que la rencontre donne un résultat supérieur à la somme des parties. Un humain plus un chien ça ne fait pas deux. Il y a également l'amitié, l'intelligence, le dialogue. Imaginons cela à l'échelle d'un jardin : une multitude d'humains et de non humains👊

Les potagers développent la justice sociale en donnant la possibilité aux communautés de produire leurs propres aliments. A Alès des cultures ethniques permettent de renouer avec des préférences alimentaires culturelles. Une démarche essentielle à la sécurité alimentaire.

En 1934, Robert Doisneau les immortalisait d'un somptueux cliché. 90 ans plus tard, les jardins ouvriers du fort d'Ivry existent toujours : ils transmettent passion et culture de la résistance en ville. Aucun jardinier n'a jamais abandonné sa parcelle. Puisse le rêve continuer !

Porto frappée par la crise financière de 2008. Le gouvernement met en place une politique d'austérité. Une partie de la classe moyenne devient pauvre. Il faut se réinventer, il faut jardiner. Depuis 2008, la ville portugaise a vu ses surfaces jardinières augmenter par trois.

Et si la clés de l'écologie résidait dans des espaces communs ? Des espaces de fabrication, des espaces bricolés, des espaces de rencontre, des espaces de libertés communes entre humains et non humains. Les jardins comme figure de proue, le jardinier comme nouvelle Marianne.

Les jardiniers sont des étudiants et des professeurs. Des étudiants qui apprennent chaque jour avec la nature pour améliorer leur vie. Des professeurs qui m'ont appris une chose : les jardins sont de petits espaces mais ils peuvent changer la société 👇👇

Detroit ville en ruine. Dans un contexte de conflits raciaux, le jardinage est une excuse pour porter la cause noire : les injustices et les enseignements de M.L. King ou de Sankara sont souvent évoqués. Les jardins deviennent des lieux où s’inventent les identités collectives.

Les potagers sont universels : présents à toutes époques, présents dans toutes cultures, ils sont les miroirs des sociétés. A travers eux, nous comprenons le lien que nous entretenons avec la terre, avec les saisons, avec le cosmos. Ils sont notre mémoire, ils sont notre futur.

Selon le paysagiste Gilles Clément, le jardin est un espace dans lequel l’humain met le « meilleur », le plus important, le plus rare de son époque. Par le paysage qu'il déploie, il est à la fois enclos et paradis.
Photo : un jardin conçu par l'artiste Emmanuel LouisGrand 😌

Un soir, un vieux sage m'a dit : "un jardin sans lézards, c'est comme un jardin sans coccinelles, ce n'est pas un jardin !"

Retour à l'enquête, retour au laboratoire, retour dans la complexité des jardins potagers. Petite pause donc de "la société jardinière". Un grand merci à tous et à toutes de l'avoir suivi. Je reviens dans quelques temps avec de nouvelles rencontres à vous partager 😉

L’artiste François Jeannet a cherché, de toile en toile, à fixer cet art de vivre unique aux mondes jardinés. Ses tableaux affichent cette fierté du travail et du lien, professionnelle et personnelle, dont les jardiniers sont à la fois les architectes et les gardiens.

Au fil de mes enquêtes, je me suis rendu compte que les jardins participent à une forte montée en compétences des jardiniers. Sauf que, contrairement au travail à l'usine, dans le jardin on travaille pour soi, pour la beauté du vivant, et pour l'art du vivre ensemble.

@JTruillot @Jardinerville @Jardiner_Autrem @Jardi_plantes @blog2jardinage @MaJardinerie @JardinsPartages @ICF_Officiel @agricultureMTL @UrbAgriculture Jardiner face à la précarité : un outil pour s'alimenter, un outil pour s'émanciper, un outil pour être autrement à l'humain et aux non humains. Un petit résumé des tweets précédents en conférence à la @MSHsud :

@JTruillot @Jardinerville @Jardiner_Autrem @Jardi_plantes @blog2jardinage @MaJardinerie @JardinsPartages @ICF_Officiel @agricultureMTL @UrbAgriculture @MSHsud Cueillir la dernière tomate est un moment symbolique, tant apprécié que redouté. Elle a le goût sucré du soleil et l’odeur de la nostalgie. La déguster est une cérémonie, une ode à la vie, la fin d’un cycle. La dernière tomate mangée et c’est l’été qui vient de se terminer.