Thread by @loe_petit

Pourquoi le jugement du Tribunal Arbitral du Sport contre #CasterSemenya est sexiste, raciste et intersexophobe : un thread ⏬

Rappelons que l'affaire dure depuis 10 ans, suite à ses performances impressionnantes aux 800m des Championnats du Monde de 2009. Des tests de sexe ont été réalisés à l'époque : ils ont mené à l'autorisation de Caster de concourir à nouveau : elle a été reconnue femme.

En 2015, une autre athlète présentant de forts taux de testostérone, Dutee Chand, gagne contre le règlement de l'IAAF limitant ces taux, car l'IAAF n'a jamais prouvé que la testostérone améliore de façon significative les performances sportives : bbc.in/2GWJTA3

Cette représentation est un stéréotype infondé, basé sur des représentations sexistes niant la présence de testostérone chez les femmes cis et d’œstrogènes chez les hommes cis, pour asseoir le mythe de la binarité mutuellement exclusive des sexes. Lire : bit.ly/2GZ2BXU

D'ailleurs Dutee Chand, athlète à forts taux de testostérone, n'a jamais rien gagné au niveau mondial, ni même gagné de médailles d'or au niveau adulte à l'échelle régionale. La testostérone ne fait pas de miracles. Si Caster gagne, c'est qu'elle est meilleure.

Mais le fait qu'elle soit Noire, Sud-Africaine, non conforme aux normes de féminité, et lesbienne, la rend peu aimable aux yeux des médias et des instances sportives. Le même phénomène a été constaté avec d'autres championnes noires, comme Serena Williams

Un exemple parmi tant d'autres, la Une de GQ et ses guillemets (mais aussi les journalistes qui parlent des "frères Williams", ou le trope de la "femme noire en colère" quand elle proteste sur le court) :

Il faut rappeler que Caster Semenya n'est pas la femme la plus rapide du monde. D'autres femmes détiennent des records qu'elle n'a pas battu, et elle est loin derrière les records masculins :

Seulement ces femmes sont, pour 3/4 Blanches et occidentales, et pour la 4e, Noire mais beaucoup plus féminine. Aucune n'a été soupçonnée d'être un homme - tout au plus de dopage, aucune n'a été sommée de prendre des perturbateurs endocriniens pour réduire ses performances.

Autre chose : ces règles censées protéger l'équité du sport ne s'appliquent que chez les femmes. Aucun homme "trop testostéroné" ne se verra obligé de réduire ses taux. Pourquoi? Parce que le sport féminin n'est pas pris au sérieux, et pcq une femme trop puissante fait peur.

La dimension sexiste de cette mesure saute aux yeux: il faudrait protéger les femmes "normales" d'autres femmes plus fortes parce que les femmes "normales" sont plus faibles. Alors que pour les hommes, la force d'un seul démontre la force de tous ses semblables.

Le dernier point est sur la notion d'avantage naturel. Il est absurde de penser que les athlètes ont des corps "dans la moyenne". Tou.te.s les athlètes de haut niveau ont des avantages naturels, que ce soit dans leurs organes, leurs hormones et/ou leurs squelettes.

Et pourtant, on n'interdit pas l'accès aux compétitions aux personnes avec un cœur ou des poumons trop performants, aux jambes ou aux bras trop longs.

Pour conclure : cette affaire aurait pu être l'occasion de questionner les catégories binaires sportives et de réfléchir à des catégories par hormones, poids, taille, comme cela existe dans d'autres disciplines sportives.

Caster n'a rien à faire chez les hommes, puisque c'est une femme, mais surtout pcq ses performances sont très en deçà des records masculins (contrairement d'ailleurs à Jarmila Kratochvílová qui avait battu le record du monde masculin du 800m sans être accusée d'être un homme)

Il s'agit bien d'une sanction contre une femme noire, lesbienne, pas assez conforme aux normes de féminité - qu'on accuse d'être trop performante et qui pourtant est loin de gagner toutes ses courses ou de créer de nombreux nouveaux records mondiaux.

Lorsque l'IAAF reprend la terminologie pathologisante "DSD" désignant l'intersexuation et contraint des femmes à prendre des perturbateurs hormonaux pour diminuer leurs performances, elle dit "une femme (noire) ne peut pas être vraiment forte"

Je laisse Caster Semenya répondre : "I am Mokgadi Caster Semenya. I am a woman and I am fast.”

Le lien unrolled :
threadreaderapp.com/thread/1123903…

EDIT: après vérification l'affirmation sur Jarmila Kratochvílová est erronée : elle n'avait pas été jusqu'à battre le record du monde masculin. Mais elle détient toujours un meilleur temps que Caster Semenya, comme Pamela Jelimo et Nadezhda Olizarenko, sans hyperandrogynie.

L'écart se réduit historiquement entre les catégories hommes et femmes dans l'athlétisme, mais il reste suffisamment important aujourd'hui pour ne laisser aucune chance à Caster Semenya chez des hommes de haut niveau: franceolympique.com/files/File/act…

Suite de l'affaire :

https://twitter.com/loe_lis/status/1124625435348934656?s=19

Pour les rageux (le masculin s'impose) qui s'agitent dans mes mentions autour de ce thread, je rappelle que je bloque à vue et que je ne perds pas mon temps avec des gens qui nient le racisme ou le sexisme et s'acharnent à défendre le mythe de la binarité des sexes. Ciao :)

S.W. dit: ""I've been called man because I appeared outwardly strong ... It has been said I don't belong in women's sports -- that I belong in men's -- because I look stronger than many other women do. (No, I just work hard and I was born with this baddass body and proud of it.)"

"J'ai été traitée d'homme pcq j'ai l'air forte... On a dit que je n'appartenais pas au sport féminin - que je devrais être chez les hommes - pcq j'ai l'air + forte que bcp d'autres femmes. (Non, je travaille juste dur et je suis née dans ce corps badass et j'en suis fière).