Thread by @Samanthabailly

{THREAD} A propos du scandale du concours de l’Année de la BD lancé par le @LeCNL et le @MinistereCC : je prends le temps de vous livrer mes observations et mon ressenti sur 2 ans d’engagement associatif pour les auteurs et autrices.

Vous avez été nombreux à m’écrire sur les réseaux ou en mp pour me demander de réagir, ce que j’en pensais, et comment on pouvait eviter que l’histoire #payetonauteur se répète encore et encore.

Je suis membre du CA du CNL et je n’ai eu de cesse depuis le début de ma prise de fonction de marteler qu’il y a un profond problème de considération des auteurs et autrices au sein même des structures de l’Etat. Je suis souvent bien seule à remonter les réalités de ma profession

Sachez que le Conseil Permanent des Écrivains a demandé par exemple que le CNL rémunère les auteurs dans les commissions. Pour info aujourd’hui les auteurs qui passent des heures et des heures à des réunions de consultation le font... bénévolement !

Et ce quand en face, les autres personnes sont salariées. Cette requête de rémunération a été refusée. Je passe sur les structures subventionnés à des hauteurs faramineuses qui bafouent toute éthique dans la rémunération des auteurs : vous avez dû voir passer les infos.

Je suis intimement persuadée que @franckriester est le premier Ministre de la Culture depuis longtemps qui a une volonté réelle et claire de faire bouger les lignes des conditions de création des auteurs. Ses équipes proches sont très attentives, réactives et à l’écoute.

Le problème est que le chantier accumule des décennies de négligence : il suffit de voir la structuration même du Ministère de la culture. Les auteurs dépendent du département... de l’économie du livre. Tout est dit.

C’est pourquoi la @LigueAuteursPro conseille depuis des mois de construire une véritable direction des créateurs et créatrices, pour que des bonnes pratiques puissent être enfin impulsées en interne. Nous manquons de cadres et de codes de conduite.

Vous me connaissez, je suis très engagée, et je ne donnerai pas autant de temps bénévole de ma vie si je ne pensais pas que les lignes vont bouger. Mais il faut du concret, et vite, pour rétablir un peu de justice !

L’Année de la BD est l’occasion pour le @MinistereCC d’honorer ses engagements vis-à-vis des auteurs : un budget conséquent dirigé directement vers eux et une éthique irréprochable !

Je suis abasourdie par les sommes et budgets existant au nom des auteurs et autrices qui ne leur sont jamais redistribués. Il y a aussi une usurpation organisée qu’il faut défaire.

S’il n’y a pas de prises de décisions politiques fortes dans les mois qui viennent, je démissionnerai de tous mes mandats en expliquant pourquoi. Ce n’est pas mon envie : mais sans avancée concrète, cela signifie qu’il faudra acter que ces métiers sont impossibles en France

Je suis actuellement à l’étranger pour 3 mois et les interlocuteurs que je rencontre confirment l’immense retard qu’a la France, contrairement à ce que l’on pourrait penser du pays du droit d’auteur.

Tous les regards sont rivés sur la mission @BrunoRacine : cette réflexion et analyse de fond est essentielle pour démêler la situation dans laquelle nous sommes, et impulser de véritables changements.

En attendant, il y aurait déjà des mesures simples et efficaces à mettre en place concernant l’encadrement du travail créatif en France, avec des Ministères donnant l’exemple des pratiques respectueuses et équitables et légiférant sur celles-ci. Il faut désormais imposer.

Vous l’aurez compris : nous sommes nombreux à nous battre bénévolement depuis des années. #Payetonauteur a marqué un tournant décisif. Nous sommes au point de non retour. Nous ne pouvons plus accepter que les problèmes soient éternellement repoussés.

C’est le moment du courage politique, de l’intelligence et de la créativité pour donner aux auteurs et autrices français un cadre légal solide pour créer dans des conditions décentes.

La @LigueAuteursPro et le @SNACBD sont en lien direct avec le cabinet du Ministre pour que ce concours soit rapidement changé selon les bonnes pratiques. Mais le problème est plus profond : ce sont des mesures fortes qu’il faut désormais prendre pour tous les métiers créatifs.

Le droit d’auteur, c’est avant tout les auteurs et autrices eux-mêmes, et leur situation économique et sociale actuelle est une catastrophe. Plus que jamais, la représentativité professionnelle est au cœur des enjeux pour que nos métiers soient défendus.

Car oui, nous créons et nous exerçons des métiers incertains, exigeants, atypiques certes, qui doivent être encadrés pour plus d’équilibre et de justice. Il faut à tout prix des changements dans la loi. Des changements fléchés vers nos CONDITIONS DE CRÉATION ✍🏻 #payetonauteur

Sur ce, j’y retourne, il est temps de continuer la tournée des organisations professionnelles à l’international pour la @LigueAuteursPro ! Ensemble, nous sommes plus forts 💪🏻