Thread by @wambadeluozi

[Thread] « Les Combattants »: la source du phénomène, l’insurgence croissant et les possibles solutions. (selon moi)
RT appréciés @kinuimba1 @AdamHayer @lupvkv

Départagés en quatre sections:
1. Avant 2006 - problèmes sociétaux

2. Après 2006 - élections et musiciens complaisants

3. Après 2010 - instrumentalisation du mouvement

4. 2020 - possibles solutions

Avant 2006 - problèmes sociétaux

D’abord, il est important de comprendre le mechanisme de l’industrie musicale du Congo. Mises à parts quelques labels comme Ngoma, Veve musique et TP Ok Jazz, l’ancien Zaïre n’a pas eu d’industrie musicale sur le territoire.

Ceci va pousser les musiciens à créer un système pour se faire rémunérer: les mabangas (des dédicaces chantées aux connaissances souvent fortunées). Wendo Kolosoy nous expliquera ,dans le documentaire Congo river, qu’ils allaient à Mbanza-Ngungu pour animer les fonctionnaires.

Ces fonctionnaires qui étaient proches des colons avaient plus des moyens à partager. Les musiciens vont vite le comprendre «  chanter, glorifier le évolues nous rapportent de l’argent »

À l’indépendance le Grand Kalle sortira son plus grand succès « Indépendance Cha Cha ». Ses musiciens et lui immortaliseront pour la toute première fois des politiciens: J. Bolikango, J. Kasa-Vubu, P. Lumumba, A.Kalonji, P. Bolya, M. Tshombe, C. Kamitatu, J. Essandja et D. Kanza

Voici l’extrait ☝🏾🔊

Avançons. Le Congo deviendra le Zaïre avec à la tête du pays un certain Mobutu. Ce président investira énormément dans le « soft politics » et surtout dans la musique. La première étape sera de se laver de tout ses péchés. Donc il payera Franco pour glorifier Lumumba.

Voici l’extrait. Dans un lingala classique et limpide Franco explique aux Congolais (futurs-Zairois) que d’autres ont essayé de l’arrêter pour qu’ils ne puisse pas commémorer Lumumba mais grâce à Mobutu, il a pu le faire.

La technique marche et pendant un certain moment. Franco et Mobutu deviennent les meilleures alliés. Franco soutiendra et chantera Mobutu à plusieurs reprises - et il le regrettera par apres - mais la plus marquante sera cette chanson 👇🏾

La prise de position est LA ! Franco soutient ouvertement Mobutu (ça nous fait penser à 2006 et 2011, n’est ce pas ?😁)

Mais ne dit-on pas que même les meilleures chansons connaissent une fin. Après avoir critiqués plusieurs fois le régime en place, Franco s’exilera. Et, il n’est pas seule. L’article 15 poussera le petit-Peuple à quitter le pays. Ceci dérangera les élites Mobutistes.

A partir de ce moment, nous pouvons parler d’une diaspora Congolais en Europe. Vivant en précarité, elle sera diabolisé d’une manière virulente par le pouvoir en place. Qui les voit comme un danger.

En même temps, cette diaspora voit comment certains dignitaires Mobutistes abusent de leur statut en achetant des biens en Europe. Une première friction.

A partir des 90s, cette diaspora s’agrandira. Connue pour leur esprit festive, ce communauté accueillera « ses » musiciens comme des rois. Chaque semaine au moins 2,3 concerts sur le territoire européen.

Ces musiciens ont continués le mechanisme de leurs aînés. Disons, qu’ils ont même ajoutés leur sauce. Aucune chanson sans dédicace devient la devise. Et, ils n’ont pas peur de s’afficher avec les politiciens du pays.

Surtout avec un seul monsieur, Kongolu Mobutu alias Saddam Hussein ( son traitement brutal des opposants politiques lui a valu le surnom ) deviendra le plus grand mercenaire de cet époque. Il donnait tout: visas, argent, voiture, maison etc.

Le voici avec papa Wemba et un jeune Zacharie Babaswe ( toujours une coïncidence ? )

Rien est éternel. Les Mobutu ont quittés le pays, par force. L’AFDL nous ont ramenés les Kabilistes. L’espoir des beaucoup est d’avoir un nouveau sorte de régime. Kabila continuera avec le même schéma.

Il ressemblera tous les musiciens - et mêmes des comédiens - pour soigner sa relation publique. Hélas, le Congo sombre dans une guerre sans fin. Le père sera remplacé par le fils, amen.

Après une « fin » formelle de la deuxième guerre du Congo. Kabila Jr. utilisera des musiciens pour soigner également son image. En tant que médiateur, il mettre fin au duel - après plusieurs bagarres entre fans - entre JB Mpiana et Werrason. 👇🏾

En même temps la diaspora ne fait que soutenir, encore une fois, « ses » musiciens. Koffi rempli, Werra rempli, JB remplis, Papa Wemba rempli, King Kester rempli et mêmes les moins connus remplissent des salles de concerts.

Les concerts s’intensifient et Matonge/Château Rouge devient invivable. Pour certains c’est claire, il faut du changement. Le Congolais est distrait.

A la veille des élections de 2006, des nouvelles chansons plus sensuelles font rage au pays et dans la diaspora: double mbonda, orgasy, biberon etc. La critique est énorme. Pour certains, la débaucherie avait atteint un niveau inestimable.

Et, les non-Congolais anglophones vont donner un surnom aux Congolais: BMW cad Beer Music Women. Apparement nos centres d’intérêts. Ceci fera mal, surtout à la diaspora vivant en Grande-Bregagne. Attention, ça chauffe !

L’élection de 2006 opposera Jean-Pierre Bemba à Joseph Kabila. « Le Muana Mboka contre l’étranger » ou «  l’enfant caché de Mobutu contre le fils du libérateur ». Vita Kamerhe, directeur de campagne fera appel à Werrason pour augmenter la popularité de Kabila dans l’Ouest du pays

Voici l’extrait
(Officiellement JB Mpiana soutiendra aucun de deux ouvertement mais son son Kipala. Nzonzakua sera chanté par tous les Kinois et surtout le cri « Aza Muana Mboka pour JP Bemba» fera rage dans capitale congolaise )

Dans la diaspora beaucoup se ralliés derrière Bemba, malgré son passé Mobutiste, il est vu comme le moins pire de deux. Étant donné que Étienne Tshisekedi refuse, à la détresse de son fils idéologique Fayulu, de participer aux élections.

Surtout Bruxelles est vraiment derrière Bemba. Ayant fait ses études à Bruxelles, cette partie de la diaspora était devenue sa base légitime. Et c’est très important pour la suite de l’histoire.

Ces élections controversées seront perdues par Bemba. Grâce à sa base de l’Est du pays Kabila remporta les élections. Dégouté, à cause des magouilles, Bemba revient à ses anciennes habitudes et envoi ses milices en plein Kinshasa. Erreur capitale.

Il s’enfuira par l’ambassade de l’Afrique du Sud et ne reviendra que 10 ans plus tard. Bemba est vaincu, mais la diaspora, elle, elle est fâchée. Élections non-crédibles, forces étrangère sur le territoire et les impérialistes. La diaspora se rende compte qu’elle a trop dansé.

Après 2006 - élections et musiciens complaisants

Pour beaucoup les élections laissent un goût amère. La diaspora est aussi beaucoup plus branchée. Elle écoute TopCongo, Radio Okapi et Radio Ragga. Petit à petit, ça se transforme dans un groupement solide

En 2006 on voit déjà premiers manifestations à Matongé, Bruxelles. Les Congolais commencent en avoir marre des musiciens et surtouts des bêtises devenues banales

Les manifestations ne sont pas encore virulentes. Les jeunes trentenaires, Fally et Ferre vont découvrir les belles salles de l’Europe. Mais les artistes vont pousser la diaspora à bout, doucement mais sûrement

Le journaliste - fils de Tabu Ley- Marc Tabu va se faire tabasser par le cercle proche de Koffi Olomide. Il s’excusera mais le mal est déjà fait.

Les disputes entre la diaspora et les musiciens vont croître. Les textes de ces musiciens analysés. Des politiciens sont flattés, des sujets creux. Kamasutra, Nyokalessé, C’est ça la culture ? demandent-ils.

Les musiciens rétorquent. Koffi appèlera la diaspora des «pauvres, sans papiers qui habitent dans des HLM ». (Un peu ce qui s’est dit hier ici par certain.e.s). Il s’excusera mais le mal est déjà fait.

À la veille des élections de 2011, Fally et Ferre, dans un duel des frères-enemis font les tours des salles de concerts en Europe. Les manifestations de la diaspora pour le régime en place s’intensifient. Mais les musiciens se positionnent toujours stratégiquement.

Fally, maintenant devenu un produit coaché par ses managers Madina et Manon, va pour la première fois utiliser le mot: Apolitque. Dans les années à venir ce mot permettra aux musiciens de souffler chaud et froid en même temps.

La bible nous dit que c’est un péché. Qu’en est-il des Congolais hyper religieux ? La branche militante de la diaspora, énervée, concottera un plan pour toucher la communauté plein dans le cœur: boycott aux concerts.

Les préparations des élections sont tumultueuses. Le régime en place ne confirme que à la dernière minute les élections (une histoire récurrente dans notre pays). La diaspora a son candidat, Étienne Tshisekedi. D’une voix unanime, elle s’est met derrière lui.

Venu le moment que les musiciens vont pousser la diaspora à bout. Les musiciens qui à chaque moment se disent apolitique vont ouvertement chanter Kabila. Des sommes indécentes (cash dollars) auraient été donnés aux musiciens. De Koffi à Tshala Muana tous vont chanter Kabila

Fally va difficilement jouer son concert au Zenith. Il a immédiatement compris qu’une partie importante et militante ne blaguent plus. Et après le concert, il tentera la conversation.

Après 2010 - instrumentalisation du mouvement

Des individus de plusieurs bords vont se mettre ensemble pour voir comment faire des actions concrète pendant les manifs. Nous sommes en plein campagnes pour élections.

De sa cellule à la Haye Bemba, envoi un message claire: MLC soutient Tshisekedi. Ces individus venus de partout vont se structurer. En Belgique, les sms sont envoyés à tous Congolais: boycott de la nourriture, matonge et la musique !

Le nom tombera vite: « les combattants ». Une référence à certains anciens soldats FAZ, à la base de ce mouvement. Finalement ce n’est que le boycott de la musique qui marchera. Le premier à le subir sera Félix Wazekwa.

Les musiciens congolais font une campagne à la américaine pour Kabila. Pourtant ces musiciens se disaient être apolitiques. Voici l’extrait Koffi chanté Kabila :

JB Mpiana chante Kabila, Werrason chante Kabila, Wazekwa chante Kabila etc. Les combattants avec leurs propres moyens vont soutenir Tshisekedi. Ils mettent en place une campagne de sensibilisation.

E. Tshisekedi perdra les élections controversées. Le sentiment d’injustice s’abattra sur les combattants. Ils perdront plus de temps. « Les concerts sont officiellement finis, ceux qui ont chantés pour Kabila n’essayez même pas »

Des manifestations tendues vont s’en suivre. Voici un extrait de Matonge 2011:

Finalement, tout va se calmer. La diaspora va accepter la défaite. Les combattants, eux pas. Ils continuent les marches et manifs. Mais ils ne sont pas toujours d’accord sur ligne de route. Certains membres d’UDPS essayent d’instrumentaliser le mouvement pour « Ya Tshitshi ».

L’aile dure refusera. Le mouvement est pour un changement au Congo et non pour une personne. Beaucoup vont bouder. Rex Kazadi devient le visage du mouvement. Un cerveau, un visage et assez modéré.

Activiste de la première heure - regardez l’extrait- Rex Kazadi avait les moyens et connections pour structurer le mouvement.

Les musiciens congolais vont quand même essayer de jouer en Europe, notamment JB et Werrason. Nonchalant, presque hautain, vont-ils quand même pousser pour leur concert. Ils annuleront très rapidement par peur. Werrason, pourtant aimé à Paris, fuira de la capitale française.

Cette vidéo - devenue mythique- de Papy Kakol résume bien la situation. Plus de musique en Europe.

D’autres personnes comme @MuntuMosi vont prendre leur temps pour expliquer le contexte du boycott à la RFI. Très convaincant, le mouvement arrive à séduire toute la diaspora. « loyenge elakaki mpe trop, tofanda nanu kimia ».

Le boycott à l’aire d’avoir un effet immédiat dans la diaspora. Cette dernière est plus conscientisée sur problèmes du pays. Les artistes Congolais suivent. Fally crée sa fondation et s’allie. Ferre nous écrit cette chanson

Leurs aîné, Koffi Olomide est dans des salles affaires. Les combattants vont utiliser cette histoire pour prouver que ces musiciens ne savent pas se comporter et sont mêmes des criminelles.
lemonde.fr/afrique/articl…

ils appuient aussi sur le fait que ces musiciens chantent des criminelles au pays. Des généraux impliqués (Delphin Kahimbi !) dans des guerres, des milices (bana mura), des dictateurs africains (Sassou, Biya ou même Obiang) et des brasseurs corrompus. Le boycott est ultime.

entre les combattants il n’y a finalement pas de concertation. Rex Kazadi ne veut plus être associé à des personnes dites radicales: Babin Masombo, Odon Mbo ou même Boketshu. Et, il décidera d’enlever cette étiquette. Il prendra même le temps de discuter avec Fally sur le futur.

Mais pour les politiciens pro-changement - de tous les bords - ses combattant sont utiles, même les radicaux. Même quand ils font ce genre de geste. Il y’aura rarement une condamnation.

Comme vous voyez, nous avons passé un grand cap. Les manifs deviennent de plus en plus en ligne, sur les réseaux sociaux. Mais la force des combattants restent sur le terrain.

En 2015, quand Fally voudra faire un showcase à Bruxelles. Boketshu va rassembler 40 gars et tout sera annulé en moins de 24H. Des grandes bouches comme Boketshu sont appréciés.

Mais petit à petit, le mouvement fait face à déclin d’intellecte. « Mobiliser des personnes? Ok, mais à quelle prix » Certaines ne se retrouvent pas dans le mouvement.

D’autres congolais parlent d’un déclin des business. Matonge est dans les mains d’Asiatiques. « Nous n’arrivons plus à vendre, les concerts nous étions utiles » Les jeunes de la diaspora veulent vivre ce que leurs parents ont vécu des années avant.

Un peu avant les élections de 2018 des personnes comme Boketshu et Celezino sont devenus des sensations sur internet. Des petites vidéo avec des phrases mal construites en français tournent sur les réseaux. Éventuellement Les élections vont complètement changer la donne.

Après les élections les fidèles de Fatshi vont quitter la platforme. Le changement tant voulu est venu. Tandis que les autres ne sont pas convaincus, surtout après cette photo.

Pour les partisans de Fatshi et aussi d’autres, les combattants sont des radicaux sans un plan concret et résultats concrets.

Et pour les autres sont ceux qui étaient combattant mais qui ne le sont plus, après les élections de 2018, des fins opportunistes.

Conclusion et solutions possibles

Premièrement, ce n’est pas possible de dire que notre musique est apolitique. Dès le début, la politique était mêlé la musique en tant instrument de propagande. Même aujourd’hui nos musiciens chantent ces même politiciens.

Le fond y était dès le début mais j’estime que le manque de structuration commence à peser sur la diaspora. Néanmoins, je ne pense pas qu’une campagne de marginalisation où certains congolais reprennent les mots de partis racistes aidera la communauté.

Les pays qui sont bien occupés en Afrique sont -plus ou moins- en bonnes termes avec leur diaspora ex. Ghana, Maroc, Rwanda, Éthiopie etc. À l’état aussi de proposer une solution. Fatshi l’avait promis pendant son séjour à Londres.

Je m’arrête ici. Merci pour l’indulgence. Je m’excuse pour les coquilles. J’espère que vous avez appréciés. Je vais lire les retours calmement. Et n’hésitez à répondre à ce tweet avec des solutions possibles. 🙏🏾👍🏾