Thread by @LucieNoyer

En hommage à Florian Schneider-Esleben (et en souvenir de la mythique rubrique « GEG-flix » de @GEG_lgc), un fil sur les rapports entre #Kraftwerk et l’idée d’Europe 👇

1. À l’annonce de la disparition de Schneider hier, les nécrologies ont mis en avant deux points fondamentaux : #Kraftwerk a inventé l’électro et a permis l’essor d’une pop européenne non dérivée d’un modèle américain.

2. C’est déjà ce que disait B. Sumner dans cette tribune anti-Brexit : #Kraftwerk a permis l’émergence de genres musicaux continentaux (post-punk, eurodance) et a créé le « paysage sonore européen » dans lequel nous baignons toujours
theneweuropean.co.uk/culture/new-or…

3. Or, à l’époque d’Autobahn (1974), l’image « européenne » de Kraftwerk reste à construire. Schneider et ses amis ont encore les cheveux longs et ils sont clairement identifiés comme des représentants du « krautrock »…

4 … vague de rock ouest-allemand expérimental qui suscite à la fois l’intérêt et les moqueries de la presse musicale britannique…

5. (Parenthèse : ce « rock choucroute », voire « rock de Boche » reste une source de plaisanteries à notre époque, comme en atteste le meme ci-joint et cette superbe illustration de @bjennymontero).

6. Cependant, Kraftwerk trouve son public le plus fidèle hors des frontières de la R.F.A., notamment en France où le single de son album suivant, Radio-Activity, devient un tube en 1976.

7. À partir du milieu des années 1970, Kraftwerk soigne donc son image internationale avec des concepts albums plurilingues et consacrés à des réalités transnationales, par exemple la radio et le T.E.E., service de train ouest-européen.

8. Alors même qu’ils développent un son de plus en plus électronique et avant-gardiste, ses membres adoptent une esthétique évoquant la Mitteleuropa des années 1920 (Trans-Europe Express, 1977)…

9 … ou le constructivisme russe de l’entre-deux-guerres (The Man-Machine, 1978). Avec ces deux albums de 1977 de 1978, Kraftwerk s’établit comme la référence mondiale de la musique électronique et n’a cessé depuis d’inspirer avec plus ou moins de bonheur…

10 … les groupes de new-wave européenne (qui vont jusqu’au mimétisme assumé)…

11 … le hip-hop américain, la techno, la house. Il est difficile de tenir le compte de tous les artistes qui ont samplé Kraftwerk, ce qui n’empêche pas les fondateurs du groupe de tenter d’interdire les remixes non autorisés de leurs œuvres…

12 …au point qu’il existe depuis juillet 2019 au niveau européen une « jurisprudence Kraftwerk » encadrant le sampling. Preuve que le groupe de Düsseldorf restera dans l’histoire juridique européenne aussi bien que dans son histoire culturelle !
scinfolex.com/2019/08/04/apr…

13 Pour toujours plus de Kraftwerk, je recommande la consultation du classique « Man, Machine and Music » de Pascal Bussy…

14 … et du plus récent essai de Uwe Schütte paru cette année chez @PenguinBooks
legrandcontinent.eu/fr/2020/05/07/…