Morgane Leeloo Perséphone Lafay Profile picture
Jun 15, 2020 24 tweets 4 min read Read on X
Nouveau thread: Gérer le #burnoutmilitant. Je pense que ça sera utile pour pas mal d'entre nous en ce mot. Moi lae premièr·e.
Quand on milite, surtout sur les RS, on a tendance à se donner à fond et à toujours être au taquet...jusqu'à finir par avoir un trop plein face à la violence de certains trolls ou de simples connaissances.
Le problème, en tout cas quand on est comme moi, c'est qu'on oublie de se préserver et de prendre du temps pour nos émotions à nous.
Combien de fois n'ai-je pas eu ce sentiment de culpabilité en me disant "aujourd'hui, je fais une pause militante"? La vérité, c'est que je m'en veux alors terriblement en voyant passer certains statuts, certains articles.
Je m'en veux de ne pas réagir parce que je suis persuadé·e que si je ne fais rien, il n'y aura pas grand-monde pour se bousculer aux portillons et prendre la relève. Et tant pis si je souffre à la fin de la journée...
Qu'est-ce qui crée ça, chez nous, surtout pour les femmes et assignées femmes à la naissance?
1) Quand tu te mobilises, tu découvres qu'il y a beaucoup plus de travail que ce que tu pensais pour déconstruire la société. Pression...
2) Pression informelle des pairs. Tu vois les autres continuer donc tu continues. Sans penser au fait qu'iels sont peut-être dans la même situation. On a du mal à se défaire du carcan du patriarcat qui veut qu'on assume trop, en souffrant en silence parce que c'est notre rôle.
Mécanisme tout aussi capitaliste, soit dit en passant. C'est pas notre faute, c'est inculqué dès la naissance, parfois même pas exprès. On veut tout faire bien, on veut TROP bien faire.
3) La logique interne. Chaque fois que tu fais quelque chose, la petite voix militante au fond de toi te sermonne. "Oui, super ton event, mais il est pas assez inclusif!", par exemple.
4) Les ami·e·s qui ont besoin de toi pour avoir des ressources. Tu es connu pour être lea militant·e de service, donc tu leur DOIS de leur répondre quand iels ont besoin d'outils pédagogiques. La vérité? C'est faux. Iels t'en voudront jamais de dire "plus tard".
5) Ta sensibilité face aux injustices du monde. Impossible de ne plus réagir face aux blagues "culture du viol", aux injonctions patriarcales, au racisme systémique, à la transphobie, quitte à t'en rendre malade. Des ami·e·s, de la famille créent sans le savoir une charge mentale
6) Tu vis les injustices que tu combats. C'est donc un travail émotionnel supplémentaire à gérer et du coup, tu n'as pas vraiment l'occasion de prendre du recul et de te faire du bien.
Et j'en passe... Avec tout ça, c'est vraiment difficile de se dire qu'il faut prendre du pour se ressourcer, au milieu de tout ça. OK, la Terre ne va pas s'arrêter de tourner sans nous mais même pendant les guerres, il y a des trêves. Du coup, on fait quoi?
A) On se rappelle que le care est aussi un acte politique. Quand on prend du temps pour soi, on fait un pied de nez au capitalisme. Et on se rassure en se rappelant que le collectif est là, derrière, en soutien.
B) On fait un truc doudou sans aucun rapport avec nos luttes. Et tant pis si c'est un "cliché sexiste", par exemple. On le sait, ça va, merci. Maintenant, laissez-moi en paix aller regarder ma comédie romantique en me faisant une manucure. Et sans culpabiliser.
Faire ça ne va pas "casser" notre féminisme en morceaux. On est conscientisé·e·s et c'est le principal.
C) Téléphoner, texter, parler sur les RS à quelqu'un pour parler d'autres choses. Prendre des RDV à écrire dans notre agenda, qu'on sait qui seront des moments de pause (et ne pas se mordre les doigts si on parle quand même de lutte en buvant son cappucino)
D) Fermer les RS et les journaux pour une journée ou plus. Je vous rassure (ou pas), les propos qui nous frisent les nerfs seront toujours là demain. On a le droit de reprendre des forces avant d'y retourner.
E) Se rappeler qu'on n'est pas dans l'obligation d'être sur tous les fronts. Il y a des gens plus légitimes que nous dans certains combats. Oui, on peut les aider et les soutenir. Mais pas au dépit de notre santé mentale. Il faut de la mesure dans toute chose.
F) On fait un truc qui nous fait du bien et nous amène ailleurs le temps qu'on le fasse, que ce soit danser sur le tube de l'été, lire un bouquin au fond de son lit en buvant un verre de vin, regarder des vidéos de chatons sur youtube, ou des docs sur les tueur·se·s en série.
Rappelons-nous une chose primordiale: Personne ne nous a demandé d'être militant·e. On le fait parce qu'on le veut/peut. Ce n'est pas un travail rémunéré mais c'est un travail quand même. Donc, on a le devoir de prendre des congés de temps en temps.
Plein de bisous sur vos truffes, si consentis. Je vous envoie plein de bienveillance.

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Jun 3, 2020
Si votre seule manière de montrer votre soutien aux personnes racisées et concernées c'est de mettre un carré noir sur les réseaux sociaux, remettez-vous en question.
Partagez des ressources et la parole des concerné·es qui vivent ça tous les jours, éduquez-vous,
arrêtez l'alliance performative qui vous fait juste vous sentir bien et vous dédouane. Cela ne suffit pas d'être anti-racistes. Activez-vous!
Et je rappelle qu'il n'y a pas qu'aux USA que les violences policières font des morts.
En Europe, en France, en Belgique, ça arrive tous les jours. Adil! Mawda! Partagez les noms des victimes. Arrêtez de partager des vidéos qui traumatisent les concerné·e·s. Éduquez-vous, vous-même.
Read 5 tweets
May 31, 2020
Mon premier thread sera sur l'oversharing.

On va mettre les choses au clair direct: J'exècre le terme « #oversharing ».
Quand je partage de mes maladies physiques et mentales, je #visibilise l'existence de mes semblables. Je rappelle que nous existons.
Du coup, ce thread est une dédicace à tout·e·s mes buddies #spoonies et #neuroatypiques.
Et un peu de pédagogie pour vous, nos ami·e·s et proches neurotypiques et valides. Parce qu'on vous aime.
Déjà, je propose de remplacer « oversharing » par « conscience sharing ». Ou de simplement utiliser le mot « partage ». Parce que c'est plutôt de ça dont il s'agit.
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