Thread by @sebtixlovesyou

Vous serez rassurés de savoir que le gouverneur de la @banquedefrance ne comprend rien à l'économie et la comptabilité – ou le prétend, pour défendre une politique de classe.

Pourquoi ses propos n'ont simplement aucun sens, et pourquoi c'est complètement con? un (long thread)⬇️

https://twitter.com/franceinter/status/1281106103498047494

Tout d'abord, puisqu'il est question de la "dépense publique", rappelons que les dépenses privées représentent une somme équivalente à 200% du PIB.
Mais alors comment c'est possible d'avoir plus de 100% du PIB ? Parce que le PIB ne mesure pas les dépenses mais la valeur ajoutée.

Imaginez une entreprise A qui vend un produit à 75€, et dont les dépenses pour sa production (hors salaires, impôts, etc) sont de 55€.
La valeur ajoutée est donc de 75 - 55 = 20€.
Ces 20€ sont sa contribution au PIB.
Les 55€ de dépenses n'entrent pas en compte dans le PIB

Evidemment cette entreprise n'est pas toute seule : en plus de ses 20€ de contribution au PIB, l'ensemble de toutes les entreprises donne un total de 100€ de PIB. Chacune à des dépenses qui lui sont propres.

Et maintenant ?

Maintenant, imaginez quelqu'un qui se pointe sur un plateau et dise au micro crânement : "55% de la richesse produite se fait dans les dépenses de l'entreprise A"...

Wait. What ???
Hein ?

Malaise.

Normalement là, vous vous dites "je n'ai rien compris, cette phrase n'a pas de sens" : et vous avez raison, elle n'en a aucun. Elle confond et mélange l'apport en valeur ajoutée d'une entreprise, et ses dépenses comparées à la somme des valeurs ajoutées de toutes les entreprises

Autant dire "55% des productions de radis se font dans les ventes de barquettes de tomates"

Sauf que cette personne qui dit ça c'est notre gouverneur de la banque de France.

#oklm

Disons le encore autrement :
Imaginons des artisans qui fabriquent des sculptures en bois. Ils partent de rondins de bois qu'ils taillent.

Tout se passe bien jusqu'à ce qu'un homme monte sur scène :

C'est le gouverneur de la banque de France, qui prend le micro : "Pour produire une sculpture de 20 kg, cet artisan là a besoin de 55 kg de copeaux. 55% du poids des sculptures produites se fait dans les copeaux de cet artisan".

OKAY, reprends un cachet, FranFran, tu dis nimp.

Alors que penser? Que FranFran est vraiment demeuré? Ou que, quand même, ne pas savoir ce qu'est le PIB c'est étonnant pour un gouverneur de la banque de France?

Quel est l'objectif? Faire croire que le service public coûterait trop cher, sur la base d'une comparaison mensongère

"Oui bon d'accord, mais quand même, le PIB ça compte les salaires du service public ! C'est bien de la dépense !" Évidement que les salaires du public sont *comptés* dans le PIB ... tout comme le sont les salaires du privé : c'est la définition du PIB qui compte la valeur ajoutée

"bizarrement" on n'appelle pas les salaires du privé de la "dépense" dans ce cas...

Mais essayons d'aller jusqu'au bout de la "logique" du gouverneur : si on devait baisser les salaires du public, quelle serait la conséquence pour le PIB ? Et bien du coup le PIB ... baisserait.

Pourtant, ce sont les mêmes qui vouent le culte de la croissance sans fin du PIB.

En plus de raconter n'importe quoi, il n'est pas très logique FranFran...

"Oui bon d'accord, d'accord, mais on pourrait transférer ces dépenses vers le privé" : haaaa on y vient :) Mais dans ce cas on ne réduit pas le coût du modèle social, on se contente simplement de le privatiser.

Or généralement, l'histoire démontre que ça coûte ... plus cher.

Corollaire de tout ça : puisque la dépense privée représente l'équivalent de 200% du PIB, et la dépense publique 55% de celui-ci, il est donc évidement ARCHI FAUX de dire, comme certains, que "le secteur public *récupère* 55% de la richesse produite, ne laissant que 45% au privé"

Mais notre gouverneur de la banque de France n'est pas le seul : rappelons ce qu'en disait notre cher président, qui – soit disant – a une formation d'économiste :

https://twitter.com/sebtixlovesyou/status/1080483837426233344

L'autre question, c'est aussi de savoir quand @franceinter aura des journalistes avec les compétences suffisantes pour ne pas laisser les invités raconter *littéralement* n'importe quoi sur leur plateau ?
Ou, plus abruptement, de savoir quand l'incompétence cède à la complicité ?