Pour faire suite à l'article de @mediapart du jour sur le volume d'affaires que @Francetele assure depuis 4 ans à la société de production de @Nagui, voici en thread les chiffres de la production de flux que je dévoilais dans @lemondefr en 2012 : lemonde.fr/idees/article/…
En 2012, les dix principaux fournisseurs de @Francetele dans le flux, selon une étude interne, sont 1/ le groupe Banijay de Stéphane Courbit, qui s'est associé à Nagui ("Taratata" et "N'oubliez pas les paroles"), pour 24,8 millions d'euros par an.
Le groupe Lagardère (notamment "C dans l'air", "C Politique", émissions produites par le journaliste Jérôme Bellay) pour 23,7 millions d'euros par an (chiffre 2012)
3/ RTL Group ("Mots de passe", "Question pour un champion") pour 22,2 millions d'euros par an (chiffre 2012)
4/ Effervescence productions de Simone Harari ("Tout le monde veut prendre sa place", "Slam") pour 20,1 millions d'euros (chiffre 2012)
5 / Tout sur l'écran de Catherine Barma ("On n'est pas couché", "On n'demande qu'à en rire") pour 19,9 millions d'euros par an (chiffre 2012)
6/ Réservoir Prod qui appartenait à Jean-Luc Delarue ("Toute une histoire") pour 16,5 millions d'euros par an (chiffre 2012)
7/ DMD, la maison de production de Michel Drucker ("Vivement dimanche") pour 14,7 millions d'euros par an (chiffre 2012)
8 / Voilà le reste du classement (Marianne en 2014), avec notamment R&G Productions, Martange (qui produit Stéphane Bern) et Troisième Oeil Productions (Pierre-Antoine Capton, notamment "C à vous", tous à l'époque (2012) à plus de 11 millions d'euros de volume / an assuré. 
Voici l'analyse qu'en tirait Emmanuel Schwartzenberg alors journaliste du @Le_Figaro tvmag.lefigaro.fr/programme-tv/a…
Toujours pour faire suite à l’article sur #Nagui et France Télé de ce jour, voici les marges qui se pratiquaient concernant les animateurs producteurs il y a désormais 12/13 ans sur le service public (début Carolis). A l’époque, le PDG avait souhaité renégocier les contrats 👇
On s'aperçoit avec cette liste publiée dans mon livre "France Télévisions off the record" en 2010, que les animateurs-producteurs de l'époque bénéficiaient de grasses marges sur coût direct, notamment Patrick Sébastien (63,5 % !), mais aussi...
Catherine Barma pour l'émission "On a tout essayé" avec 54,72 % de marge sur coût direct (une émission de plateau avec des chroniqueurs), ou pour "On n'est pas couché" avec 28,99 % de marge...
Avec 35,96 % de marge sur coût direct, Michel Drucker et son "Vivement Dimanche" n'était pas non plus en reste (souvenez-vous les fameux canapés rouges réutilisés chaque année...)
Si Patrick Sébastien profitait d’une telle marge, c’est qu’il avait notamment pris l’habitude de facturer des « best of » au même prix qu’une vraie émission (pour 603 000 euros le numéro tout de même...) 👇chiffres de 2004/2005 dans « France Télévisions off the record »
Au passage, vous remarquerez que feu Jean-Luc Delarue associé à Franck Saurat vendait en 2005 pour près de 12 millions d’euros d’émissions de zapping à France 2 en plus de ses émissions emblématiques comme « ça se discute » (15,595 millions)👇À l’époque le PDG était Marc Tessier.
Depuis, la TNT, internet, et la fin de la pub après 20h sur le SP, a quelque peu bouleversé l’économie du secteur. Dans un article de @lorisguemart, on apprend ainsi que @Francetele ne dépense par an plus que 375 millions par an en émissions de flux (contre 500 il y a 10 ans)
Pour replacer tous ces chiffres dans leur contexte, @Francetele c’est globalement depuis 20 ans, 3 milliards d’euros de budget, dont 1 milliard consacré par an aux programmes de flux (divertissement, talks) et de stock (fictions, docs).
Peu à peu, on assiste à une concentration du secteur, les animateurs-producteurs du service public ont laissé la place à des grands groupes de production appartenant à des milliardaires ou chaînes privées.
Comme Banijay (Bolloré en partie), l'un des premiers producteurs privés au monde, Newen (TF1), producteur de Plus belle la vie via sa filiale Telfrance, ou Mediawan, venue de la TNT et producteur de C à vous (Capton qui a beaucoup grandi, désormais associé à Niel et Pigasse).
Les dividendes issus de l’activité de Air Productions profitent donc aux deux associés de Nagui, Stéphane Courbit et Vincent Bolloré, dont le groupe inclut aussi les émissions de Hanouna google.fr/amp/s/www.capi…
Depuis 10 ans, France Télé tente de renégocier, on peut estimer les baisses entre 5% et 10%, mais « on n’est pas couché » coûtait 190000 € par numéro cette année, le même prix qu’il y a 15 ans pour « tout le monde en parle » (187000€) Entre temps, l’audience a été divisée par 3
Mais aujourd’hui, le réel scandale de la production de France Télé, c’est que les chaînes publiques (malgré quelques progrès sous Ernotte) ne bénéficient que rarement de droits de coproduction sur les émissions financées. C’est ce que j’expliquais ici lemonde.fr/idees/article/…
Par le passé, France Télé s’est ainsi retrouvé à financer « Touche pas à mon poste » durant un an sur France 4 sans pouvoir empêcher Hanouna de vendre son concept à Bolloré.
Idem des marques aussi prestigieuses que « taratata » ou « fort boyard » étaient la propriété exclusives de leurs « producteurs », sans que France Télé ne bénéficie de droits sur ces programmes.
Comme souvent, les profits pour le privé, les pertes, pour le public. Mais cette difficulté de négocier des droits de coproduction ou de bénéficier de droits dérivés etc pour France Télé est aujourd’hui un handicap majeur à l’heure des plateformes VOD type Netflix.
Ernotte tout en jouant les grands groupes privés de flux, a parfois réussi à récupérer des droits de coproduction ou à réinternaliser une partie de la production : c’est le cas du feuilleton du soir de France 2, contrairement à Plus Belle la vie de France 3 qui appartient à.. TF1
Mais tous ces derniers éléments nécessiteraient une nouvelle enquête et un vrai bilan. Que font les parlementaires chargés de contrôler le groupe public avec la cour des comptes ?
Et pour les passionnés de la question, une émission de @FabriceDrouelle sur « l’affaire Elkabbach » avec mes commentaires d’après doc.
