Thread by @IbnAordur

Thread : Le Jésus historique

(basé sur le travail de Bart Ehrman « Historical Jesus »)

C parti pour un (très long) thread sur la figure historique de Jésus

1-Les sources, et comment les utiliser

2-Qui fut Jésus, ses actes et enseignements ?

3-Quel christianisme au 1er s ?

1-A) Les évangiles :

Les érudits sont unanimes pour dire que les 1eres sources sont :

-les lettres de Paul, écrites 15 ans environ après la mort de Jésus

-puis les évangiles canoniques, qui furent écrits quelques décennies après la mort de Jésus

Marc : 65–70

Matthieu et Luc : 80–85

Jean : 90–95

Point important : ces textes sont issus de communautés indépendantes les unes des autres.

Même si les auteurs de Matthieu et Luc utilisent Marc, et d’autres sources nommées « M », et « L ».

Actuellement, la plupart des chercheurs pensent que les Évangiles contiennent des histoires sur Jésus qui sont historiquement inexactes, dans le sens où elles ne peuvent pas avoir eu lieu comme décrit.

Mais qu’ils sont pourtant conçus pour révéler la « vérité » à son sujet.

Ils contiennent des mythes, des récits qui ont pour objectif de transmettre une vérité, mais pas forcément des évènements qui se produisirent.

Le mythe est une histoire de type historique (mais fictive) qui vise à transmettre une vérité religieuse et profonde.

Certaines histoires sont racontées par plus d'un évangile et, souvent, ces récits contiennent des divergences

Certaines histoires sont invraisemblables à la lumière de ce que nous savons déjà sur le monde antique

Au lieu d’examiner toutes les différences entre évangiles, il faut les accepter pour ce qu’ils sont :

Des documents qui veulent dire la « vérité » sur Jésus, même si cette vérité n’est pas tjrs basée sur des évènements qui se produisirent.

Il ne s’agit pas de dire que toutes les histoires ne sont pas fiables :

Les évangiles contiennent aussi un matériau historiquement fiable, utilisable pour déterminer ce que Jésus a vraiment dit ou fait.

Les auteurs ne prétendent pas être des témoins oculaires, et 2 évangélistes admettent avoir hérité d’histoires de la tradition orale.

Les évangiles furent rédigés de façon anonyme, et les noms des auteurs n’avaient pas d’importance pour les lecteurs.

Les 4 évangiles sont écrits en grec par des auteurs alphabétisés et instruits (15% d’alphabétisation à cette époque).

En moins de 50 ans, un minuscule groupe de chrétiens (environ une 30aine immédiatement après la mort de Jésus), propagea la religion de façon orale et se multiplia, dans tous les grands centres urbains méditerranéens.

Ils essayaient de convertir des païens en parlant de la vie et des enseignements de Jésus

Ce qui entraina des modifications, volontaires et involontaires dans les récits

B) les évangiles apocryphes et autres sources :

Dans l'ensemble, les Évangiles non canoniques sont tardifs (du 2e au 8eme s.) et légendaires.

Les plus anciens sont :

- « Evangile de l’enfance », de Thomas : récits légendaires sur l’enfance de Jésus (1ere moitié 2eme s)

- « L’évangile de Pierre » : un récit fragmentaire du procès de Jésus, sa mort et sa résurrection. (1er moitié 2eme s)

Le caractère légendaire de ces 2 récits est évident et ils ne sont pas d’une grande utilité dans le cadre d’une discussion sur le Jésus historique.

Cependant, nous pouvons noter qu’il ne semble pas que l’auteur de l’évangile de Pierre se soit inspiré d’un évangile canonique.

Nous n’y retrouvons pas les similitudes verbales habituelles.

Mais de nombreux points de ressemblance, et des divergences frappantes et peu crédibles.

-« L’Évangile copte de Thomas », découvert en Egypte, avec d’autres manuscrits (gnostiques essentiellement) à Nag Hammadi :

Il s’agit de 114 paroles de Jésus ordonnées au hasard, ne contenant aucun récit de la vie de Jésus et rien sur sa mort et sa résurrection.

On peut le dater, soit du 1er siècle, soit de la 1ere moitié sur 2eme s.

Les chercheurs concluent que cet auteur pseudonyme connaissait un certain nb de paroles de Jésus. Et qu'il les comprenait d'une manière particulière, gnostique

Il avait entendu des traditions qui circulaient sur Jésus

Il peut être utile pr savoir ce que Jésus a vraiment dit

(On voit ici que, loin des fantasmes, des médias et des détracteurs, sur les nombreux évangiles apocryphes … très peu de textes peuvent, potentiellement, et avec précaution, servir dans le cadre d’une discussion sur le Jésus historique).

- La source Q : le document perdu appelé «Q» a été utilisé par les auteurs de Matthieu et Luc comme source pour un bon nombre des paroles de Jésus.

La plupart des chercheurs s’accordent sur l’existence de la source Q, même si elle n'est plus disponible ; Elle est datée d'une période peu avant Marc, vers 50 après JC.

Nous supposons qu’elle contenait uniquement des paroles de Jésus.

- En 112, Pline le Jeune (gouverneur de la province équivalente à la Turquie) écrit à l’empereur Trajan, et rapporte des problèmes administratifs avec des chrétiens qui se réunissent illégalement, qui st disciples du «Christ, qu'ils adorent en tant que Dieu» (« Lettre 10 »)

- Tacite, en 115, rapporte ds « les annales », qu’en 64, l’empereur Néron chercha un bouc émissaire pr l’incendie de Rome, et fit arrêter, torturer, et exécuter pr cela des

« disciples du Christ, qui avait été crucifié sous Ponce Pilate en Judée, lorsque Tibère était empereur »

- Enfin, Flavius Josèphe (37-100) l’historien juif, dont les écrits sur Jésus coïncident avec ce que rapportent les évangiles : Jésus était appelé le Messie, et avait un frère qui s’appelait Jacques.

Il était un homme sage et fut crucifié sous Ponce Pilate.

Des historiens débattent des propos exacts de Josèphe sur Jésus, mais les citations, même sous une forme restreinte (une fois ôtées les interpolations), sont attestées et acceptées par l’ensemble.

-En plus de la source Q, les rédacteurs de Matthieu et Luc eurent accès à des sources antérieures spécifiques, nommées « M », et «L ».

C) les lettres de Paul :

De tous, les textes de Paul sont les plus anciens (environ 15 ans après Jésus), on peut y trouver que :

Jésus est né d’une femme (Gal 4-4), il était juif (Gal 4-4), il avait des frères dont l’un s’appelait Jacques (1 Cor. 9-5; Gal. 1-19)

il avait 12 disciples (1 Cor 15-5)
il exerça son ministère auprès des juifs (rom 15-1)
il enseigna à ses disciples qu’ils n’avaient pas à divorcer (1 Cor 7-11), ni à payer pour leurs ministres du culte (1 cor 9-14)

il a mangé lors d’une célébration avec ses disciples (1 cor 11-23 à 26), il fut trahi (1 cor 11-23), puis crucifié (1 cor 2-2).

Certaines de ces sources sont totalement indépendantes les unes des autres.

D) Comment les utiliser pour reconstruire la vie de Jésus ?

En connaissant le contexte historique, et en attribuant un poids particulier aux sources qui fournissent la représentation de Jésus la moins développée théologiquement.

3 critères sont retenus :

1er critère : l'attestation indépendante :

Toute tradition au sujet de Jésus qui est attestée séparément dans les sources multiples est plus susceptible d'être authentiquement historique qu'une tradition trouvée dans une seule source.

(Précisons que les sources disponibles sont celles mentionnées ci-dessus … donc si quelqu’un prétend quelque chose qui ne se trouve pas dans ces sources : il l’invente).

Nous savons l’existence de sources anciennes et indépendantes : Paul, Marc, « M », « L », « Q », Thomas, et Josèphe …

Et avons la chance d’avoir le genre de sources exigées par les historiens pour ce critère :

-Marc ne connaissait pas « Q »

-Jean n'avait probablement pas lu les synoptiques.

-Paul, qui écrivait avant les évangiles ne savait, évidemment, pas ce qu'ils allaient dire.

-Les évangélistes ne montrent aucunement avoir été influencé par Paul

Bien sur, ce critère ne fonctionne qu’avec des sources réellement indépendantes, mais, si une tradition se retrouve dans plusieurs de ces sources, alors elle nous rapproche du Jésus historique.

Par exemple, la rencontre entre Jean le Baptiste et Jésus, au début de son ministère, se trouve attestée dans Marc, « Q », et Jean … qui sont totalement indépendant les uns des autres.

Dans les 4 évangiles, Jésus est crucifié sous Ponce Pilate, ainsi que dans Pierre et Paul, et chez Josèphe et Tacite.
Jésus avait des frères, et l’un d’eux s’appelait Jacques …

On trouve cette attestation chez Marc (6-3), Jean (7-3), Paul (Cor 9-5), et Josèphe.

Jésus a provoqué une perturbation dans le Temple, et mit en colère les Juifs.

Il a prédit que le Temple serait détruit. (Marc 11-15, Jean 2-15, Marc 13-2, Jean 2-19, Thomas 71)

Jésus raconte des paraboles, et compare le Royaume de Dieu aux semences : Marc, « Q », Thomas.

Attention, cette méthode ne doit pas conclure à rejeter toutes les histoires qui ne se trouvent que dans une seule source : celles-ci peuvent aussi être vraies.

Et d’autres critères doivent obligatoirement être appliqués.

- Le 2eme critère est « l’embarras » :

Une tradition qui ne coïncide pas avec, ou va à l’encontre, des intérêts des chrétiens/auteurs, a une meilleure proba historique

Le principe est de considérer que les chrétiens n’ont pas intérêt à inventer des récits qui les desservent

Par ex, il était largement admis chez les 1ers chrétiens qu’une personne baptisée était inférieure, symboliquement, à celle qui faisait le baptême….

Or Jésus fut baptisé par Jean le Baptiste : cet épisode à une meilleure probabilité historique que les autres.

De même, l’idée que le Messie serait crucifié était scandaleuse pour la plupart des juifs, qui attendaient une figure de pouvoir qui renverserait les forces du mal pour amener le royaume de Dieu (1 Cor 1-23)

La trahison de Judas (multiples attestations), un de ses plus proches disciples, pouvait laisser entendre que le Messie manquait d’autorité ou de pouvoir : elle remplit donc ce critère.

La parabole des moutons et des chèvres dans Matthieu 25 (notion de Salut selon les bonnes actions), va à l’encontre de la croyance des 1ers chrétiens, qui croyaient au Salut par la mort et résurrection de Jésus.

Evidemment, ce critère fonctionne aussi dans l’autre sens.

-Le 3eme critère est la « crédibilité contextuelle » :

Une tradition qui ne serait pas plausible dans le contexte juif du 1er siècle ne peut être considérée comme fiable

(il s’agit, contrairement aux 2 autres, d’un critère négatif, qui vise à éliminer des traditions)

Par ex, certaines paroles de l’évangile de Thomas ne répondent pas à ce critère, et ne peuvent naitre que ds un milieu gnostique du 2eme s.

L’évangile de Pierre mentionne qu’Hérode fit exécuter Jésus, or ça ne correspond pas à ce que ns savons sur l’administration de la Judée

La conversation entre Jésus et Nicodème dans, Jean 3, contient un jeu de mot en grec, et donc ne peut s’être déroulée ainsi … puisque Jésus parlait araméen.

2eme partie du thread : La vie de Jésus

Concernant tout personnage historique, l'historien ne peut pas reconstruire le passé avec une certitude absolue.

Il peut déterminer au mieux de nos capacités, ce qui s'est probablement passé en appliquant les critères ci dessus.

Nous n’avons aucun moyen de savoir si Marie était réellement vierge.

Ce récit se trouve chez Matthieu et Luc, qui ont un intérêt doctrinal .. et, le récit, bien sûr, ne répond pas au critère de « l’embarras ».

Jésus vient de Nazareth (mais la naissance à Bethleem ne se trouve que chez Matthieu et Luc (même conclusion que précédemment à ce propos).

Il est né juif et reçu une éducation juive.

Ses parents sont Joseph et Marie (attesté par Matthieu 1-16 à 18, Marc 6-3, Luc 2-5, 16, 3-23, Jean 1-45 + sources rabbiniques)

Le fait de n’avoir aucun récit sur Joseph laisse supposer qu’il était mort à l’époque du ministère de Jésus.

Cependant, l’idée qu’il fut un vieillard marié à la jeune Marie n’arrive qu’au 2eme siècle et ne se trouve dans aucune de ces sources anciennes.

Marie a survécu à Jésus.

Jésus avait des frères et Marc mentionne des sœurs (6-3), et il était probablement le plus âgé.

Il parlait araméen, mais savait lire l’hébreu, et avait suffisamment appris les Ecritures pour pouvoir les enseigner

(Attesté par diverses sources, qui remplissent, pour certaines, le critère de l’embarras : Marc 5-41, 7-34, 12-10, 26, 9-5, 6-2, Jean 1-42, 3-2, 7-15, Luc 4-16 à 20)

Il n’était aligné sur aucun des 3 groupes religieux juifs principaux de l’époque (Pharisiens, 6000 membres, Saducéens, peu nombreux, Esséniens, 4000 membres), ms avait des racines profondément ancrées ds chacun d’eux

La population juive comptait entre 3 et 4 millions d’individus

Il ne fait aucun doute que Jésus a commencé son ministère en s'associant à Jean le Baptiste.

Les traditions sont attestées séparément, et différentes de ce que les chrétiens voulaient dire de Jésus.

Le thème du rejet de Jésus par sa famille, notamment ses frères, est attesté dans des traditions multiples et indépendantes.

Il fut également rejeté à Nazareth et d’autres villages en Galilée.

« Un prophète n'est méprisé que dans sa patrie, parmi ses parents, et dans sa maison » Marc 6-4

Il est également attesté qu’il eut, ensuite, 12 « apôtres », qui représentent symboliquement les 12 tribus d’Israël.

(aucun parent à lui parmi ses apôtres, d'après B.Ehrman)

Sa principale activité consiste à voyager en Galilée, prêcher la bonne nouvelle, et rassembler des disciples.

La prédication se déroule principalement en milieu rural, dans des villages, dans des champs.

Il utilisa sans doute le village de Capharnaüm comme base pour son groupe.

Un point parmi les plus fréquemment rapporté sur Jésus est la réalisation de miracles, en particulier ses capacités à chasser les démons et guérir les malades

(Bien évidemment, l’Historien ne se prononce pas sur l’historicité du surnaturel)

Des récits d’exorcisme se retrouvent à de multiples reprises (Marc, « M », « L »).

Les sources les plus anciennes et exactes historiquement (« Q », Marc, « M », « L »), décrivent, chez Jésus, et Jean le Baptiste, un point de vue apocalyptique.

L’Historien peut dire que Jésus était communément supposé avoir fait de telles choses, et que cette croyance était généralement comprise de façon apocalyptique.

En chassant les démons, en guérissant les malades et en ressuscitant les morts, Jésus incarnait ce à quoi ressemblerait la vie lorsque le royaume de Dieu serait arrivé.

Jésus disant que le jugement se produirait dans sa propre génération, que Dieu allait intervenir, Son Royaume advenir, et les forces du mal être vaincues.

Le personnage cosmique du « Fils de l’Homme » appliquera le Jugement

(qu’on trouve dans le livre de Daniel, 7-13, 14, et attesté par les manuscrits de Qmran 1 Enoch 69-4, Esdras 13-1 à 11)

Il est attesté par des sources indépendantes, que Jésus aurait voulu que le grand Temple à Jérusalem, le centre de toute la religion juive, soit détruit à l'apparition du Fils de l'Homme.

Qu’un juif dise de telles choses est crédible. Le prophète Jérémie faisait une prédiction similaire 6 siècles plus tôt (Jérémie 7).

Ses enseignements éthiques visent à montrer aux gens ce qu'ils doivent faire, maintenant, pour échapper au Jugement : Etres humbles, ne pas s’attacher aux biens et choses terrestres.

Jésus enseignait que ce n’est pas le droit et la pratique religieuse qui conduisent au Royaume, mais la sincérité et le repentir … Les prostituées entreront dans le Royaume avant les dirigeants juifs.

(Matt 21-31, Luc 18-9 à 14).

Jésus interprète fréquemment la loi juive, dans différentes traditions attestées séparément.

Il souligna deux lois en particulier :

Aimer Dieu par-dessus tout (Deut 6-4) et aimer son prochain comme soi-même (Lev 19-18)

Contrairement aux Pharisiens, Jésus ne pensait pas que Dieu se souciait du respect scrupuleux de chaque détail de la loi mosaïque.

Contrairement aux Saducéens, il ne pensait pas que le respect scrupuleux des lois sur la manière de se sacrifier au Temple mettrait une personne dans une position juste devant Dieu.

Et contrairement aux Esséniens, il ne pensait pas que maintenir sa propre pureté rituelle en se séparant du reste du monde était ce que voulait Dieu.

Il pensait qu’aimer Dieu et son prochain permettrai d’entrer au Royaume de Dieu.

Rien n’est plus important que le Royaume à venir, ni la nourriture, ni les vêtements, ni la famille, ni les possessions.

Dieu aime ses enfants, et donc Il pourvoira à leurs besoins matériels, s’ils croient et le Lui demandent.

Dans la société juive du 1er siècle, les hommes non mariés, comme Jésus, étaient souvent des ascètes .. (Cela dit, il n’enseigna jamais contre le mariage)

L’amour pour Dieu et pour son prochain doit amener au vrai sens de la loi mosaïque :

La loi dit de ne pas assassiner, mais si vous aimez votre prochain, alors vous ne vous fâcherez même pas contre lui.

La loi dit de ne pas prendre la femme de son prochain, mais si vous aimez votre prochain, vous n’aurez même pas envie de la prendre.

La loi stipule le talion, mais si vous aimez votre prochain, vous ne demanderez pas cette sanction à son égard.
Vous devez pardonner aux autres, afin que Dieu vous pardonne aussi.

Ne devez pas juger, pour ne pas être jugé.

Il est attesté que Jésus était particulièrement entouré de femmes (Marc 15-40 à 45, Thomas 114, Luc 8-1 à 3, Jean 4, etc..).

Alors qu'en Palestine du 1er siècle, l’engagement des femmes dans la vie publique était limité.

La venue du Royaume de Dieu instaurant l’égalité et l’exaltation des opprimés fut un discours qui attira donc des femmes.

De façon particulière, Jésus était préoccupé par le fait que ses disciples aiment ceux qui étaient défavorisés et opprimés ...les pauvres, les malades mentaux, les malades en phase terminale, les exclus, les emprisonnés.

Ces gens héritiers du royaume à son arrivée.

Ceux qui se sont complètement engagés dans l’amour, envers Dieu et leurs frères humains, survivront au Jugement à venir.

Pendant son ministère de prédication en Galilée, cependant, Jésus n'a aucune confrontation avec les Juifs puissants du Temple de Jérusalem, mais uniquement avec des enseignants locaux qui appartenaient aux Pharisiens, et qui portaient sur l’interprétation de la Loi.

L’épisode sur le Shabbat est attesté : « le Shabbat est fait pour l’homme, et non l’homme pour le Shabbat ».

Et celui sur les impôts : « Rendez à César ce qui appartient à César ».

Toute interprétation de la loi qui n'a pas pour mais principal l'amour des autres avant tout, était, pour Jésus, complètement erronée.

À la fin de sa vie, son rejet par l'aristocratie qui dirigeait le Temple, les Sadducéens, a finalement conduit à son exécution par les Romains.

Nous avons une meilleure documentation pour la dernière semaine de Jésus que pour toute autre période.

Il quitta la Galilée pour la capitale, Jérusalem, afin de célébrer la fête de la Pâque

Mais, si Jésus n’avait été qu’un Rabbin prêchant l’amour et exhortant ses fidèles à l’ascétisme, pourquoi les Romains l’auraient ils tué ?

Il semble qu'il ne soit pas allé à la fête en tant que pèlerin, mais en tant que prophète apocalyptique pour livrer son message de destruction imminente et de Salut, au cœur d'Israël, au Temple de Jérusalem, et inciter les gens à se repentir avant qu'il ne soit trop tard.

Lorsque Jésus entra dans le Temple, il provoqua une perturbation, notamment en disant que lorsque le Fils de L'homme arrivera, le Temple lui-même serait détruit

Il renversa des tables et provoqua un léger chahut, voulant, notamment, chasser ceux qui vendaient des animaux.

Pour Jésus, le culte du Temple et les fonctionnaires en charge étaient, au mieux, une mesure temporaire, et au pire une corruption du plan de Dieu.

Ils seront éliminés lorsque le Royaume arrivera.

Les autorités locales, qui craignaient des émeutes, se sont arrangées pour que Jésus soit retiré tranquillement des yeux du public.

Cependant, ils ne pouvaient pas gérer eux-mêmes une condamnation, les Romains ne permettaient pas aux autorités juives d’exécuter les criminels

Ils livrèrent Jésus au gouverneur, Ponce Pilate, qui n'avait aucun scrupule à éliminer un autre fauteur de troubles qui pourrait causer une perturbation majeure.

Jésus a ensuite été exécuté par les Romains sur des accusations politiques

Avant son arrestation, Jésus réalisa que son temps était écoulé, et fit un dernier repas avec ses disciples.

il savait déjà que ses ennemis allaient s’en prendre à lui

Lors de ce dernier repas, Jésus attribua un nouveau symbolisme aux aliments

(Marc, Paul, Matthieu, Luc)

Jésus à, presque certainement, été trahi par l'un de ses propres disciples, Judas l’Iscariote

(Marc, Paul, Jean, Actes)

Les raisons de cet acte ne sont pas claires

Judas aurait, possiblement, donné aux autorités des motifs pr accuser Jésus : il se faisait Messie, roi des Juifs

Il est possible que ces enseignements de Jésus sur sa condition furent limités à son cercle d’apôtres, ce qui, potentiellement, expliquerait la trahison

Cependant, il est naturel de penser que certains, durant la vie de Jésus, croyaient déjà qu’il était le Messie.

Les disciples ne se seraient pas mis, seuls, à penser cela après sa mort .. (Même en admettant la résurrection, car il ne faisait pas partie des croyances juives que le Messie devait mourir puis ressusciter)

Il est clair que le grand prêtre et son conseil, le Sanhédrin, considéraient Jésus comme une menace et le livrèrent donc à Pilate.

L'un des faits les plus certains de l'histoire est que Jésus a été crucifié sur l'ordre du préfet romain de Judée, Ponce Pilate.

Le récit de Marc n'est pas un rapport de témoin oculaire, mais n'en est surement pas loin, pour l'essentiel.

Le procès eut surement lieu le matin, en quelques minutes seulement.

Nous ne savons pas si la flagellation publique eue lieu, mais elle est plausible car pratiquée à l’époque, par dissuasion.

Jésus mourut en quelques heures, par crucifixion.

Il semble improbable que le cadavre de Jésus soit resté suspendu à la croix.

On peut dire que le corps de Jésus a probablement été enterré quelque part par quelqu'un, soit par les soldats dans un tombeau commun ou, comme le dit la tradition, par quelqu'un d'autre que sa famille et ses plus proches disciples (Joseph d’Arimathie ?)

L'important, bien sûr, est ce que ses partisans ont prétendu qu'il s’était passé ensuite ^^

Il y a certaines choses que l’Historien ne peut pas affirmer :

1. que Jésus a ressuscité (bien qu’il ne soit pas en mesure de le nier non plus)
2. qu'il fut enterré dans une tombe privée
3. que 3 jours plus tard, cette tombe était vide

4. que 3 jours plus tard, sa tombe était vide et que Jésus est apparu à ses disciples
5. si tous les disciples sont devenus croyants

Ce que nous savons, cependant, est également important :

1. Nous savons que certains de ses disciples, qui savaient que Jésus avait été tué, ont revendiqué plus tard que sa tombe a été visitée par certaines femmes, 3 jours plus tard, et qu’elle était vide.

2. Ils ont également affirmé l'avoir vu vivant par la suite.

3. Ils ont fini par croire qu'il avait été ressuscité des morts

4. Cette affirmation a complètement changé leur vie et l'histoire de notre monde depuis

3eme partie du thread : le christianisme du 1er siècle

Le christianisme commença avec la croyance à la résurrection de Jésus

Il y a peu de doutes sur les conséquences du ministère de Jésus.

Après sa mort, les communautés chrétiennes s’implantèrent dans toute la Méditerranée.

Elles étaient, elles aussi, apocalyptiques.

Les 1ers disciples conclurent que la Fin avait commencé, que Dieu avait choisi Jésus pour vaincre les forces cosmiques du mal qui s'alignèrent contre lui.

Jésus avait été exalté au ciel, mais il allait bientôt revenir Juger la Terre

Ainsi, la croyance en Jésus a commencé à affecter la façon dont les gens comprenaient qui il était par rapport à Dieu, au monde et au Salut des hommes.

Pendant sa vie, Jésus avait parlé de Dieu comme père, et l’aurait comparé à un parent bienveillant.

Ses disciples en sont venus à penser que Jésus était le seul et unique Fils de Dieu.

Pendant sa vie, Jésus avait parlé du Fils de l'Homme, qui viendrait dans les nuages Juger les ennemis de Dieu

Ses disciples en sont venus à penser que, lui-même, avait été ressuscité au ciel, et ont commencé à parler de lui comme le prochain Juge de la terre, le Fils de l’Homme

Pendant sa vie, Jésus parla du royaume de Dieu qui allait bientôt arriver. Et qu'il y avait une place de choix

Ses disciples en st venus à penser que c'était précisément ce qui se passerait : Jésus régnerait en tant que futur souverain, roi des Juifs, Messie

Que le Royaume avait déjà commencé, et qu'il était déjà son souverain.

Et même, qu’en fait, il était souverain de toutes choses dans le Ciel et sur la Terre.

Dans un délai relativement court, les disciples ont détourné leur attention de l'arrivée imminente du Fils de l'Homme et du Royaume de Dieu sur Jésus lui-même, dont la résurrection a révélé qu'il était le Fils de Dieu, le Fils de l'homme, le Messie et le Seigneur.

Les 1ers chrétiens avaient du mal à convaincre les autres Juifs, qui attendaient soit une figure de guerrier, comme David, soit une figure cosmique qui viendrait du ciel.

Différentes communautés chrétiennes ont développé des compréhensions différentes de qui était Jésus.

Pour les premiers juifs disciples de Jésus, il était parfaitement logique d'appeler Jésus le Fils de l'Homme :

Cela signifie qu'il était le juge cosmique, figure divine, venant du ciel mentionné dans Dan. 7: 13-14

(alors que, pour un païen converti, qui ne connait pas Daniel, le terme « Fils de l’Homme » signifierait plutôt, et faussement, une figure humaine)

Les premiers disciples juifs de Jésus auraient eu une vision claire de ce que cela signifiait d'appeler Jésus le Fils de Dieu :

Dans la Bible hébraïque, le Fils de Dieu fait référence à tout être humain spécialement choisi par Dieu pour arbitrer sa volonté sur la Terre

(Pour les chrétiens païens convertis, cela ne signifiait probablement pas que Jésus était un humain qui était en étroite relation avec Dieu, mais il était en fait divin - le Fils de Dieu !)

Finalement, les premiers chrétiens ont proclamé 2 choses au sujet de Jésus :

Qu'il était le Fils de l'Homme et le Fils de Dieu, qu’il était à la fois humain et divin, avec des compréhensions différentes selon les communautés.

(la "transfiguration" de Raphael)

(D’autres « prophètes » apocalyptiques existèrent aussi après Jésus, ils furent systématiquement tués par les Romains, jusqu’à la chute du Temple en 70 : Theudas, puis « l’Egyptien » (suivi par 30000 personnes).

35 ans après la mort de Jésus, des mouvements « Zélotes » provoquèrent une guerre civile sanglante contre l’aristocratie sacerdotale, puis contre les Romains.

Il s’en suit un horrible siège, pendant 3 ans, de Jérusalem, une famine massive, et, finalement, le massacre de plusieurs dizaines de milliers de juifs, la mise en esclavage des autres, et la destruction du Temple jusqu’au sol, en l’an 70.

Dans les sources les plus récentes, les matériaux apocalyptiques sont éliminés, et le Royaume de Dieu n’est plus à venir, mais déjà présent pour ceux qui croient en Jésus (Jean 3-3, 36).

Fin du thread, merci pour la lecture.