Tentative de dépasser la caricature : « les gentils écolos sont contre les méchants agriculteurs » ou « les imbéciles d’écolos qui n’ont jamais mis les pieds dans une ferme attaquent les pauvres agriculteurs qu’on dénigre sans cesse ». Thread 👇
Le pb : l’agriculture est responsable de 20% des émissions de GES en 🇫🇷 et le 1er consommateur d’eau (50% de la conso) alors que les sécheresses ↗️. Agriculture et pêche industrielle sont avec l’urbanisation la cause n°1 de disparition des espèces uicn.fr/le-rapport-mon…
C’est un problème qui nous concerne tous, car jusqu’à preuve du contraire nous avons TOUS besoin de manger et que cette planète reste habitable. Nous avons donc intérêt à coopérer plus qu'à nous écharper. Or les problèmes s'amplifient.
Au moins 3/4 des cultures mondiales (céréales, fruits, légumes, oléagineux, etc.) dépendent en partie des pollinisateurs (qui sont en déclin) pour la croissance des plants, les rendements ou la qualité. sciencesetavenir.fr/animaux/biodiv…
Pour chaque degré d’augmentation de la température, du globe nous pourrions perdre 10% de rendement agricole sur les céréales. +4°C à la fin du siècle = -40%. Et pire pour l’élevage. science.sciencemag.org/content/323/59…
Par ailleurs de nombreux écolos considèrent (j’en suis) que les autres espèces ont parfaitement le droit d’habiter cette planète au même titre que nous… Il faut donc leur laisser de l’espace et des ressources.
Face à ce constat, les réponses divergent. Une part des agriculteurs, des syndicats et des industriels prônent plus de « technologie » : ogm, glyphosate, etc. D’autres agriculteurs et des écologistes, plus de science et de compréhension du vivant. Certains les deux…
La controverse se focalise en général sur les pesticides et autres produits phytosanitaires. Les agriculteurs seraient des pollueurs destructeurs de la nature. Et les écolos des irréalistes qui veulent revenir au XIXème siècle. Peut-on aller au delà des caricatures ?
La véritable question à trancher est notre modèle agricole. Ce qui me semble les plus problématique est la tendance des agricultures occidentales à uniformiser et artificialiser les espaces naturels à grande échelle (immenses champs en monoculture) et à industrialiser le vivant
L'agriculture indus. a besoin des pesticides et autres produits phytosanitaires. Avec les monocultures les sols s’appauvrissent et les plantes qui y poussent sont + sujettes aux attaques des ravageurs. Il faut donc pallier avec engrais et produits phytos futura-sciences.com/planete/actual…
Plus le milieu est déséquilibré, plus les bio agresseurs ont de chances de se développer. Donc, plus l’écosystème est artificialisé et dégradé, plus on devra utiliser de produits. Et plus les espèces disparaitront. C’est un cercle vicieux.
Les principales causes de la disparition des insectes sont la destruction des habitats + pollution aux pesticides et aux engrais : agriculture intensive (23%), pesticides (13%), engrais de synthèse (10%), destruction habitat (10%) déforestation (9%). nationalgeographic.fr/environment/ex…
Malgré la bataille sur l’interprétation des chiffres, il est difficile de contester que l’utilisation de pesticides ne fait qu’augmenter. +25% en dix ans franceinter.fr/environnement/…
Qui profite de cette situation ? Essentiellement les grandes compagnies d’agroalimentaire qui vendent semences, pesticides, fongicides, herbicides, machines, logiciels… Et une partie de l’alimentation pour les animaux pour l’élevage intensif.
Les agriculteurs, eux, ne gagnent pas toujours leur vie. En 2016 22,1% étaient sous le seuil de pauvreté. Certains sont endettés de façon déraisonnable et on compte 2 suicides/j dans le milieu agri. Ce sont aussi les 1er exposés aux produits toxiques francetvinfo.fr/economie/emplo…
Pendant ce temps, les profits des grands semenciers et autres vendeurs de produits sont pharaoniques. Ils n’ont donc aucun intérêt à ce que les choses changent et manœuvrent en ce sens cf #MonsantoPapers lemonde.fr/planete/articl…
Une bonne façon de le faire, est de souder les agriculteurs contre un supposé « ennemi » : les écologistes. Et pendant que les agriculteurs et les écologistes s’écharpent, rien ne change et le business peut continuer.
Dans la réalité, je ne connais pas un écolo qui soit contre LES agriculteurs. Contre des lobbys qui perpétuent le problème oui. Tout le monde sait que la solution n’est pas simple et qu’elle demandera beaucoup de recherche. fao.org/news/story/fr/…
Mais pas uniquement de la recherche technologique avec des solutions payantes et propriétaires. De la recherche scientifique pour comprendre comment fonctionnent les écosystèmes. actu-environnement.com/ae/news/inra-o…
Vouloir conserver le modèle industriel (vastes monocultures) en enlevant les produits phytosanitaires ne peut pas marcher. Évidemment les rendements s’effondreront. Et il faudra utiliser des produits de substitutions. Nous avons besoin d’inventer d’autres modèles.
Depuis des années des agriculteurs de tous bords (bio et conventionnels) y travaillent avec l’agroforesterie, la permaculture, le semis direct, le non-labour, l’agriculture régénérative, l’agroécologie (même si tout le monde ne s’accorde pas sur la déf) inrae.fr/agroecologie
Certaines expériences sont déjà prometteuses : rendements équivalents sur certaines cultures, retour des pollinisateurs, des oiseaux, de la faune sauvage, enrichissement des sols, équilibre entre prédateurs et ravageurs, etc. fermedubec.com/la-recherche/l…
Il existe même des scénarios 100% bio de plus en plus robustes, qui demanderaient de consommer beaucoup moins de produits animaux et d'arrêter le gaspillage alimentaire lemonde.fr/planete/articl…
Il faudra également reconnaître que nous ne payons pas le vrai prix de la nourriture et qu’une nourriture saine et des paysans qui peuvent vivre dignement cela a un coût. Qui a été rogné au profit des loisirs, des smartphones, etc.
Bref il y a du travail et il y a besoin de l’intelligence et de la bonne volonté de tous. Mon rêve : que le monde agricole et les écologistes travaillent de concert et ne se trompent pas d’ennemis… Mais il y a du boulot
