Thread by @cathfournier

Et voici Simon Fieschi (Elisabeth de Pourquery) #Attentatsjanvier2015

L'audience a repris avec un point planning. Riss sera finalement entendu en début d'après-midi. L'avocate d'Eric Portheault, ex-directeur général de Charlie, fait savoir que son client se tenait prêt à témoigner mais son psychiatre le lui a formellement déconseillé

Le président de la cour lit la déposition du journaliste Philippe Lançon, qui a renoncé à venir au procès #attentatsjanvier2015

Philippe Lançon a longuement raconté les faits dans son magnifique livre "Le Lambeau" #AttentatsJanvier2015 atsjanvier2015

La cour lit maintenant la déposition d'Eric Portheault #AttentatsJanvier2015

L'audience est suspendue jusqu'à 13h45 #AttentatsJanvier2015

L'audience reprend. Laurent Sourrisseau, alias Riis, est à la barre, veste noire, jean gris et cheveux poivre et sel. Lui aussi a été grièvement blessé dans la tuerie ce mercredi 7 janvier 2015. #AttentatsJanvier2015

Riss commence par revenir sur le contexte du journal avant les attentats, reparle de l'incendie de 2011 dont Charlie avait été la cible après l'affaire des caricatures. #AttentatsJanvier2015

Début 2013, la protection policière de Riss et de Luz a cessé. Seul Charb en bénéficiait encore #AttentatsJanvier2015

Riss : "Mais on pensait que ça allait s'arranger. On a été stupéfaits de cette attaque et même que ça puisse arriver à ce moment là. Il n'y avait pas eu d'évènement majeur depuis au moins deux ans autour du journal" #AttentatsJanvier2015

Riss décrit ce 7 janvier 2015, la conférence de rédaction, les bruits de tirs, Franck Brinsolaro qui sort son arme. "C’était la première fois qu’on voyait un OS sortir une arme. Au moment où il s’est mis en position de tir, la porte s’est ouverte" #AttentatsJanvier2015

Riss:Un "homme intégralement vêtu de noir" est apparu. "Il avait son arme en position semi basse, il tenait la porte de la main droite, il a regardé les gens, j’ai eu l’impression qu’il était peut être surpris qu’il y ait autant de gens dans la pièce." #AttentatsJanvier2015

Riss:"devant moi il y avait un espace un peu libre, instinctivement je me suis jeté au sol, j’étais même pas caché, je me suis retrouvé la tête sous le bureau de Charb, face contre sol, a partir de cet instant je n’ai plus rien vu, les tirs ont commencé" #AttentatsJanvier2015

Riss:"Les tirs de kalach ça fait un bruit énorme dans une pièce. j’entends une voix proche,qui dit 'pas les femmes pas les femmes' et là les tirs reprennent de manière ininterrompue. je comprends que je vais mourir ici sur le sol de Charlie,dans mon journal" #AttentatsJanvier2015

Riss: "Je comptais les secondes, chaque seconde qui passait était précieuse, c'était peut être la dernière et puis là je reçois un coup dans le dos, j’ai cru que j’étais touché par deux ou trois balles, comme si on vous donnait un coup de pioche dans le dos" #AttentatsJanvier2015

Riss: "Je me suis mis en apnée, je me disais s'il me voit respirer, il va m’en remettre une. Une voix assez proche a crié une espère de phrase de proclamation, j’ai retenu le mot Yemen, je l’ai entendu revenir, 'Charb il est ou Charb', et là encore deux ou trois coups de feu"

Riss: "Je me suis retrouvé sur le dos, je savais pas si ce que j’avais était grave ou pas, je craignais d’avoir une hémorragie interne, j’ai mis mes pieds sur une chaise pour faire refluer le sang." #AttentatsJanvier2015

Riss entend Sigolene Vinson pleurer, voit Coco qui essaie de lui faire lui "faire qqchose à l’épaule", entend Fabrice Nicolino gémir. "Et les autres ? Pourquoi ils disent rien les autres ? J’ai dû me résoudre à cette conclusion que tous les autres étaient morts."

Les survivants murmurent dans la rédaction. "Comme s’il fallait respecter le silence, c’était leur silence il ne fallait pas le troubler." #Attentatsjanvier2015

Les secours ont fini par arriver. Riss:"J’ai fait attention de ne pas regarder la salle mais malheureusement à côté de moi il y avait Charb et je ne pouvais faire autrement que de le voir et de l’enjamber" #Attentatsjanvier2015

Riss : "Dans le couloir, je commençais à sentir la douleur, je vois Luz qui pleurait, Laurent Léger qui pleurait, Catherine Meurisse qui pleurait, tout le monde pleurait" #Attentatsjanvier2015

Riss: "Dans l'ambulance, je parlais tout le temps car j’avais l’impression que si j’arrêtais de parler j’allais claquer, j’était pas sûr encore d’être vivant" #Attentatsjanvier2015

Riss:"je me suis réveillé je ne sais pas combien d’heures après, dans un hôpital que je ne connaissais même pas et là, au détour d’un couloir, je vois ma femme ma soeur et mon frère et là j’ai compris que j’étais vivant" #Attentatsjanvier2015

Riss:"Le lendemain on est écartelé entre une multitude de choses, vous n’avez pas à gérer que votre situation personnelle, le drame est collectif, il y a la question du journal, pour la premier fois, un journal est victime d’un attentat terroriste en France" #Attentatsjanvier2015

Riss:"Pour moi, cette situation politique appelait des décision politiques. Il fallait continuer ce journal. Quand on a relancé Charlie Hebdo fin février 2015, tout le monde a retrouvé peu à peu sa place" #Attentatsjanvier2015

Comme Simon Fieschi, Riss rejette le mot de victime. "Victime, on l’est à un moment donné, furtivement, quand on vous tire dessus. Mais après ce qui me gêne c’est le statut. Ce qu’on avait vécu posait pour moi la question non des victimes mais des coupables" #Attentatsjanvier2015

Me Malka, avocat de Charlie Hebdo, demande que soit projetée la une du journal dessinée par Cabu en 2006. On y voit le prophète Mahomet et cette légende : "débordé par les intégristes". Le dessin lui faire dire "c'est dur d'être aimé par des cons".

"Pourquoi avoir reproduit les caricatures sulfureuses ?", demande Me Malka. "Si on veut parler de qqchose au lecteur, il faut qu’il voit de quoi on parle et qu’on le laisse juge", répond en substance Riss. #Attentatsjanvier2015

Cette une publiée juste avant le procès porte le titre "Tout ça pour ça"."Oui, tout ça pour ça", reprend Riss à la barre. "Pour pas grand chose en fait car quand on voit ces dessins, ils sont pas très méchants". #Attentatsjanvier2015

"Est-ce que vous regrettez la publication de ces caricatures qui ont touché tous ceux qui les ont publiées ?", demande Me Malka à Riss. "Est ce que ça valait la peine ?" #Attentatsjanvier2015

Riss: "C’est pas comme ça qu’il faut raisonner. C’est pourquoi on vit? On vit pour être libre ou pour être un esclave ? Je ne vais pas vivre soumis à l’arbitraire démentiel de fanatiques. Si on vit pas libre, à quoi bon vivre" #Attentatsjanvier2015

Au point de prendre le risque de mourir, demande Me Malka ? "C’est pas le risque de mourir, c’est le risque d’être libre. On a grandi sans imaginer qu’un jour on pourrait remettre en cause nos libertés. Moi j’ai honte de ma génération", répond Riss #Attentatsjanvier2015

Me Malka l'interroge sur son ressenti plus personnel après les attentats. "La sensation immédiate c’est d’avoir été tronçonné en deux. Vous êtes dépossédé, c'est une autre mutilation, l’amputation des vivants et de leur esprit de leur intelligence" #Attentatsjanvier2015

Riss :"Il y a une gêne à se dire que nous on peut continuer la vie et qu’eux ne le peuvent plus. J’ai presque l’impression dès fois de regarder les choses pour eux. Peut être qu’ils diraient ceci ou cela" #Attentatsjanvier2015

Auj, sa vie "doit s’adapter à des conditions de sécurité, une certaine prudence, discrétion. On doit parfois renoncer à des projet personnels, confie Riss. #Attentatsjanvier2015

Riss: "Avant l’attentat, avec ma femme on avait un projet d’adoption et on nous a faire comprendre que jamais on ne confierait un enfant à des gens qui vivent sous protection" #Attentatsjanvier2015

Voici Riss à la barre, dessiné par Elisabeth de Pourquery #Attentatsjanvier2015

L'avocat de l'accusé Willy Prevost demande à Riss ce qu'il qu’attend de ce procès, précisant que son client ne se voit reprocher aucun fait en lien avec l'attentat de Charlie hebdo. #Attentatsjanvier2015

Riss:"Je suis pas spécialiste du terrorisme, c’est ce qu’on appelle une nébuleuse, j’attends d’y voir un peu plus clair sur les tenants et les aboutissants pour mieux identifier qui a fait quoi, qui n’a pas fait, comment fonctionne un attentat, comme ça s'organise"

L'audience est suspendue un quart d'heure. #Attentatsjanvier2015

L’audience reprend avec l’audition de l’urgentiste Patrick Pelloux #attentatsjanvier2015

Patrick Pelloux : "Je suis rentré à Charlie en 2004 un peu par hasard, après la canicule de 2003." Il a commencé à faire des chroniques régulièrement. "J’aimais cet anticléricalisme, cet antimilitarisme, la défense de l’écologie..." #Attentatsjanvier2015

Ce 7 janvier, il est en réunion pour améliorer le travail entre les pompiers et le Samu. "Vers 9 heures, Charb m’a appelé, il fallait que je vienne car c’était la première conférence de rédaction de l’année" #Attentatsjanvier2015

"Vers 11h35, j’ai sur mon portable Jean-Luc qui s’affiche, qui avait une voix pas comme d’habitude, il me dit 'viens vite ils nous ont attaqués, y’en a qui sont par terre'" #Attentatsjanvier2015

Patrick Pelloux saute sur sa moto et se dirige vers les lieux, en compagnie du médecin-chef des pompiers de Paris. "J’ai tout de suite monté par l’escalier et plus je montais les marches et plus il y avait du sang sur les marches" #Attentatsjanvier2015

Patrick Pelloux : "Je suis rentré, c’était une vision très difficile, il y avait de la fumée, une odeur de poudre, il y avait Simon assis sur son fauteuil, plein d’étuis de balles par terre" #Attentatsjanvier2015

Patrick Pelloux: "J’ai vu Charb qui était dans un état au de la delà de toutes ressources thérapeutiques, avec des balles dans la tête et dans le corps" #Attentatsjanvier2015

Patrick Pelloux : "j’ai procédé au comptage pour essayer de diriger au plus vite les secours, on avait pas le matériel sur nous." Il sait que l'espérance de vie est très réduite avec les blessures par arme de guerre #Attentatsjanvier2015

Patrick Pelloux indique que des massages cardiaques ont été pratiqués sur certains. "Mais hélas c’était vain, vu les impacts de balles sur leur corps. Il m’a fallu annoncer les décès à des familles à des amis, ça a été très difficile" #AttentatsJanvier2015

Patrick Pelloux:"Je suis médecin et urgentiste depuis très longtemps, je n'ai jamais vu des scènes comme ça, jamais c’était un carnage, j’ai senti comme une fracture à l’intérieur de moi" #AttentatsJanvier2015

Patrick Pelloux : "il y avait de la désespérance à voir Charb dans cet état, de voir les autres blessés. J’étais dans un automatisme. C’est très difficile parce que quand on fait médecine c’est pour sauver des gens et s'il y en avait bien que je voulais sauver c’était eux"

Patrick Pelloux a appelé le standard de l’Elysée, Hollande l’a rappelé et a dit "j’arrive". "C'était une véritable scène de guerre, l’apocalypse, c’était une attaque tellement folle qu’il fallait que le chef des armées soit au courant tout de suite." #AttentatsJanvier2015

Patrick Pelloux aurait pu être à cette conférence de rédaction. "J'adorais y aller, c'était un paradis de culture, de mélange d’idées même si ça s’engueulait. C’était des gens de paix, pas des gens de guerre, qui prônaient des idées altruistes" #AttentatsJanvier2015

Aujourd'hui, "nos blessures ne sont toujours pas cicatrisées. Les blessures physiques et psychiques se rejoignent dans la souffrance. C’est un désespoir quotidien. Espérons que ça se calme avec beaucoup de temps" #AttentatsJanvier2015

Les appels de Patrick Pelloux au Samu ce 7 janvier sont diffusés à l'audience. On l'entend dire "Y'a au moins cinq arrêts (cardiaques), des blessés par balle, des polytraum', vite, c'est un carnage, c'est un carnage!" #Attentatsjanvier2015

L'audience est suspendue dix minutes. Je vais mettre ce LT en pause pour un article à écrire, merci de l'avoir suivi #Attentatsdejanvier2015