Il se souvient de ce moment comme d'une "expérience au combat". On l'a félicité d'avoir ramené sa collègue en vie. #AttentatsJanvier2015
Ce qui l'a touché, c'est la peine et la souffrance des autres. "A 1 km de là il y avait une garderie d'enfants où travaillait ma compagne". Avec ce témoignage, on comprend l'importance de la formation des primo intervenants sur des scènes terroristes. #AttentatsJanvier2015
Il est gagné par l'émotion. Il demande sa mutation. "Je me suis enfermé dans un bureau car j'étais en colère. Je savais que sinon j'aurais pu faire le pire." Il regrette que son supérieur ne l'ait pas pris dans ses bras, tout simplement. #AttentatsJanvier2015
Sa hiérarchie a visiblement été en dessous de tout. Quelques temps plus tard, on lui demande de retourner garder l'endroit où on eu lieu les tirs. "Si on est sensé, on ne va pas me renvoyer à un endroit où j'ai fait feu. J'y suis allé". #AttentatsJanvier2015
Il égrène les médailles qu'il a reçues, dont une par le ministre de l'intérieur de l'époque Bernard Cazeneuve; une autre par François Hollande. #AttentatsJanvier2015
Il explique que pour la médaille de la gendarmerie, il faut faire un dossier. Il découvre que sa collègue Mélanie n'est pas proposée, citée pour cette médaille. Sans son binôme, il n'en veut pas. #AttentatsJanvier2015
Il ne monte pas en grade, parce que c'est certes ce qui se fait pour les gendarmes morts, "mais vous, vous êtes vivant donc on a pas fait le dossier" lui dit-on. C'est juste hallucinant ce que raconte cet homme. "J'ai pris ce qu'on m'a donné". #AttentatsJanvier2015
"La gendarmerie, à la base, c'est le maintien de l'ordre, c'est le contrôle route. Là, c'est du combat, c'est pas ce qu'on vous apprend à l'école". "Depuis 2015, on a fixé tous les protocoles d'intervention. A l'époque, y en avait pas. Tout le monde était dépassé".
Très amer envers sa hiérarchie. "Je demandais pas des félicitations, juste un 'ça va? tu vas bien?'". La gendarmerie lui a proposé un accompagnement juridique en juillet 2015, 6 mois après, donc. #AttentatsJanvier2015
"Je veux rendre hommage à (Ahmed) Merabet, à Clarissa (Jean-Philippe). J'adresse toutes mes condoléances aux familles des victimes. Aujourd'hui, j'aime toujours mon métier."
Pour clarifier définitivement l'agenda autour de Yom Kippour : les avocats de victimes de l'Hyper Cacher ne remettent pas en question le fait que 28 septembre il y ait une audience, cela avait été discuté et accepté.
En revanche plusieurs auditions d'enquêteurs, initialement prévues les 24 25 sept, ont été décalées au 28 septembre. il n'y a pas d'auditions de victimes de l'hyper Cacher ce jour là.
Le président a dit qu'il entendait les inquiétudes des PC et le planning est susceptible de changer encore. Voilà.
Reprise de l'audience, la cour va examiner cet après-midi les faits de séquestration en bande organisée au préjudice de Michel Catalano, l'imprimeur de Dammartin-en-Goële, et Lilian, son employé. #AttentatsJanvier2015
Michel Catalano est à la barre. Sa femme et ses enfants se sont également constitués partie civile. #AttentatsJanvier2015
Costume anthracite, cravate noire sur chemise grise, fil rouge à la boutonnière, Michel Catalano parle de son imprimerie, qu'il crée en 2001 avec sa femme. "Pour quelqu'un qui vient d'un milieu défavorisé comme moi, c'était l'entreprise de ma vie, le 3e gosse qu'on a pas fait"
"On faisait tout, charger les camions... On travaillait 18H par jour, 6 jours sur 7". En 2007 il emménage dans les locaux de Dammartin. En 2014 l'entreprise va bien, "on a presque fini de rembourser les machines" dit il. #AttentatsJanvier2015
"En 2015 j'avais dit à ma femme on va souffler un peu, on va acheter une maison de campagne, on le mérite. j'étais qualifié pour jouer en vétérans en hockey sur gazon à Londres. Je me préparais pour une année agréable" dit Michel Catalano. #AttentatsJanvier2015
Il raconte ce matin du 9 janvier. "je le raconte souvent, dans les écoles, les prisons. A chaque fois je suis exténué. Mais il faut le faire." #AttentatsJanvier2015
Ce matin là il boit son café avec son employé Lilian, il attend son commercial. Quand on sonne, il dit "ça doit être Didier, ouvre". Personne ne monte. Il regarde par la baie vitrée il voit quelqu'un habillé en noir. Il a une arme et un lance-roquettes. #AttentatsJanvier2015
"Sur le moment je pense que c'est la gendarmerie mais très vite je comprends. Je dis à Lilian cache toi, coupe ton portable. Il a vu dans mes yeux, j'ai vu dans ses yeux la peur de mourir". #AttentatsJanvier2015
"J'ai cru que j'allais mourir. Pour moi c'était la fin. C'est une sensation que j'ai encore aujourd'hui et contre laquelle je me bats. Ils surgissent de l'escalier : "vous nous reconnaissez?" Michel Catalino raconte, très vite, avec énormément de détails. Je note et vous LT après
IIs lui demandent "où est votre bureau? avez vous une télé, une radio?" Il répond qu'il a une tablette. Ils lui disent d'appeler les gendarmes. Il a une femme au téléphone qui lui demande combien ils sont. #AttentatsJanvier2015
"Il y avait le grand en face de moi, le petit à la porte, la main sur la kalachnikov. Il me fait signe avec la main de dire qu'ils sont bcp. Alors je réponds : ils sont plusieurs. La femme au tél: 'ils sont devant vous et vous ne savez pas combien ils sont?' #AttentatsJanvier2015
"J'ai raccroché. il m'a fait un signe de la tête pour me dire que j'avais fait ce qu'il fallait". Michel Catalano arrive à garder son calme, car il es concentré sur une seule idée : sauver Lilian. #AttentatsJanvier2015
Il leur propose un café pour les éloigner de l'endroit où il pense que Lilian est caché. "Je les regardais dans les yeux. Je m'efforçais de rester le plus calme possible. Qu'ils ne s'énervent pas." #AttentatsJanvier2015
"Je les regardais dans les yeux pour anticiper ce qu'ils allaient faire. je pense que le sport m'a aidé à garder ce sang froid, ce calme. Moi je pensais que j'allais mourir, mais de toutes mes forces je voulais tout faire pour que Lilian reste vivant." #AttentatsJanvier2015
"Le plus grand (Chérif) s'est assis et m'a expliqué qu'il était d'Al Qaïda au Yémen, qu'il était un enfant de la République, qu'il ne tuait pas les femmes et les enfants. Son frère pose la kalach à 1 m de moi. Je la regarde... Je me suis dit non ce n'est pas la bonne solution"
"Il m'a parlé de Michel Onfray, je ne sais plus pourquoi.. J'écoutais moins, car le petit était en train de fouiller les pièces.. 'vous êtes sûrs que vous êtes seul?" j'ai dit oui, je prenais tellement sur moi pour rester calme" #AttentatsJanvier2015
C'est là que le commercial, Didier, arrive, "je l'entends se garer; je leur dis "laissez le partir". Il descend l'escalier, les frères dans son dos. Didier lui serre la main, ainsi qu'au plus grand. "Je lui dis: Didier, faut que tu partes." Dans mes yeux, il a compris.
"Il m'a regardé avant de redémarrer, je me suis dit c'est la dernière personne qui me voit en vie". De retour dans le bureau, ils lui demandent "vous êtes juif?" "Je dis je suis français d'origine italienne." #AttentatsJanvier2015
"J'ai cru que j'allais mourir encore une fois. Pour moi, c'est évident que si j'avais été juif, je ne sera pas là pour parler". Ses mains, posées sur le pupitre, tremblent. #AttentatsJanvier2015
Il a vu arriver les deux gendarmes "Mélanie et Francis", qu'on a entendus ce matin. "Je les ai vus sortir leurs petites armes. Ils faisaient pas le poids. J'étais persuadé qu'ils allaient mourir." #AttentatsJanvier2015
"Ils sont surexcités, le plus petit (Saïd) tape du pied et dit 'on y va', il pousse le plus grand à descendre. Je me suis réfugié dans mon bureau" dit Michel Catalano. #AttentatsJanvier2015
Après les tirs, il les entend remonter dans l'escalier "le bruit de leurs pas lourds dans l'escalier me hante encore." Il est ému. Les frères l'appellent "monsieur, monsieur, vous êtes où?" Il ne veut pas qu'ils trouvent Lilian alors "j'ai rouvert la porte. C'était tellement dur"
Chérif avait l'arme pointée sur lui, les yeux noirs, effrayants, surexcités. "Je me suis décalé de la ligne de tir. J'ai regardé la blessure (causée par le tir du gendarme) j'ai dit 'je peux vous soigner'. Le petit a dit "soignez le". #AttentatsJanvier2015
"Je lui dis : asseyez vous là". Il refait trois fois le pansement, le premier ne tient pas, le deuxième est trop serré, pour le 3e il trouve les ciseaux de sa femme. Avec le recul, il dit que c'est surréaliste, c'était lui l'otage, et il disait "faites ci, faites ça".
Le grand dit à son frère "je vais mourir". L'autre lui répond :"non, on a pas fini." Michel Catalano demande s'il peut partir. Ils acceptent après le 3e pansement. Il descend l'escalier. "Un frisson m'a traversé le corps. Je les ai entendu prendre la kalach" #AttentatsJanvier2015
Ensuite c'est le deuxième cauchemar dit il, la peur que Lilian ne s'en sorte pas. Il espérait que les terroristes le suivraient et sortiraient du bâtiment pour affronter les gendarmes. #AttentatsJanvier2015
"Sur le moment, j'étais très calme, c'était comme un dédoublement, comme si je n'étais pas là. Mais mon Dieu que c'était dur et compliqué." #AttentatsJanvier2015
Il avait le sentiment que s'il répondait de travers, ou s'ils trouvaient Lilian, il était mort. Chérif Kouachi lui a expliqué qu'il voulait "en découdre avec la police, l'état, et tous ceux qui font du mal aux musulmans" #AttentatsJanvier2015 tats
Il s'efforce d'être le plus neutre, le plus prudent possible dans ce qu'il dit. "Si je ne donnais pas la bonne réponse, j'étais mort". #AttentatsJanvier2015
Avec le recul et l'aide d'un psychothérapeute, il a compris que cette attitude, son calme, venait de son parcours. "c'est là d'où je viens, je sais ce que c'est une cité, je suis fils d'immigré." #AttentatsJanvier2015
Ses parents lui ont dit qu'ils avaient prié. Il a, un moment, cru que ce n'était pas vraiment lui qui avait agi ce jour là (intervention divine?)... avant de l'accepter, grâce au psy. "J'avais 48 ans, j'avais cette expérience de vie, c'est pour ça que je témoigne, encore".
Michel Catalano dit des choses très intéressantes sur la relation entre les deux frères. Pour lui c'est un vrai binôme, entraîné, où l'un veille toujours sur l'autre. Le grand est plus excité, mais au moment d'aller vers les gendarmes c'est le petit qui lui dit d'y aller.
C'est aussi le petit (Saïd Kouachi, l'ainé) qui rassure Chérif quand il est blessé en lui disant "t'inquiètes pas". C'est plus complexe que la relation dominant (Chérif) dominé (Saïd) qu'on a souvent racontée. #AttentatsJanvier2015
Le président Régis de Jorna reprend, en les paraphrasant, laborieusement, chaque passage du témoignage très fort de Michel Catalano. #AttentatsJanvier2015
Michel Catalano raconte le contre coup. Un psychiatre lui dit qu'il doit prendre des médicaments et dormir un mois, à l'hôpital. "Evidemment c'est pas ce que j'ai fait. Dès le lundi il fallait que je gère l'entreprise, mes collaborateurs.". #AttentatsJanvier2015
En pleurs, il raconte comment il a sombré, incapable de se lever, de dire trois mots sans pleurer. "C'est très dur de se montrer comme ça. dans ma famille on montrait pas ses sentiments". #AttentatsJanvier2015
Le plus dur pour lui, la perte de son père en 2015, qu'il n'a pas été capable d'accompagner. "il m'a dit, tu m'as donné la plus belle chose, tu n'es pas mort avant moi". Il pleure, abondamment. #AttentatsJanvier2015
Il a remonté son entreprise, fin 2019 il n'était pas à l'équilibre, il a bcp de crédits, mais il se bat. "Je lâcherai pas.. c'est ce qui me fait tenir". Suspension. Ses proches sont autour de lui, le réconfortent. #AttentatsJanvier2015
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Tous les journalistes de @radiofrance vont être formés aux enjeux climatiques et à la méthode scientifique. Et ça commence aujourd'hui.
Avec cette donnée : "la question du climat n'est pas binaire, mais graduelle. On ne va pas sauver ou perdre le climat, ce n'est pas pile ou face". @Gemenne
Derniers mots de Hubert #Caouissin : "je regrette infiniment ce qui s'est passé à Orvault, et ce que j'ai fait après. particulièrement pour les proches". il regarde les familles. #Troadec
"Je demande pardon à Sébastien. Je demande pardon à Charlotte. Je demande pardon à Brigitte. je demande pardon à Pascal". il a a terminé. #Caouissin#Troadec
Plaidoirie de Me Larvor pour Hubert #Caouissin. "Quand je rentre dans une cour d'assises pour y plaider c'est tjrs avec émotion et un poids, lié à la responsabilité écrasante vis-à-vis de celui dont on a accepté de prendre la défense." #Troadec
"je me présente avec humilité pour être le porte parole de Hubert #Caouissin. C'est difficile. il faut porter sa parole par rapport à ce qu'il est, et ce qu'il a fait" #Defense#Troadec
"Ce qu'il est : il est né dans le Finistère, dans ce pays bercé entre terre et mer où on n'est pas habitué à parler de soi et de ses émotions" #Defense#Troadec
@franceinter Plaidoirie de Me Luc Cabioch pour Lydie #Troadec. "Sa culpabilité ne fait pas de doute. Mais vous allez décider où elle dormira ce soir". Il leur demande de se prononcer sur les faits et rien d'autre, "et pas une quelconque responsabilité morale qui n'a rien à faire ici"
@franceinter "Une responsabilité morale qui n'existe même pas" Il rappelle les conclusions des experts sur le fait que Lydie #Troadec est une "personnalité seconde" dans le délire qu'elle a alimenté chez Hubert #Caouissin sans en imaginer les csquces.
Il ironise "moi Hubert #Caouissin je souffre, je me sens en danger, c'était la faute à pas de chance, c'était pas calculé, je suis fou vous savez". "Moi, Lydie #Troadec, j'ai rien vu, rien su, rien entendu, je suis très bête et je fais tout ce qu'on me dit". #Requiz
"Voilà la salade de bobards, de sornettes, de calembredaines qu'on veut vous faire avaler. Bon appétit!" lance t il aux jurés. #Troadec
"Heureusement, leurs avocats aident à rendre la salade plus digeste... Avec deux sauces : l'altération du discernement, et les trous de mémoire! Magique, l'amnésie traumatique!" #Requiz#Troadec
C'est l'heure des réquisitions au procès #Troadec. Charlotte Gazzera et Stéphane Cantero vont requérir à deux voix. Hubert #Caouissin encourt la perpétuité pour le quadruple meurtre, Lydie Troadec 3 ans de prison pour des délits (recel de cadavre, modification de scène de crime)
Charlotte Gazzera se lève. Elle décrit ce "jour d'avant, jour d'après" l'affaire #Troadec dans la vie des parties civiles, des accusés, des policiers, des jurés, et la sienne. "le jour où le commissariat de Nantes appelle car Martine V cherche sa soeur Brigitte depuis 4 jours"
"ça m'a glacé le sang dès le premier jour, parce qu'on savait dès le début qu'il n'en sortirait que du tragique" #Requiz#Troadec