Thread sur l’Etat Profond suite au 2è n° de #FrontPopulaire
L’Etat profond a fait irruption dans le langage courant ces dernières années. Cette formule est souvent associée à l’expression d’idées que l’on qualifie, à tort ou à raison, de « complotistes ». (1)
(2) l’Etat profond est un concept de la science politique. Il analyse ou décrit, des situations où le pouvoir démocratiquement élu se heurte à des résistances venant de l’administration ou de la connivence entre une partie de cette administration et des intérêts particuliers.
(3) Il fut, semble-t-il, utilisé la première fois par le Premier ministre Turc, Bülent Ecevit. Il désignait ainsi les services spéciaux destinée à combattre une hypothétique invasion soviétique, et métaphoriquement l’élite militaro-laïque de la Turquie dans les années 1960 à 1980
(4) Il cherche à décrire et à analyser à une situation où un corps (ou une agglomération de corps) se considère comme le détenteur de la « véritable » légitimité de l’Etat et définit implicitement des limites à ne pas franchir pour les élus. Il n’y a là rien de complotiste
(5) L’ Etat profond peut s’exprimer par un processus de pre-sélection des candidats aux magistratures, mais aussi le cas échéant par des méthodes bien plus brutales comme des coups d’Etat ou l’assassinat de certains élus.
(6) au Japon, à la fin du XIXè siècle et jusqu’en 1945 du Conseil des Genrô ou encore de l’armée du Kwantung, associé aux grands groupes industrialo-financiers, peut parfaitement s’analyser en terme d’Etat profond.
(7) l’Etat profond peut avoir des fonctions positives. Sous la IVème République une partie de la haute fonction publique où s’étaient amalgamés tant les courants planistes de Vichy que les courants s’inspirant du CNR, a joué ce rôle face à un grande instabilité des gouvernements.
(8) Aux Etats-Unis ce concept a pris une tournure plus polémique. Rappelons que, dans son discours d’adieux de 1961, le Président Dwight Eisenhower avait mis les américains en garde contre l’influence du Complexe Militaro-Industriel
9) C’est l’idée de « forces obscures », unissant une partie de la hiérarchie militaire et de puissants groupes industriels, cherchant à imposer leurs vues aux citoyens. Et cette idée est clairement antérieure à Donald Trump.
(10) D’autres auteurs ont étendu, le champ possible de cet Etat profond en y incluant l’industrie pétrolière. Ainsi Peter Dale Scott désigne un cercle de contacts de haut niveau, souvent personnels, susceptible d'être dirigé par des gens très riches
(11) Michel J. Glennon utilise « Double Gouvernement pour montrer que la politique de sécurité des USA est conçue par des responsables des services militaires, des services de renseignement, des diplomates opérant à l'abri des restrictions constitutionnelles
(12) Ce que l’on peut appeler l’Etat profond ou « deuxième gouvernement » peut présenter deux formes différentes : celle d’un corps d’administrateurs qui, sur la base de ses compétences se croit investi d’une autorité spécifique allant au-delà de celle des élus
(13) mais aussi celle de l’alliance entre des fractions bureaucratiques et des fractions du monde des affaires visant à imposer un politique correspondant à leurs intérêts. Il n’y a donc pas un Etat profond mais des Etats profonds.
(14) L’usage du terme « Etat profond » pour désigner tous les échecs, tous les obstacles auxquels se heurtent un pouvoir nouvellement élu constitue au mieux une facilité de langage, au pire un mythe simplificateur.
15) Cependant, au-delà de la littérature polémique et politicienne, le terme d’Etat profond renvoie a des réalités tout aussi incontestables que diverses. Il nous aide à comprendre la réalité des Etats actuels
(16) pour en savoir plus, achetez le n°2 de #FrontPopulaire !
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I. @nbouzou parle de ce qu'il ne connait pas, tout comme @hans_kluge
Le graphique qu'ils RT est celui de la dernière note de conjoncture de l'IPE-ASR de Moscou avec qui je travaille. Or, ils n'ont pas lu le texte qui accompagne ce graphique. Mauvaise foi évidente.
II Dans cette note les auteurs (A. Shirov et alii) expliquent que deux problèmes pèsent sur la croissance russe: la politique monétaire et l'épuisement temporaire des capacités ecfor.ru/publication/kr…
III Je conseille donc à @nbouzou d'apprendre le russe de toute urgence.
Il n'est fait mention des sanctions qu'une fois dans cette note, ce qui indique bien le caractère mineur du problème posé par les sanctions.
I Petit #Thread ou #Fil sur la situation économique de la Russie au mois de septembre 2024.
Les résultats économiques de septembre 2024 confirment les analyses qui avaient pu être réalisées il y a quelques semaines.
@Vukuzman @Mescortert
II Le ralentissement de l’économie russe se confirme par rapport aux rythmes du 1er semestre. Mais il se confirme aussi que les résultats particulièrement décevants pour août 2024 étaient purement dus à des phénomènes conjoncturels.
III Le PIB de la Russie aurait augmenté, par rapport à septembre 2023 de 2,8% à 3,0%, et la production industrielle totale de 3,2%. La prévision de croissance du PIB en 2024 a été abaissée à +3,7% contre 3,9% auparavant.
I With all my thanks to @RnaudBertrand who kindly (and quickly) translated my first thread in French.
The conclusion of the 16th BRICS summit held in Kazan from October 22-24 resulted in important decisions. #Thread
II It should be noted that BRICS (Brazil, Russia, India, China, South Africa), joined by 4 new countries (Egypt, Ethiopia, Iran, United Arab Emirates), now represent more than 33% of global GDP compared to the G7's 29%.
III Among these decisions, three stand out: the institutionalization of a "partner countries" category within BRICS, the creation of the BRICS-Clear system to facilitate exchanges between members and partner countries, and the establishment of the BRICS (Re)Insurance Company.
I L’achèvement du 16ème sommet des BRICS qui s’est tenu à Kazan du 22 au 24 octobre a donné lieu à des décisions importantes. Petit #Fil ou #Thread sur ce sujet. @Vukuzman @escortert
II On rappelle que les BRICS (Bresil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), rejoints par 4 nouveaux pays (Égypte, Éthiopie, Iran, Émirats Arabes Unis) représentent désormais plus de 33% du PIB de la planète contre 29% au G-7.
III De ces décisions, on en retiendra trois : l’institutionnalisation d’une catégorie des pays « partenaires » des BRICS, la création du système BRICS-Clear pour faciliter les échanges entre pays membres et partenaires et la création de la BRICS (Re)Insurance Company.
Analyse foutraque de @Positions_revue qui mérite un petit fil de clarification
I. Il y a une confusion entre le terme "Rouge-Brun" qui date du 20ème siècle et les socialismes non-marxistes du 19ème siècle
II Marx et Engels sont critiques des différents mouvements qui vont de l'expression de la petite-bourgeoisie à des fragments du mouvements ouvriers comme Lassalle en Allemagne.
III Jamais ils n'utilisent l'expression "Rouge-Brun" qui est un anachronisme. La condamnation de Lassalle Vient surtout de sa confusion à propos de la survaleur (plus-value) et de sa confusion entre oppression et exploitation.
I - dans le même temps ou @Vukuzman se rendra à Kazan ()
, je sortirai un livre consacré à: "La Fin de l'Ordre Occidental - Les défis des BRICS et la crise des Institutions Financières Internationales"
II - Ce petit ouvrage récapitule la crise du FMI, de la Banque Mondiale et de l'OMC, rappelle la trajectoire qui a mené des BRIC de 2006 aux BRICS+ de 2024, et analyse l'impact de la Nouvelle Banque de Développement sur la sphère monétaire internationale
III - On sait qu'au sommet de Kazan, les BRICS discuteront de la mise en oeuvre d'un système de paiement alternatif. Cela prouve que ces pays ont acquis un pouvoir structurel suffisant pour s'attaquer à la gouvernance économique "occidentale"