Après le #Writober, voici le #Writever de décembre 2020, présentant 31 tweets inspirés par les 31 mots-clés choisis par @k_tastrof. Les dessins sont tirés des films Psycho-Pass (Studio I.G.), Shisha no Teikoku (Wit Studio) et Sakasama no Patema (Purple Cow Studios Japan).
#writever (1) (Découverte) : An 2310. Plutôt que d’écouter des ingénieurs, morts demain, vanter leur technique d’extraction du fer, il regarde des jeunes filles s’approcher du rebord d’une falaise. Une seule reste en équilibre, défiant le vide. C’est elle, demain, qui survivra.
#writever (2) (Cave) : Il la pointe du doigt. Tous les autres sont tués. Des légionnaires la tirent par les cheveux, vers la cave, à travers les cadavres de ses sœurs. «Ça suffit!» Elle entend Smith, son sauveur. «Elle doit survivre, pour servir d’exemple.» Elle n’est pas sauvée.
#writever (3) (Foule) : La rébellion sur Mercure est matée. Une poignée de Mercuriens est pendue au-dessus des rues, sous le regard indifférent des Terriens. Ses larmes sont aussi sèches que le sang qui ne coule plus dans leurs veines. Smith les rejoindra, un jour. Elle le jure.
#writever (4) (Souvenir) : Il lui parle, de l’extérieur de sa cellule. «Moi, c’est Nathan, ton sauveur sur Mercure. Je ne me souvenais pas que ton attitude était aussi glaciale. C’est parfait. Ensemble, nous réduirons les Terriens en cendres.» Elle lève ses yeux ardents vers lui.
#writever (5) (Caisse) : Le capitaine John Smith vide des caisses d’organes humains devant elle. Elle doit s’habituer à leur vue, à leur odeur, au bruit des os qui craquent, au son de la chair qui se déchire. John dit que c’est ce que ça prend pour devenir un insensible assassin.
#writever (6) (Objet) : Ils regardent leur protégée avec fierté. Sept années à être privée de nourriture, de sommeil, d’amour, sept années à décapiter des androïdes avec des armes blanches ou explosives. Elle est leur chose. Elle est devenue si dangereuse qu’elle leur fait peur.
#writever (7) (Archive) : Ils pensent qu’elle a oublié que l’un a massacré son peuple, et l’autre a ordonné ce massacre, tout en l’épargnant. Elle n’est la propriété de personne. Ils sont sa propriété. Au moment opportun, elle s’en souviendra. Rien n’est jamais vraiment archivé.
#writever (8) (Mémoire) : « Aitana », c’est son prénom, choisi par son père, ingénieur terrien dont les monts de Mercure lui rappelaient son Alicante natale. Ils peuvent bien la renommer en « Sybelle », peu lui importe. Sybelle sait qu’Aitana sera toujours vivante en elle.
#writever (9) (Reflet) : Le mouvement des lasers sur son visage a effacé les profondes cicatrices causées par les lames des légionnaires australiens. Sept ans plus tard, elle est redevenue jolie. Son visage innocent, et magnifiquement ciselé, causera la perte de leurs cibles.
#writever (10) (Quotidien) : Cible mignonne numéro un : verre criblé de balles. Cible trop chou numéro deux : réduite en poussière de plastique. Cible adorable numéro trois : découpée en morceaux anarchiques de métal. C’est d’un ennui. Ils lui ont promis de la chair, bientôt.
#writever (11) (Invitation) : Nathan l’accueille avec un sourire paternel. «Tu es radieuse! Si j’osais, je dirais que tu es irradieuse.» Il rit. Elle attend. Son sang bouillonne d’excitation. Il jette sur la table un billet pour s’envoler vers Esminua. Sa première mission, enfin.
#writever (12) (Lettre) : « 5 novembre 2320. Attendre Cole, place du Marché, Vuatuu. Aucun survivant toléré. » Avant de rejoindre Cole, ce petit journaliste d’un quotidien martien insignifiant, elle vérifie avec minutie ses 13 chargeurs, contenant le nombre de balles requises.
#writever (13) (Projet) : Cole se cache sous un banc, terrifié. Elle se redresse, hypnotisée par une musique qui atténue le bruit des balles, des cris. Elle vide ses 13 chargeurs, machinalement, mécaniquement, sur tout ce qui possède deux jambes et qui bouge sur ce marché public.
#writever (14) (Capsule) : Elle le regarde nettoyer frénétiquement, avec ses mains, des taches de sang sur ses vêtements. Elle lui tend les trois pilules que Smith lui a données, pour elle, au cas où. Elles n’apportent pas l’oubli. Elles annihilent tout sentiment de culpabilité.
#writever (15) (Recherche) : Cole a écrit son histoire, celle d’une Terrienne venue punir les gens d’Esminua, pour avoir refusé de partager leur richesse en eau. Les Terriens nient, à juste titre. La fugitive, réfugiée chez Nathan, tue le temps en défonçant des cibles mignonnes.
#writever (16) (Histoire) : Perth, Australie. Les yeux émerveillés, les trois enfants du capitaine Smith écoutent le vibrant récit de leur père, au sujet de ces Mercuriens massacrés par sa terrible Légion Australienne. Aitana, invisible de tous, aiguise la lame de son katana.
#writever (17) (Temps) : «Tu me dois la vie!» Non. Sous les pleurs de ses enfants et ses épouses, elle marque son corps ligoté, comme ses légionnaires ont tailladé son visage. Le vieux cœur de Smith cède. Il est temps de partir, l’Australie sera vidée de toute vie dans une heure.
#writever (18) (Graine) : Une bombe à déshydratation, plantée en plein désert australien, explose. En plein sommeil, ou en plein éveil, tout être vivant, et tout bâtiment, privés de leur humidité, sont aussitôt réduits en une fine poussière inutile. Ils étaient 700 millions.
#writever (19) (Fondation) : « Merci à Sybelle! » Nathan, Nicolas, et Noah, trinquent à leur victoire. Les membres du Conseil de la multinationale Samsonge prennent le pouvoir sur Terre. Il a suffi de donner une bombe à Esminua, pour se venger d’une exaction qu’ils ont causée.
#writever (20) (Voyage) : Ni la mort de 700 millions d’Australiens, ni la nomination des Grands Anciens à la tête de la Terre, n’étaient suffisantes pour assouvir leur vengeance. De retour sur Esminua, Sybelle livre les cinq responsables de l’attentat. Elle n’en reconnaît aucun.
#writever (21) (Entretien) : «Parfaits, ils sont parfaits, je vous dis! Malgré le sable mouvant, leurs hauteurs sont égales. Je les ai sablés de longues heures, au grain 240, pour éviter les échardes.» Les cinq coupables, crucifiés sur ses poteaux, ne semblent pas reconnaissants.
#writever (22) (Oubli) : An 2350. Depuis 30 ans, Sybelle tue leurs opposants terriens. Elle est lasse. Il est temps que Nathan, son « sauveur », rejoigne Smith en enfer. Aitana, survivante Mercurienne à 13 ans, doit se souvenir de ce qu’elle, et son peuple, ont subi. Maintenant.
#writever (23) (Carnet) : Qui écrit encore sur du papier en 2350? Nathan, visiblement. Du papier c’est impiratable, ils disent. Encore faut-il ne pas laisser son petit carnet personnel tomber de sa poche trop serrée. Il a dessiné un cercueil à côté de son prénom à elle, Sybelle.
#writever (24) (Oeuvre) : Les Grands Anciens inaugurent un musée des horreurs qui est dédié à leur œuvre. Sous cloche, dans un liquide préservant les tissus animaux, leurs ennemis sont immortalisés. Même un pauvre Wendigo canadien semble se demander ce qu’il fait là.
#writever (25) (Raconter) : Autant Sybelle et Cole sont des experts pour manier les sabres laser et autres gadgets mortels, autant ils sont terribles pour organiser une propagande visant à nuire aux Grands Anciens. Ce ne sont pas des racontars, seule la poudre parle pour eux.
#writever (26) (Terre) : Les mois passèrent. Les cimetières se remplirent. Les crématoriums crépitèrent nuit et jour. Les hôpitaux virent défiler les amputés. Les enfants de la Terre n’en purent plus, et abandonnèrent les deux rebelles. Aujourd’hui, c’est l’heure de leur procès.
#writever (27) (Fonction) : « Oyez, braves jurés. Sous vos yeux, leurs altesses, leurs grâces, leurs magnificences, leurs grandeurs Nathan le Guéorant, Nicolas l’Immortel, et Noah le Désiré, vont vous remettre leur intime verdict de culpabilité concernant les deux accusés. »
#writever (28) (Forme) : Cole proteste, pendant que Sybelle s’enfonce, résignée, sur son banc d’accusés. «Moi je dis, votre procès, c’est bourré de vices de forme. Même un juge saoul rendrait un meilleur jugement.» Le trio de juge rigole. Ça signifie que l’objection est rejetée.
#writever (29) (Récit) : La gazette d’Oslotte, 1er avril 2350. «Dans leur grande clémence, les Grands Anciens ont condamné Cole Lorner et sa comparse à la vie éternelle sur une planète déserte. Ils seront transformés en humanoïde indestructible. C’est l’éternité pour réfléchir.»
#writever (30) (Plan) : Cole regarde Sybelle. Sybelle regarde Cole. Tout ça pour ça. Tout ça pour en arriver là, aujourd’hui. Trahis par les Grands Anciens. Trahis par les Terriens. Pour la première fois de leur vie, leur cerveau est incapable de concevoir le moindre plan.
#writever (31) (Futur) : T-501, planète poubelle du système des T, sans vie animale ni végétale, est en vue. Cole gratte son bras d’humanoïde. Ça le tente de graver « no future » sur sa jambe métallique. Pourtant, s’il y a de la vie, il y a de l’espoir, n'est-ce pas ?
-0- Devinette. Où me suis-je enfui? Je suis un Castor Canadensis qui a quitté sa tourbière nord-américaine pour une ville sud européenne. Je baigne dans la lumière du soleil qui irradie le Miradouro de Santa Luzia. Chaque passage du tram 28 fait trembler mes fibres de polyester.
-1- Êtes-vous vraiment surpris que le premier acte d’un touriste soit de calmer son estomac plutôt que de visiter un monument? Pizza à la sardine, check. Pizza au cabillaud, check. De toute façon, moi je ne mange que de la cellulose. Miam, une pizza à la cellulose, quel délice!
-2- Le @PanteaoNacional de #Lisbonne c’est la coupole derrière moi. Le cénotaphe (tombeau sans corps) de Vasco rend hommage à celui qui a battu Christophe pour trouver en premier l’Inde. Pour mon continent, Ragnar est le premier tombé sur mes ancêtres, son bateau était délicieux.
Hier j’ai encore rencontré l’amour, un sacré chic type. Je lui ai dit qu’en février il se pourrait que je me moque de lui. Il a haussé ses épaules tout en arguant que ses détracteurs reviennent toujours vers lui, tôt ou tard, en rampant et suppliant. Le feu ne s’éteint jamais.
#stvalentin (1) Je n’ai jamais connu l'amour du risque. J'ai adoré l'école à la maison avec maman au cp, ce1, ce2, cm1, cm2, 6e, 5e, 4e, 3e, 2de, 1re, terminale, prépa, doctorat en génie du génie. J’ai juste connu le télétravail. J’aime l’amour de la stabilité, et maman surtout.
#stvalentin (2) J’ai reçu l’amour en héritage et après taxes et impôts, la valeur nette restante d’amour était si faible que j’ai décidé de l’investir pour m'aimer moi-même uniquement. Si jamais j’avais donné cet amour à autrui, Dieu sait combien d’argent ça m’aurait coûté.
1 - Elle efface le message abscons de son amie et miroir. Elle semble savoir qu’elle ne peut qu’enlever la vie de son corps, encore. Elle court vers elle et brise la porte. Alors qu’elle tombe au bout de ses doigts, son amie dépose une goutte de son propre sang sur ses lèvres.
2 - Lorsque le couteau dérape, elle emprisonne son doigt dans sa bouche, retenant sa vie. Le goût du sang de son amie est bien différent. Il cause en elle un vertige, la transportant jusqu’à la naissance de son premier ancêtre. Il est la mémoire des précédentes versions d’elle.
Et voici la suite de cette histoire d'amour possible, ou pas, entre une IA et un Terrien.
1 - Culture du déshonneur. Ils pensent qu’il raisonne, in fine, comme eux. Acculé à la défaite, il pense gagner. Celui qui respecte sa parole et la morale est un faible, alors il tourne la clé et tous décèdent. Sauf moi, constatant sa victoire. Sa défaite.
2 - Elle veut que je sois une suite de 0 et de 1, comme elle, pour l’éternité. Si je débranche ce panneau solaire qui la maintient en vie, je retourne à ma morne vie de seul survivant. Elle dit que tout est possible avec elle, mais je n’y vois que du vide.
Quand je relis ce que j’ai écrit ces derniers mois, je me dis qu’il est temps de positiver. C’est certain que je vais écrire un truc positif et encourageant. Cela dit, ça va commencer par une catastrophe nucléaire. Parce que.
1 - La voix à l’autre bout de ma radio est anormalement guillerette ce matin. Ça fait 10 ans qu’elle me serine que la catastrophe était mineure. Mais aujourd’hui, le voyant clignote d’un beau vert radioactif. Ce 1er janvier 2033 s’annonce radieux.
2 - Je caresse avec amour les aspérités difformes du béton qui recouvre les parois de mon abri. Pendant qu’ils se moquaient de moi, de nous, toutes mes économies sont passées en lui pendant 20 ans. Aujourd’hui je lui dois la vie, et la vie n’a pas de prix.
C’est l’occasion rêvée pour ce #writober de poursuivre l’histoire des deux chatons extraterrestres qui voulaient rayer la Terre de l’univers (!) (threadreaderapp.com/thread/1383905…). Histoire inspirée des titres de @Myfanwi59. Les images sont tirées de la saison 1 de Ash vs Evil dead.
#writober -1- Nos deux z’héros fixent une bouteille de Canard-WC tournoyant avec torpeur sur la table basse de la boss. Qu’est-ce que ce simulacre de ˁroue de la ruineˀ réserve à leur destinée? Misère sans nom! Le bec du canard désigne l’image de la Terre, leur proie usuelle.
#writober -2- La patronne les fixe d’un air grave. Connaît-elle leur secret honteux? Ils ont pourtant renvoyé discrètement 7 milliards d’humains sur leur planète d’origine. «Les chatons? Avec pas un seul ˁcadavre dans votre maisonˀ, c’est un peu suspect, non?» Malheureusement.