Il y a un mois, je reçois un mail un dimanche après-midi de l'ANSES me demandant si je souhaite faire partie d'un comité groupe d'expertise collective en urgence (GECU) sur les risques de transmission par voie aérienne de la Covid 19, sujet sur lequel je travaille.
Les questions posées au groupe de travail correspondent en tout point à un rapport de sécurisation sanitaire remis la veille —travaillant sur la dynamique des gouttes en aérosol dans les brumes et les nuages, me rendre utile à la société en travaillant sur la Covid était naturel.
La lettre d'invitation me demandait une liste de noms pour compléter le comité de travail… Après avoir rempli un formulaire en ligne qui m'a pris 2h, je n'ai plus eu aucune nouvelle avant d'en demander ce soir.
J'ai appris par retour de mail mon éviction de ce comité. Je ne crois pas que nous soyons nombreux en France à travailler sur le risque de transmission aéroportée.
Au delà de l'incorrection, je ne comprends pas ce à quoi joue le ministère commanditaire du rapport de l'ANSES.
J'ai passé mes jours et mes nuits à éplucher toute la littérature scientifique sur les courbes dose-réponse, les courbes de charge virale, la dynamique des aérosols qui portent les particules virales et j'aurais aimé discuté avec les virologues sur les données manquantes.
Je suis très déçu; travailler un mois dans un groupe multi-disciplinaire, cela m'enthousiasmait; avoir enfin une ouverture vers l'appareil d'Etat, plutôt que les collectivités locales et les agents économiques non étatiques, cela m'enthousiasmait.
Que le ministère ait changé le contour du groupe de travail sur le risque de contamination aéroportée en en supprimant… le risque ET la contamination aéroportée, pour le réduire aux données virologiques (dose réponse sur modèle animal et tissus cellulaires)…
Bref.
Pour bien apprécier la chose:
• le milieu de la virologie a nié, partout dans le monde, la possibilité d'une transmission par voie d'aérosol.
• le monde politique, les comités hospitaliers et les agences sanitaires ont 8 mois de retard sur l'état de l'art scientifique.
• le milieu de la santé est très mal formé aux questions d'aérosol et d'hydrodynamique (ainsi, la responsable Covid de mon université a soutenu pendant des mois qu'ouvrir les fenêtres allait concentrer le virus…)
On m'a fuité la composition du groupe: on n'y trouve personne qui ait travaillé sur la transmission aéroportée de Sars-Cov-2, personne qui connaisse la physico-chimie des aérosols, et nombre de collègues venus des domaines qui ont nié pendant un an la transmission aéroportée.
Ce n'est pas comme lanceur d'alerte pénible qu'il me semblait avoir ma place, mais parce qu'objectivement, nous sommes peu à avoir, depuis une certaine discipline, avalé les centaines d'articles dans trois disciplines différentes permettant de construire.
Les personnes qui m'ont fait évincer depuis le ministère (probablement comme lanceur d'alerte pénible) n'ont même pas conscience que le rapport sera décortiqué dès sa parution et mis en pièce s'il n'est pas à la hauteur (scientifique) des enjeux graves du moment.
Quel type de conséquences dans le verrouillage de la composition de groupe de travail ANSES de ce type? Par exemple de produire un rapport sur les purificateurs d'air intérieur qui… ignore les purificateurs d'air à filtre Hépa. anses.fr/fr/system/file…
Le rapport ne dit rien de faux, bien sûr, mais passer à côté d'un système éprouvé en usage dans tous les trains, dans tous les avions, dans tous les immeubles modernes, cela conduit le politique à faire des erreurs aux conséquences très graves.
Je tiens pour vrai que la science repose sur des faits objectivés et des méthodes explicites, mais surtout sur l'invention de cadres régulés pour la confrontation critique. Plus un groupe de travail présente de diversité, et plus il a de chance de démêler savoirs et croyances.
S'engueuler scientifiquement n'est jamais un problème et ne laisse aucune trace (autre qu'égotique): quand on a tort, on a tort; on en convient et on passe.
Le contrôle politique de "l'expertise", je trouve que c'est l'abomination.
Au cours d'un entretien de 50' avec le directeur général du "pôle d'expertise", j'ai appris:
• que j'avais été candidat (non)
• que le comité était largement ouvert à l'approche pluri-disciplinaire (non)
• que mon éviction était encadrée par des procédures normées (bon…)
• que le politique ayant restreint le contour de sa demande de rapport à la courbe dose réponse et au temps de désactivation viral, la physico-chimie comme l'hydrodynamique des aérosols était hors champ, ainsi que les calculs de risque et la sécurisation sanitaire.
Etc.
La désactivation des particules virales par les protéines antivirale du mucus est un processus enzymatique, sensible aux concentrations salines donc à l'évaporation des gouttelettes.
Comment vont-ils faire en ignorant cela ab initio?
Pour passer des quanta infectieux mesuré en PFU (plages de lyse) sur couches cellulaires, à des quanta infectieux inhalés, il faut… tous les processus de transport et de déposition des particules virales.
Comment vont-ils faire en ignorant l'hydrodynamique des aérosols?
La seule chose crédible, c'est que la personne qui a trié les (non)candidatures ignorait que j'avais remis un rapport scientifique sur la transmission de SARS-CoV-2 par voie d'aérosol dans les ERP (établissements recevant du public) et les méthodes de sécurisation à déployer…
… quelques jours avant le dimanche où j'ai reçu un mail de l'ANSES me proposant d'intégrer un groupe d'expertise en urgence sur le sujet EXACT que j'avais longuement traité par écrit.
Pourquoi m'avoir envoyé ce mail, puisque ce travail n'est connu que des gens qui l'ont reçu?
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Trois ans après mon rapport remis à Occurence en leur demandant (en vain) de le transmettre à ses clients, AUCUNE des recommandations faites, mêmes les plus simples n'ont été suivies.
J'ai le sentiment aujourd'hui que ça s'est encore dégradé.
Le réseau des physiciens qui l'avaient fait il y a 3 ans, est évidemment prêt à réitérer les contrôles de l'intégrité des mesures, si les recommandations élémentaires de fiabilisation des données étaient enfin prises en compte.
Pourquoi en science, demande-t-on l'accès aux données brutes? Pour pouvoir tester leur intégrité, l'existence même d'un signal.
Ici, vous avez les "corrections" appliquées depuis la chambre du 203 Bd Raspail il y a 3 ans, pour 24 manifestants par seconde.
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Le nombre de décès va maintenant augmenter pendant 4 longues semaines et tripler. 6000 nouveaux morts qui auraient été facilement évitables, une fois de plus, avec un peu d'investissement public.
Je n'en reviens pas, de l'accoutumance de la société à ce désastre.
De ce niveau de maladie, rebaptisée "absentéisme" ici, on peut estimer le coût de la politique de laisser-faire selon la doctrine obscurantiste de Great Barrington: 8 à 12 milliards € par mois. francetvinfo.fr/sante/maladie/…
Le coût d'investissement dans la qualité de l'air (VMC double flux, avec deux débits, l'un normal hors épidémie, et un haut pour le désenfumage et phase épidémique; purificateurs d'air) est beaucoup beaucoup beaucoup plus faible…
1/ Il y a un peu plus d'un 15 mois, j'ai reçu un mail du PDG d'un grand groupe de centres commerciaux: aucun cabinet de consulting n'était capable d'établir un protocole sanitaire fondé en science (evidence based) leur permettant de rouvrir. rogueesr.fr/20220329/
2/ Pourquoi moi, qui ne suis "expert" de rien? Parce que je travaille sur les aérosols et que j'avais fait avec des collègues cette vidéo pour mettre en œuvre l'auto-défense sanitaire dans les universités.
3/ Ce que j'ai pu voir, ce sont des acteurs socio-économiques qui veulent des solutions, carrées, fonctionnelles, fondées et convaincantes.
Et j'ai fait le travail, avec une cohorte d'étudiants de L3. Je suis devenu "expert" malgré moi.
Il apparait de plus en plus clairement que la vague du variant BA.2, 1,7 fois plus transmissible que BA.1 arrive dans quelques jours, comme prévu depuis 6 semaines, avec une accélération liée à la rentrée scolaire et à la désinformation.
(graphe @nicolasberrod)
Je ne comprends pas comment le modèle SIR utilisé par l'équipe de Pasteur sur laquelle se fonde la décision publique a pu prédire que le pic de BA.2 était déjà passé et n'ajouterait que 3% de la population atteinte aux 33% atteints par BA.1 et immunes. modelisation-covid19.pasteur.fr/variant/Instit…
Dans la logique d'un modèle SIR, le pic épidémique est atteint quand une fraction 1-1/R de la population a été infectée. Cela signifie un R effectif autour de 1.5 pour BA.1, donc autour de 2 pour BA.2.
Et donc a minima une vague de BA.2 à la moitié de celle de BA.1.
1/ Le séminaire Politique des sciences entre dans sa 13ème année et revient en direct et en public, le jeudi 21 octobre 2021 de 14h30 à 18h30 à l’Institut Henri Poincaré (11 Rue Pierre et Marie Curie, 75005 Paris).
Il sera question du rôle du collectif en mathématique.
2/ Quatre intervenants.
Laure Saint-Raymond, dont je reposte ici son discours à l'académie: "La science dont je rêve..."
3/ Antoine Chambert-Loir (@achambertloir ) évoquera Bourbaki.