Suite du thread sur l'article de Thiers-Vidal, avec pour finir un petit retour sur la série de vidéo faite par Dany Caligula et Cassandre, qui tombe sous le coup de nombre de problèmes mentionnés dans l'article.
Vous l’aurez sûrement compris à travers les quelques mentions faites dans ce thread mais la perspective de Thiers-Vidal s’oppose largement à celle de Daniel Welzer-Lang qui a voulu étudier les masculinités en se détachant des études féministes.
Et comme vous l'avez compris aussi une perspective pareille pose sérieusement problème et tend à reproduire les biais masculinistes. Eh bien, le travail de D. Caligula et Cassandre est tout à fait dans cette veine.
Ils veulent produire une analyse masculine des masculinités et pour ça prennent de réelles libertés avec le féminisme dont ils se revendiquent. A cet égard il n'est pas étonnant qu'ils citent Welzer-Lang dans leurs sources tant les deux démarches sont similaires.
D'où plusieurs problèmes dans leurs vidéo, que Thiers-Vidal avait déjà relevé en son temps.
D'abord on peut dire qu'ils ne se défamiliarisent pas assez de l'expérience vécu des hommes, le plus flagrant là-dessus c'est qu'ils prennent aux sérieux des termes masculinistes comme celui de misère sexuelle.
Ils le font certes en prétendant les retourner pour amener des mecs à déconstruire leur masculinité, mais en faisant ça, il rendent invisibles les rapport d'oppressions qui se cachent derrière.
Ce qui les amène par exemple à tenir des propos étrangement symétriques et douteux, qui se veulent pro-féministes, comme par exemple le fait de dire que les femmes subissent aussi une misère sexuelle, qui s'est manifesté au travers de MeToo.
Un autre aspect flagrant dans leur démarche, c'est qu'ils pensent le féminisme comme une sorte de thérapie pour les hommes.
Ils retirent tous l'aspect dérangeant et couteux qu'une réflexion sur l'oppression des hommes implique, pour y voir une manière pour les hommes de repenser leurs émotions et leur sexualité, de s'épanouir autrement.
Ils négligent tous les bénéfices matérielles, psychologique et affectifs qu'apporte le fait d'être un homme, c'est-à-dire d'être partie prenante d'une classe sociale qui en exploite une autre.
Si bien que dans leurs vidéos les coûts secondaires de la masculinité deviennent centraux, tandis que les bénéfices concrets et les techniques d'oppressions masculines semblent ne pas exister.
Ils vont parler du fait que la masculinité est toxique surtout pour les hommes parce qu'elles ne leur permet d'exprimer leurs émotions, ils vont parler de "tragédie du masculin", du fait que les hommes ne s'intéressent par à leur corps, sont angoissés de ne pas baiser, ect.
En faisant ça ils reproduisent finalement très bien les biais androcentriques que Thiers-Vidal critique, qui amènent les hommes à occulter la dynamique d'oppression des femmes.
Et c'est ça le problème central dans leurs vidéo, tout se passe comme si ils pouvaient traiter de la masculinité indépendamment de l'oppression matérielle des hommes sur les femmes.
Chose très douteuse quand on se donne pour objectif de déconstruire la masculinité, et qui amène forcément à la reconduction de biais masculinistes.
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A quoi sert la racialisation des patient-es dans l’hopital public ?
Je vous résume une étude de Dorothée Prud’homme qui nous explique pourquoi les médecins urgentistes stigmatisent les « roms ».
Avant de rentrer dans le détail de l’étude deux petites précisions.
D’abord ce qu’on va entendre par racialisation ici, c’est le fait que les urgentistes assignent au quotidien une identité raciale à certain-es patient-es en se basant sur leur apparence, leur nom de famille, leur maitrise de la langue française ou leur statut administratif.
Quelle sexualité a-t-on une fois qu’on a passé la cinquantaine et comment ça a évolué depuis les années 70 ?
Je vous résume un article de Nathalie Bajos et Michel Bozon sur le sujet.
Pour une fois pas de préalable, on va rentrer direct dans les résultats auxquels nos deux sociologues arrivent en se basant sur deux enquêtes statistiques d’envergures nationales (l’enquête Simon de 1970 et l’enquête CSF de 2006).
Comment l’expérience des hommes trans éclaire les inégalités de genre au travail ?
Je vous résume un article de Kristen Schilt, traduit par Hélène Windish, sur le sujet.
Petit préalable avant de rentrer dans le dur de l’enquête. Dans cet article K. Schilt se propose d’analyser la manière dont la transition de genre joue sur le positionnement des hommes trans au travail.
Et en s’intéressant à leur trajectoire, elle s’attache non seulement à comprendre leur vécu mais aussi ce qu’il dit sur la manière dont les inégalités de genre sont produites au travail.