Cette culture associée, appelée aussi culture des 3 sœurs est un des piliers de la souveraineté alimentaire ancestrales des peuples précolombiens.
Son succès lui a permis de se répandre vers le sud le long des Andes et de remonter jusqu’en Amérique du Nord où selon les légendes amérindiennes (Cherokee ou Iroquoise selon les sources),
les 3 sœurs auraient permis de nourrir les jumeaux « le Bien » et « le Mal » sur la tombe de la « Terre Mère ».
Plantes divines par excellence ce trio est basé sur le maïs qui lui même a une forte symbolique pour les peuples mayas (qui signifie le peuple du maïs)
Elles sont fortement ancrées dans la culture américaine (centrale et du sud)
Mais pourquoi un tel succès pour ce type de compagnonnage ?
Au delà des considérations spirituelles et patrimoniales elle présente de façon fascinante des intérêts agronomiques et nutritionnels :
1⃣ Intérêts agronomiques
Traditionnellement semés sur des monticules de terres aplaties et espacés de 50 cm le maïs est semé en premier puis une fois levé est entouré de haricots et de courge en mélange de variétés.
le maïs qui développe une tige robuste va servir de tuteur au haricot grimpant.
Le haricot qui fait parti de la famille des légumineuses (maintenant appelée Fabaceae) possède la capacité de capter l’azote de l’air au niveau de structures racinaires spécialisées : les nodosités.
Cette capacité diminue très fortement la nécessité d’amendement. La courge qui possède une surface foliaire importante très proche du sol permet par son pouvoir occultant de réduire la pousse des adventices (les mauvaises herbes).
Elle permet donc de réduire la compétition pour les nutriments. Ce couvert permet aussi une meilleure rétention de l’eau ce qui a pour conséquence une moindre utilisation de l’irrigation.
La courge a aussi un autre rôle, celui de repousser les petits herbivores par la présence « d’épines » sur les tiges et les feuilles et participe donc à la protection des 3 plantes compagnes
on parle dans certains essais d'un total de 15 à 19 tonnes de matière sèche par ha et par an (pour comparaison pour le maïs fourrage on a une moyenne française d'environ 12 tonnes par ha et par an)
2⃣ Intérêts nutritionnels
L’association de ces 3 cultures dans l’alimentation permet de construire un régime alimentaire équilibré qui a contribué à son succès et à son expansion géographique.
Le maïs et le haricot sont riches en sucres lents ce qui en font des aliments de base de premier choix
Le maïs possède une faible biodisponibilité de certains acides aminés (lysine et tryptophane) qui peut entraîner des carences dans le cadre d’une régime exclusif (pelagre).
Pour éviter ces carences les pratiques méso-américaines comme la nixtamalisation (cuisson dans une solution alcaline de chaux ou de cendres) permettent d’augmenter les taux de certaines vitamines et acides aminés.
Le haricot, riche en fibres, protéines et acides aminés, notamment en lysine et tryptophane complète donc très bien le maïs.
Quand à la courge, riche en sucres rapides, en fibre et en vitamines (avec des graines très riches en protéines) complète le tout pour faire une très bonne ration
Il existe de nombreuses variantes de la Milpa avec des piments, solanacées, chenopodiacées , des plantes pour attirer les pollinisateurs etc ...
mais saviez vous qu’en France , dans le Sud Ouest, la culture du Haricot Tarbais ou « Haricot-Maïs » utilise toujours cette méthode de compagnonnage avec le maïs ?
Dans les années 1880 c’étaient 18 000 ha qui étaient cultivés ainsi grâce à la méthode du « tuteurage maïs ». Dans la plaine de Tarbes, on prend l'habitude de semer 1 grain de haricot pour 2 grains de maïs.
Il y a eu un constant déclin jusque dans les années 70/80 pour des raisons multiples (désintérêt pour les légumes secs, changements de pratiques culturales etc...) où on ne recensait plus que 55 ha répartis sur 650 exploitations.
Grâce à l’action concertée de préservation des acteurs de la filière, un conservatoire a été créé et en 2017, c’est 75 ha qui sont cultivés en compagnonnage
Son ramassage à la main et la fluctuation des rendements en fait encore aujourd’hui un produit confidentiel et de luxe. Le compagnonnage intraparcellaire des espèces revient à la mode aussi pour des raisons agroécologiques, des essais sont en cours pour élargir ces pratiques
Merci de m’avoir lu
Fin du fil
Chaleureux Mercis à @ElVeider_FDV pour la relecture du fil
La découverte de chromosomes surnuméraires en 1907 chez la Punaise américaine de la Floride (Acanthocephala terminalis) est confirmée en 1915 chez le maïs. Il seront nommés chromosomes B en 1928 lors de travaux également chez le maïs.
Les chromosomes B sont présents chez de nombreuses espèces, comme les champignons (environ 10 espèces recensées) , les animaux (environ 500 espèces recensées) et les plantes (environ 1400 espèces recensées).
Bravo a toutes et a tous, les 4 réponses étaient valables, en effet cette nouvelle publication permet d'apporter un nouvel éclairage sur la domestication et la sélection de la carotte
🔽🔽🔽
L'article publié cette année permet de préciser les mécanismes de domestication et de création de variétés cultivées
Je ne m'étendrai pas sur la partie qui parle de l'assemblage & l'annotation d'un génome de référence de qualité supérieure à ce qui était disponible jusque là
1- Identification de la structure des populations de carotte
Les autrices et auteurs ont séquencé 630 génomes issus de
- 95 carottes sauvages
- 533 variétés cultivées (cultivar et variétés de pays)
- 2 espèces apparentées : Daucus syrticus et Daucus sahariensis
La fécondation à l’intérieur d’une fleur fermée est appelée la cléistogamie, elle reste minoritaire dans le monde végétal où la chasmogamie (fécondation d’une fleur plus ou moins ouverte) reste la règle, mais est observée dans de nombreuses familles suggérant un avantage sélectif
Chez la violette odorante on observe ainsi 2 types de fleurs :
les fleurs ouvertes qui sont bien visibles et de couleur très caractéristique
L'agave bleu (Agave tequilana / Agave angustifolia ssp. tequilana cv azul Web) est une des nombreuses espèces d'agave (environ 200) qui sont pour la plupart originaires du Mexique.
Son utilisation très ancienne dépasse largement la seule production d'alcool, si ces considérations ethnobotaniques vous interessent, je vous conseille la lecture de cet article tela-botanica.org/2019/08/lagave…