L’épinard a été largement boudé (seulement 17%) alors que c'est bien des différences de morphologie des akènes que Hieronymus Bock (Jérôme Bock ou Tragus) a décrit en 1546.
Hieronymus Bock fait partie de la longue liste des prémendelliens qui, malgré des connaissances scientifiques parcellaires et en lente construction, ont fait des observations dignes d'intérêt.
La description des espèces cultivées remonte a l'antiquité où Virgil et surtout Collumelle. Ce dernier a décrit 1 siècle avant notre ère les pratiques agricoles romaines du semis a la moisson, de la gestion des vignes et des vergers etc ...
Bock en 1539 puis en 1546 est l'un des premiers a distinguer deux types d'épinards cultivés sur la morphologie de leur akènes et dans une moindre mesure la forme des feuilles
L'autre type possède des akènes lisses (d) et des feuilles plus larges et plus arrondies.
L'histoire de la domestication de l'épinard Spinacia oleracea est assez particulière, le centre d'origine est inconnu mais la meilleure hypothèse considérée aujourd'hui est l'actuel Iran.
Apparemment aucune preuve écrite de la présence de cette culture n'a été trouvé dans les écrits Grecs ou Romains, et on la retrouve en Mésopotamie vers le 4e siècle ou en Chine vers le 7e siècle.
Ceci suggère 2 expansions géographiques distinctes dont résultent probablement les différences de variétés observées aujourd'hui entre les variétés asiatiques et européennes.
Les variétés asiatiques ont conservé leur feuilles hastées avec de long pétioles alors que les variétés occidentales possèdent des feuilles arrondies au pétiole court .
Les progéniteurs les plus probables de l'épinard cultivé sont Spinacia turkestanica et Spinacia tetrandra mais cette origine est encore questionnée vu leurs répartitions géographiques.
Les caractères montrant la domestication de l'épinard sont assez subtils et peu évidents. En effet certaines variétés de Spinacia oleracea présentent des ressemblances assez frappantes avec les progeniteurs supposés comme Spinacia turkestanica
comme on le voit sur les dessins descriptifs de Fuchs et Bock. Ceci suggère de nouveau que la modification de la morphologie foliaire et/ou générale de la plante ne fait pas partie au sens strict de la domestication.
En revanche, la comparaison des modes de reproduction est interessante. Les progéniteurs supposés sont des espèces dioïques ie les individus ne portent qu'un seul type fleur (mâle ou femelle) alors que les descriptions de
Fuchs et Bock montrent des plantes monoïques ie les fleurs mâles et les fleurs femelles sont distinctes mais portées par le même individu. L'origine de ces différences restent encore a ce jour discutées (domestication ou pas ?).
Mais LA grande différence entre l'épinard cultivé et les progéniteurs sauvages c'est la morphologie des fleurs femelles. Chez Spinacia turkestanica et Spinacia tetrandra les fleurs femelles sont fusionnées
ce qui donne lieu a des fruits agrégés présentant de multiples épines et contenant plusieurs graines
a ) S. turkestanica
b ) S. tetrandra
Alors que les fleurs femelles de Spinacia oleracea ne sont pas fusionnées, produisant ainsi des fruits à la fois séparés et plus plats
Certains y voient une caractéristique qui facilite la récolte ainsi que le semis des graines contenues dans ces akènes. Caractère qui sera fixé dans l'histoire de la domestication de l'épinard.
Mais on s'égare
Le caractère épineux des akènes chez Spinacia oleracea est contrôlé par un seul gène appelé Fs et qui n'a pas encore été cloné (mais on se rapproche ... plus que 4 gènes candidats dans la dernière publication de janvier dernier)
Gène unique dont l'allèle "épineux" est dominant sur l'allèle "lisse" expliquant l'apparition de variétés à akènes lisses aussi dans les variétés locales du moyen orient.
D'autres variétés seront décrites après Bock et si le sujet de l'histoire de la création variétale chez l’épinard vous intéresse (caractère lisse/épineux du fruit a donné lieu a 2 généalogies séparées) je vous laisse aller plus loin avec les sources
La découverte de chromosomes surnuméraires en 1907 chez la Punaise américaine de la Floride (Acanthocephala terminalis) est confirmée en 1915 chez le maïs. Il seront nommés chromosomes B en 1928 lors de travaux également chez le maïs.
Les chromosomes B sont présents chez de nombreuses espèces, comme les champignons (environ 10 espèces recensées) , les animaux (environ 500 espèces recensées) et les plantes (environ 1400 espèces recensées).
Bravo a toutes et a tous, les 4 réponses étaient valables, en effet cette nouvelle publication permet d'apporter un nouvel éclairage sur la domestication et la sélection de la carotte
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L'article publié cette année permet de préciser les mécanismes de domestication et de création de variétés cultivées
Je ne m'étendrai pas sur la partie qui parle de l'assemblage & l'annotation d'un génome de référence de qualité supérieure à ce qui était disponible jusque là
1- Identification de la structure des populations de carotte
Les autrices et auteurs ont séquencé 630 génomes issus de
- 95 carottes sauvages
- 533 variétés cultivées (cultivar et variétés de pays)
- 2 espèces apparentées : Daucus syrticus et Daucus sahariensis
La fécondation à l’intérieur d’une fleur fermée est appelée la cléistogamie, elle reste minoritaire dans le monde végétal où la chasmogamie (fécondation d’une fleur plus ou moins ouverte) reste la règle, mais est observée dans de nombreuses familles suggérant un avantage sélectif
Chez la violette odorante on observe ainsi 2 types de fleurs :
les fleurs ouvertes qui sont bien visibles et de couleur très caractéristique
L'agave bleu (Agave tequilana / Agave angustifolia ssp. tequilana cv azul Web) est une des nombreuses espèces d'agave (environ 200) qui sont pour la plupart originaires du Mexique.
Son utilisation très ancienne dépasse largement la seule production d'alcool, si ces considérations ethnobotaniques vous interessent, je vous conseille la lecture de cet article tela-botanica.org/2019/08/lagave…