Face à cette crise socio-économique et politique, la corruption, le chômage, la négligence des services publics et la tutelle étrangère sur l’Irak, le peuple irakien a commencé à se mobiliser en octobre 2019 dans les rues.
Des centaines de milliers d’irakiens remplissent les rues du pays, surtout dans la capitale Bagdad et dans les provinces du sud.
Les villes chiites de Bassora et Nassirya ont été les premières villes à lancer le mouvement, bien avant le mois d’octobre.
Après les élections législatives de 2018 qui ont connu un taux d’abstention très élevé (environ 60%) et l’alliance entre le mouvement Sadriste (qui est sorti gagnant grâce à un discours hostile à la tutelle iranienne) et le camp iranien, c’est Adel Abdel Mahdi qui devient PM.
Comme le prévoit la constitution irakienne, le premier ministre chiite détient les pouvoirs dans le pays.
Adel Abdel Mahdi est un indépendant proche de l’Iran et qui ne plait pas à la jeunesse irakienne.
Le pouvoir réprime les manifestations de façon très violente et avec des balles réelles.
Un acteur majeur de la politique irakienne entre en jeu: les milices chiites qui ont la mainmise sur le pays.
Ces milices aident le gouvernement dans la répression.
Ces mêmes milices sont responsables de massacres, déplacements forcés, tortures et emprisonnements aveugles à l’encontre des civils sunnites des territoires libérées de Daech.
Ces mêmes milices sont également responsables du départ forcé des chrétiens d’Irak et menacent leur retour.
En réponse à la répression des milices affiliées à l’Iran, des jeunes de la ville sainte chiite de Najaf incendient le consulat iranien de la ville et brandissent le drapeau irakien à la place de l’iranien.
Un acte symbolique dans la capitale du chiisme.
Cet acte ne plait pas aux autorités, qui se vengent en commettant un massacre dans la ville de Nassirya entre le 28 et 30 novembre.
Un massacre qui fait 95 morts et plus de 350 blessés.
Suite à cet événement le premier ministre démissionne.
Mais sa démission ne met pas fin aux massacres.
Le 6 décembre, les milices tuent 123 manifestants et blessent 123 autres.
La colère populaire embrase le pays qui continue à manifester jusqu’à ce jour avec quelques périodes d’arrêt à cause du COVID.
Suite à la démission de Adel Abdel Mahdi, le pays plonge dans une crise politique pour la formation d’un nouveau gouvernement.
C’est finalement un accord entre les américains et les iraniens qui placent al-Kadhimi, proche de Washington, au pouvoir.
L’espoir du régime repose sur l’image modérée que renvoie al-Kadhimi. Se présentant comme hostile aux milices, il ne fait pourtant rien pour arrêter la répression.
Les irakiens reprennent donc vite les rues pour poursuivre le mouvement.
Mise à part la répression durant les manifestations, les milices ciblent désormais les activistes et les organisateurs à leur domicile.
Les irakiens lancent le hashtag #من_قتلني (« qui m’a tué ? » en arabe)
Et cette semaine des manifestations massives se sont concentrées dans la ville de Bagdad.
La répression fait deux morts et des dizaines de blessés.
Les femmes irakiennes ont également contribué à la révolution, elles se sont engagées dans les soins des blessés et la distribution de nourritures et d’eau aux manifestants.
Le bilan humain de la révolution est catastrophique.
Près de 1000 manifestants tués, 22 000 blessés et 70 activistes assassinés.
Safâ’a al-Sarai, l’un des lanceurs du mouvement a été tué et est devenu le symbole de la révolution.
La révolution n’est pas terminée, la colère et la détermination du peuple irakien demeurent intacts.
Nous ne pouvons que faire une chose pour eux: diffuser les informations sur leur révolution.
Depuis octobre 2019, le peuple irakien se mobilise régulièrement dans les rues.
La « Thawra » (révolution en arabe) rassemble des centaines de milliers d’irakiens et perdure depuis plus d’un an et demi.
Quelle est l’origine de cette révolution ?
Suite à l’invasion américaine, l’Irak enchaîne les catastrophes.
Entre occupation, terrorisme, conflits intercommunautaires, l’état islamique et aussi, une crise socio-économique.
C’est cette crise qui déclencha la révolution.
25% des irakiens vivent sous le seuil de la pauvreté.
Une situation chaotique qui ne fait que s’empirer avec la crise sanitaire.