La Seine n'a pas toujours eu son cours actuel à Paris. Il y a même pas 10-20 000 ans, il y avait un bras supplémentaire, sur la rive droite actuelle.
ET SI ON REGARDE BIEN, on repère la trace de ce bras à plein d'endroits et il faut que je vous en parle ⬇️
Au rayon des rivières disparues de Paris, la Bièvre est en tête de gondole, mais ce bras mort, je n'en avais jamais entendu parler avant de trouver une mention et une note de bas de page sur le MERVEILLEUX atlas du Paris historique
Pour le coup, la Seine n'a pas disparu de Paris, mais le fleuve d'origine, capricieux et puissant, a lui été totalement corseté par la croissance de la ville, parisian-style (une nouvelle pensée émue pour la Bièvre svp)
Et sur cette carte du site de Paris (toujours issue du même site), on voit super bien la trace de cet ancien bras mort !
Moi quand je vois ça, je suis 🤯
A l'origine donc, la Seine occupait un lit bien plus large et plus au nord, et coulait tranquillement au pieds des collines de Montmartre, Ménilmontant, Belleville et Chaillot. Ensuite, elle a tout bonnement volé le lit de la Bièvre voisine.
Ce changement de lit a créé (je vous le donne en mille) :
UN
BRAS
MORT
(de la Seine)
Dans l'« Atlas de Paris », on trouve une carte qui présente le tracé de cet ancien méandre de la Seine, et une qui simule tracé de la Seine préhistorique où on voit bien ce phénomène de changement de lit
Donc la Seine change de lit et elle laisse un bras mort derrière elle. Entre le nouveau et l'ancien lit se forme du coup une zone bien humide, limite marécageuse, si j'osais je dirais que c'est presque... UN MARAIS 🤯
Le temps que des moines se motivent à assainir la zone et à la rendre habitable, ça va prendre des siècles et le nom du « Marais » est resté. Mais c'est pas tout, mais c'est pas tout, comme dirait l'autre.
Un méandre mort d'un fleuve devient un lac, on en trouve par centaines sur le Mississippi par exemple. Je vous ai déjà parlé des méandres du Mississippi ?
Celui-ci, on va progressivement l'assécher et l'assainir, mais il en reste des traces ! Par exemple, on le voit pas mal apparaître lorsque la Seine sort de son cours pendant une maxi inondation, genre celle de 1910
⬆️ Là, on voit carrément la Seine se réapproprier son ancien lit, presque en continu ! Depuis l'Arsenal jusqu'à Chaillot (sauf qu'il manque un bout vers République). Quelle émotion.
Un bras mort asséché, ça fait un belle petite tranchée d'ailleurs. L'idéal pour faire la base de pas mal de choses si on réfléchit, genre :
- un égout à ciel ouvert
- un très grand mur
- des boulevards
Et ben allez, on va se faire les trois, y'a pas de raisons
D'abord, on transforme ça en égout à ciel ouvert, comme c'est déjà le cas pour le ru de Ménilmontant.
Ensuite on s'en sert pour créer la partie Est de l'enceinte de Charles V (au XIVe siècle) comme on le voit super bien sur cette carte issue de wiki
On va ensuite mettre en place une ceinture d'égout à ciel ouvert du plus bel effet, pile dans le tracé de l'ancien méandre, comme on peut le voir sur cette carte de l' @__Apur__ que vous pouvez retrouver dans cette publi ⬇️
Puis, un beau jour de 1670 (à peu près), on décide de raser l'enceinte de Charles V et de la remplacer par une promenade arborée : le « Cours ». Ca va prendre un petit temps mais ça va se faire, on peut le voir sur le plan de Turgot (années 1730)
« Le Cours » restera un boulevard à partir de là et jusqu'à nos jours. On le connaît d'ailleurs bien, on appelle juste ça les « grands boulevards » et on aime flâner dessus car il y a tant de choses tant de choses à voir
Voilà comment de la toponymie à la trame viaire en passant par les inondations et les égouts, cet ancien bras de la Seine a laissé sa trace dans le paysage parisiens !
Je vous laisse je vais boire un grand verre d'eau fraîche.
Et un énorme big up à Michel Huard et son Atlas historique de Paris, une ressource richissime à découvrir en papier ou en pixels
La note de pas de page qui m'a tout appris et qui montre que le tracé du bras mort est encore totalement visibles dans les rues et les boulevards parisiens
Et juste pour le plaisir, une petite carte des voies créées ou prévues par Haussmann
💶🗺️🌍 Il y a un peu plus de 20 ans, une petite carte faisait son apparition dans nos vies.
Vous l'avez tous vue, vous l'avez peut-être dans votre poche en ce moment-même.
Il s'agit de cette carte d'Europe, et elle a ses spécificités, son histoire. Allez, je vous raconte ⬇️
Cette carte, vous l'avez tous eue en main, mais - au final - EST-CE QUE VOUS L'AVEZ BIEN REGARDEE ?
Je suis quasi sûr que non.
Petit rappel : ça fait 23 ans que vous êtes en contact avec cette carte. Mais si, souvenez vous, les petits sachets qu'on pouvait acheter 15,24€ à la Poste parce que c'était 100 Francs tout pile !
Enfin, plutôt de 15 cartes.
Dans un projet qui en compte quasiment une centaine.
Ce sont les cartes des « Ancient meanders of the Mississippi river », réalisées en 1944 par Harold Fisk
Elles sont M.A.G.N.I.F.I.Q.U.E.S 😍😍😍
En fait j'avais déjà vu passer ce que je croyais être « cette carte » et j'ai découvert l'autre jour que c'était 15 cartes différentes (j'ai du aller m'acheter un ventilateur immédiatement)
C'est un projet conduit par l'armée américaine (comme quoi les militaires ne savent pas faire QUE des cartes d'état-major qui servent à faire la guerre) et supervisé par Harold Fisk, un géologue et cartographe de l'université de Louisiane
🗺️🇮🇹🎡 En 1502, Léonard de Vinci réalise cette carte d'Imola, en Italie
Non seulement elle est superbe et *très* exacte, mais elle témoigne de l'émergence de la cartographie moderne, et je vous explique pourquoi en 11 (onze) tweets
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Au tout début du XVIe siècle, Léonard de Vinci entre au service de César Borgia. Une de ses premières commandes est la réalisation d'une carte de la ville d'Imola
A l'époque, quand on fait un plan de ville, c'est surtout en perspective cavalière (du point de vue d'un oiseau, ou d'une montgolfière) et ça donne quelque chose comme ça
Là c'est une vue de Venise par Jacopo de Barbari qui date de 1500.
Si on veut dominer le monde, encore faut-il le connaître.
Bien au courant de ça, l'URSS se lance tout au long du XXe siècle dans un chantier (presque) impossible : la cartographie de... L'ENSEMBLE DE LA PLANÈTE, à différentes échelles et dans le plus grand secret ⬇️⬇️⬇️
Le but de la manœuvre ? La connaissance la plus précise possible de son propre territoire, et de celui de ses adversaires.
Le résultat ? Plus d'un million (!) de cartes et plans représentant l'URSS et ses adversaires de l'Ouest
Ce projet était d'une ampleur considérable, mais aussi frappé du secret le plus absolu, les cartes étant un élément clé de toute campagne militaire. Il est donc difficile de le quantifier précisément, mais on sait qu'il s'est déroulé en plusieurs étapes