#1J1T (1) On pense que la vie c’est s’amuser, mais on soigne son stress avec des pilules. On pense que la vie c’est oublier ses soucis, mais on lit son quotidien quotidiennement. Moi, Juliette, je m’arrête aux premières parties de phrases. Et en passant,«on» est un sombre crétin.
#1J1T (2) «Se mec, cé mon mec à moi!» L’illettrée de base s’appelle Patricia, elle pense que mon mec, c’est son mec. Pourtant, Fred, il est à moi : pectoraux saillants jamais défaillants, ondulants sur mon buste brûlant. Fred c’est mon mec, alors excusez-moi, il m’aime juste moi.
#1J1T (3) Calme, Velux, et soluté, c’est beau comme du Baudelaire, et même les vieilles Parisiennes, derrière leurs persiennes, rêvent de troquer leur soluté pour un litre de rosé à Saint-Tropez. Monokini, bikini, ou tout-kini, tout est bon pour oublier son hyperfolliculinie.
#1J1T (4) Et maman dans tout ça? Maman, c’est toujours sa faute, parce que papa un jour s’est planté sur la Côte. Il reste donc juste une coupable, et c’est une injuste fable. Elle m’a tout donné. Temps, amour et patience. Elle me fait sentir nulle, je la hais donc sans scrupule.
#1J1T (5) On est deux sœurs jumelles, nées sous le signe des coucoumelles. Les vendeurs affables du Go Sport déclament leur chantefable à maman, dont le portefeuille bien garni égale ses rides bien fournies. Ma peau à moi est si lisse, et mes poches ne se paient que du gratis.
#1J1T (6) « Boit… boit… qu’est-ce qu’on boit? » Mon beau-père, cet expert hors pair en gnôle, m’aide à fuir ma geôle à Paris pour un atoll dans le Midi. Éméché en diable, au volant de sa Peugeot 205 décapotable, il m’offre, comme pot de départ, Porto et Ricard. Vite, la gare!
#1J1T (7) Frais, humide, l’air matinal du Sud effraie et intimide mes joues, qui rosissent telle une Miss sans malice, élue à l’unanimité des hurluberlus du comité. Mon train Corail file sur deux rails, longeant sans allure le littoral azur, pour rejoindre ma successorale masure.
#1J1T (8) À la gare de Saint-Raphaël, mon oncle Aldo sue dans sa jeep Laredo, usant de son regard asexuel pour analyser ma gestuelle jaguar. Je suis féline lorsque j’oublie ce spleen quotidien qui dégouline et se noie dans une inertie qui me fige. Il me consume. Il me consumait.
#1J1T (9) Saint-Tropez, en rétro avant et vue arrière, c’est pour mettre mes cauchemars sous œillère. Maman disait, cauchemarder c’est maîtriser une future réalité d’atermoiements. Saint-Tropez, pour oublier que par septillion, tous ils mourront. Je l’ai rêvé, chaque nuit passée.
#1J1T (10) On s’arrête au port du paradis, sans que la mort ait encore essayé de m’attraper, en vue de m’envoyer m’ennuyer aux portes des enfers. Les voiliers aux mâts plus longs que leur coque mettent en échec la théorie selon laquelle la richesse est assurément intérieure.
#1J1T (11) Se mêlant à la brume, le riche voilier me renvoie à mon attitude pauvre en rimes tout comme en frime. Je ne suis pas américaine, et si je le veux je le peux n’est pas mon attitude. Je veux tout sans effort. Je veux tout pour savoir ce qu’il y a après tout.
#1J1T (12) Calme et aussi ardent que le macadam parisien frappé par le soleil d’août, le sable tropézien accueille les bras musclés de mon oncle Aldo. Les grains de sable enlaçant les poils de son torse, c’est une scène qui ravit l’attention des égéries et adeptes des monokinis.
#1J1T (13) Et la chaleur de l’alcool endormant les terminaisons nerveuses de mon cerveau, et la chaleur des rayons du soleil colorant les reflets blonds de mes boucles châtain, constituent le parfait cocktail pour tomber sans connaissance. Pour qu’un beau secouriste me secoure.
#1J1T (14) On me regarde avec réprobation, allongée de tout mon long, une main placée dramatiquement sur mon front, inspirant rapidement, mais avec une retenue romantique. Tout stratagème est bon pour que les coussinets de ses doigts élancés viennent caresser mon front enfiévré.
#1J1T (15) « Boit… elle boit la tasse? » François c’est son doux nom, et il s’enquiert de me voir inanimée. À genoux auprès de mes rotules ratatinées, il appuie fortement ses paumes sur mon estomac, et plutôt que de l’eau salée, j’expulse du jus de raisin alcoolisé. Très sexy.
#1J1T (16) Frais et parfumé à grandes lampées de Loulou par Cacharel, mon corps attire même les mâles du dernier étage de la tour de Babel. L’hôtel de Paris n’est certes pas Babel, et Franck n’est certes pas le prince Pâris, mais sur ce lit moelleux, tous mes vœux pieux j’oublie.
#1J1T (17) À 6h10, Radio Saint-Tropez diffuse «Lips», composée par «The Maine», et un peu d’Arizona envahit la côte azuréenne. Des fois, tu te lèves le matin et tu ne veux même plus un câlin, puis tu écoutes une chanson et tu te dis que la mort attendra bien la prochaine mousson.
#1J1T (18) «Saint-Tropez, la radio des petites pépées qui sont O.K., Bath et In! On soigne tes chagrins d’amour au Macumba tous les soirs à 23h00! Si t’as les yeux revolver, gare ta vespa au parking des anges et on te paie l’apérobic!». Note : penser à prendre mes antibiotiques.
#1J1T (19) «On se calme et on boit frais à Saint-Tropez! Tous les midis dès 11h00 du matin, Jicé et ses bons à rien sont là pour toi, plage de la Ponche, pour deviser de la théorie de la connaissance de Kant! (silence) Mais non, on déconne!» Note: penser à prendre mes aspirines.
#1J1T (20) Se faire jeter comme une vieille radio dans la Méditerranée, c’est ce que je ressens depuis que Dieu m’a sèchement abandonnée. Mes piles sont vides et ne se rechargeront plus. Mes circuits imprimés se noient dans des éthyles translucides qui mettront ma vie au surplus.
#1J1T (21) «Calme-toi le pompon!» C’est ainsi que mon ami Luq me répond, quand irrationnellement je frémis pour des trucs abscons. Tout me dépasse et je ne suis déjà pas très grande. Tout me tracasse parce que je suis une diva que tout appréhende. Exsangue, je me vide en un bang.
#1J1T (22) Et quand rien ne va plus, et que je perds et manque, alors des amis surgissent. Ils me disent que l’important est de ne pas faire son Charlemagne et de continuer à jouer, perdre, manquer, pour un jour gagner. Les jeux ne sont jamais faits. Pourtant le destin me défait.
#1J1T (23) On nous scrute, sonde et dévisage. On nous confond, assimile et amalgame à de jeunes cons. On nous hue, conspue et honnit. Sommes-nous si incivils et écervelés? Certainement. Et ainsi, nous les scrutons, sondons et dévisageons aussi… tous ces vieux Danton.
#1J1T (24) Boit-il trop? Peut-être. Séduit-il les cagoles qui s’enivrent d’éthanol le soir dans leurs draps roses? Peut-être. Hurle-t-il « Allez l’OM! » dans son canapé parsemé de miettes de chips Flodor? Peut-être. Ce qui est sûr, c’est un homme au bord de la crise de nerfs.
#1J1T (25) « Frais du jour! Frais du jour mon poisson! » De son studio, ce sont les derniers mots que le cerveau de l’animateur enregistrera sur ses bandes Agfa. L’homme qui cède à la crise de nerfs, droit comme une Valkyrie de Wagner, descend l’animateur trentenaire.
#1J1T (26) À cause d’une mauvaise blague de cabine téléphonique squattée, sa fiancée Katie l’a quitté. C’était la dernière fois qu’il était en retard à un rendez-vous plein d’espoir. Les parasols rouge et crème l’inspirent pour leur infliger une mort pleine de groove cet aprème.
#1J1T (27) Saint-Tropez, et son goudron gondolant sous les volutes d’air humide, propulsent notre héroïne, que la vie révulse, vers une mort aussi certaine que celle de l’escargot qui regarde les bulles d’air s’échapper de la cocotte minute. Tous deux, par la vapeur, périront.
#1J1T (28) On voit bien que le Dieu de notre héroïne a cessé de siroter son French 75 sur une lune de Cassiopée. Il aurait pu laisser sa tête se projeter dans le carburateur déglingué d’une R5 dézinguée, mais d’une mort certaine il la sauve en l’envoyant valser dans la mangrove.
#1J1T (29) Se réveillant d’un coma, l’héroïne déambule dans les couloirs déserts de l’hôpital. Ses jambes la portent difficilement. Une musique entêtante semble provenir du hall et lui ôte toutes les douleurs musculaires qui la déboussolent. Wake me up before you go go...
#1J1T (30) Calme, il lui faut du calme. Des octogénaires dansent furieusement sur des beats des années 80. « Oh jolie poupée, t’es nouvelle ici toi? T’as eu ta 3e dose, hein? » Elle regarde avec effroi ses mains dont les rides contournent ses vaisseaux sanguins exsangues.
#1J1T (31) Et elle court dans les rues jonchées de détritus. Saint-Trop’ est comme ces milliers d’autres villes, des poches de survivants festoient jusqu’à ce que leurs poumons s’atrophient, pendant que Dieu sirote un Martini à l’entrée du Pigeonnier. Fermez derrière vous, merci.
-0- Devinette. Où me suis-je enfui? Je suis un Castor Canadensis qui a quitté sa tourbière nord-américaine pour une ville sud européenne. Je baigne dans la lumière du soleil qui irradie le Miradouro de Santa Luzia. Chaque passage du tram 28 fait trembler mes fibres de polyester.
-1- Êtes-vous vraiment surpris que le premier acte d’un touriste soit de calmer son estomac plutôt que de visiter un monument? Pizza à la sardine, check. Pizza au cabillaud, check. De toute façon, moi je ne mange que de la cellulose. Miam, une pizza à la cellulose, quel délice!
-2- Le @PanteaoNacional de #Lisbonne c’est la coupole derrière moi. Le cénotaphe (tombeau sans corps) de Vasco rend hommage à celui qui a battu Christophe pour trouver en premier l’Inde. Pour mon continent, Ragnar est le premier tombé sur mes ancêtres, son bateau était délicieux.
Hier j’ai encore rencontré l’amour, un sacré chic type. Je lui ai dit qu’en février il se pourrait que je me moque de lui. Il a haussé ses épaules tout en arguant que ses détracteurs reviennent toujours vers lui, tôt ou tard, en rampant et suppliant. Le feu ne s’éteint jamais.
#stvalentin (1) Je n’ai jamais connu l'amour du risque. J'ai adoré l'école à la maison avec maman au cp, ce1, ce2, cm1, cm2, 6e, 5e, 4e, 3e, 2de, 1re, terminale, prépa, doctorat en génie du génie. J’ai juste connu le télétravail. J’aime l’amour de la stabilité, et maman surtout.
#stvalentin (2) J’ai reçu l’amour en héritage et après taxes et impôts, la valeur nette restante d’amour était si faible que j’ai décidé de l’investir pour m'aimer moi-même uniquement. Si jamais j’avais donné cet amour à autrui, Dieu sait combien d’argent ça m’aurait coûté.
1 - Elle efface le message abscons de son amie et miroir. Elle semble savoir qu’elle ne peut qu’enlever la vie de son corps, encore. Elle court vers elle et brise la porte. Alors qu’elle tombe au bout de ses doigts, son amie dépose une goutte de son propre sang sur ses lèvres.
2 - Lorsque le couteau dérape, elle emprisonne son doigt dans sa bouche, retenant sa vie. Le goût du sang de son amie est bien différent. Il cause en elle un vertige, la transportant jusqu’à la naissance de son premier ancêtre. Il est la mémoire des précédentes versions d’elle.
Et voici la suite de cette histoire d'amour possible, ou pas, entre une IA et un Terrien.
1 - Culture du déshonneur. Ils pensent qu’il raisonne, in fine, comme eux. Acculé à la défaite, il pense gagner. Celui qui respecte sa parole et la morale est un faible, alors il tourne la clé et tous décèdent. Sauf moi, constatant sa victoire. Sa défaite.
2 - Elle veut que je sois une suite de 0 et de 1, comme elle, pour l’éternité. Si je débranche ce panneau solaire qui la maintient en vie, je retourne à ma morne vie de seul survivant. Elle dit que tout est possible avec elle, mais je n’y vois que du vide.
Quand je relis ce que j’ai écrit ces derniers mois, je me dis qu’il est temps de positiver. C’est certain que je vais écrire un truc positif et encourageant. Cela dit, ça va commencer par une catastrophe nucléaire. Parce que.
1 - La voix à l’autre bout de ma radio est anormalement guillerette ce matin. Ça fait 10 ans qu’elle me serine que la catastrophe était mineure. Mais aujourd’hui, le voyant clignote d’un beau vert radioactif. Ce 1er janvier 2033 s’annonce radieux.
2 - Je caresse avec amour les aspérités difformes du béton qui recouvre les parois de mon abri. Pendant qu’ils se moquaient de moi, de nous, toutes mes économies sont passées en lui pendant 20 ans. Aujourd’hui je lui dois la vie, et la vie n’a pas de prix.
C’est l’occasion rêvée pour ce #writober de poursuivre l’histoire des deux chatons extraterrestres qui voulaient rayer la Terre de l’univers (!) (threadreaderapp.com/thread/1383905…). Histoire inspirée des titres de @Myfanwi59. Les images sont tirées de la saison 1 de Ash vs Evil dead.
#writober -1- Nos deux z’héros fixent une bouteille de Canard-WC tournoyant avec torpeur sur la table basse de la boss. Qu’est-ce que ce simulacre de ˁroue de la ruineˀ réserve à leur destinée? Misère sans nom! Le bec du canard désigne l’image de la Terre, leur proie usuelle.
#writober -2- La patronne les fixe d’un air grave. Connaît-elle leur secret honteux? Ils ont pourtant renvoyé discrètement 7 milliards d’humains sur leur planète d’origine. «Les chatons? Avec pas un seul ˁcadavre dans votre maisonˀ, c’est un peu suspect, non?» Malheureusement.