Thread by @WorldKnownledge

[Thread] : Soft power, l'impact des cultures.

Merci de bien vouloir retweeter, ce travail a été plutôt long 😁

Tout d'abord, une petite définition. Qu'est-ce que le "soft-power" ?

Le concept a été théorisé pour la première fois par Joseph Nye en 1990 après que ce dernier ait refusé que l'on considère la puissance américaine comme étant en déclin. Il a alors essayé de démontrer que la

puissance n'avait plus le même sens qu'auparavant en définissant trois types de ressources distinctes qui caractérisent la puissance des pays :

1/ Les ressources militaires.
2/ Les ressources économiques.
3/ Les ressources intangibles.

Ainsi, ces trois types de ressources

s'appliqueraient sous la forme de pouvoirs suivant des chemins totalement distinct : ceux du "hard-power" et ceux du "soft-power".

Le hard-power repose par exemple sur le "pouvoir de commandement", qui est tout simplement la capacité de changer ce que les autres font, d'imposer

par l'incitation ou la coercition (le fait de contraindre, en usant de la menace, par exemple).

Le soft-power userait plutôt du pouvoir de cooptation, qui est la capacité de changer ce que les autres veulent et donc de redessiner la carte politique et géopolitique à son

avantage, par la séduction ou le fait de hiérarchiser les problèmes, en faisant appel à des principes supérieurs communs par exemple.

En finalité, le soft power correspond à la capacité de séduire et convaincre les autres états sans recourir à la force ou à la menace, par le

biais de ressources majoritairement intangibles comme les capacités et réseaux de communication ou encore les réussites et recherches scientifiques et technologiques. Le hard-power se définirait plutôt comme reposant sur les seules ressources militaires ou économiques et sur

l'usage, donc, de la force et de la menace par le biais d'embargo commerciaux ou par le biais de guerre.

Depuis 2015, se reposant sur des critères diverses, objectifs d'une part avec l'attrait touristique, le nombre de publications scientifiques ou de succès sportifs, et

subjectifs d'autre part, avec des sondages sur l'attractivité d'un pays ou sur le niveau de confiance qu'ont les gens envers le pays du point de vue des relations internationales, le cabinet de conseil stratégique Portland et le centre de diplomatie publique de l'université de

Californie du Sud ont établi un score de "soft-power" afin de définir quel pays était le plus puissant dans ces domaines scientifiques et culturels. La France notamment, est arrivée première en 2017 et 2019. Le Royaume-Uni, premier en 2015 et 2018.

Ainsi, certains se posent

certainement la question, mais où sont les Etats-Unis ? La Chine ? Le Japon ? Je dois avouer que sans détail précis des calculs réalisés par le cabinet stratégique, je ne peux pas vraiment vous répondre en détail, mais le poids des questions subjectives doit certainement

expliquer l'absence de ces derniers qui se caractérisent pourtant par un hard power plus que conséquent mais aussi par une présence culturelle redoutable (notamment dans le cas des Etats-Unis et du Japon). Il est tout à fait possible que de nombreuses personnes estiment les pays

considérés comme étant repoussant, inintéressant ou pas digne de confiance. Dans le cas de la Chine par exemple, on peut aisément penser au fait que le fait que le pays soit un régime autoritaire explique en bonne part la 27ème place obtenue en 2019. Les USA finiront 5ème et

le Japon 8ème. La première place de la France s'expliquant surtout par la taille du réseau diplomatique du pays, son rayonnement culturel ainsi que sa présence dans de nombreuses organisations multilatérales (nous sommes le pays présent dans le plus d'organisations au monde).

Continuons en nous concentrant maintenant sur différents "softs-powers".

I/ La Chine, leader mondial en devenir.

Bien que les dernières actions des chinois puissent poser questions quant à l'importance du soft-power pour ces derniers, il faut savoir qu'il s'agit d'un combat

important pour eux et ce depuis 2007, date à laquelle le soft-power a été reconnu comme étant un principe politique. A ce niveau, les chinois ont trois ambitions :

- Au niveau international, redorer le blason du pays en essayant de faire mentir les médias internationaux qui

diaboliseraient le pays selon les politiciens chinois. Le but étant donc de réfuter la thèse de la menace chinoise et de transformer la Chine en un immense (et pacifique) "nounours".

- Au niveau régional (entendez par là, au niveau des pays entourant la Chine, grosso modo),

accroitre l'influence du pays tout en développant des relations sympathiques avec les voisins du sud-est asiatique (surtout). Chose complexe tant les conflits mineurs avec l'Inde se multiplient et tant la dépendance de la Chine à sa "région" est grande (d'un point de vue

économique comme d'un point de vue énergétique) --> Le Japon, le Vietnam et la Corée du Sud représentent à eux seuls 14.2% des exportations chinoises. Le Japon et la Corée du Sud, 16.9% des importations chinoises.

Le pays est par ailleurs le plus grand importateur de pétrole et

de charbon au monde.

- Au niveau national, profiter de ce blason redoré pour assoir la légitimité du PCC, au pouvoir depuis 1949, tout en limitant le plus possible l'impact des occidentaux sur les modes de vies et les habitudes de consommation des chinois. En bref, assurer la

tranquillité du hard power chinois (d'un point de vue économique) et des politiques chinois.

Et c'est pour ça que les chinois investissent aussi massivement à l'étranger : aides humanitaires, développement d'infrastructures, investissements dans le cinéma, organisation

d'événements internationaux (JO de Pékin 2008, épreuves tests des Jeux d'Hiver 2022, Jeux asiatiques de 2010, Championnat du monde d'athlétisme de 2015 …), création des instituts Confucius qui permettent la diffusion de la langue et de la culture chinoise partout à travers le

monde. Peut-être n'en avez vous jamais entendu parler mais les instituts Confucius (créé en 2004) sont présents dans 154 pays et comptent plus de 2.7 millions d'adhérents ce qui les place devant l'Alliance Française (créé en 1883). Pour ceux qui se demandent de quoi il s'agit, on

pourrait comparer cela à des écoles de langues et de cultures où les cours peuvent être suivis en distanciel ou en présentiel.

La Chine développe en parallèle un attrait particulier pour les opérations de maintien de la paix, plus précisément en Afrique, où elle voit de

nombreux intérêt stratégique (au niveau des ressources notamment, les terres africaines étant riches). En 2015, elle a participé à dix opérations du genre, mobilisant près de 3.000 soldats dans un objectif de rayonnement international. Le but ? Faire comprendre qu'ils sont là.