Thread by @__G_k

Thread sur l'affaire #AnnaChloe qui agite les réseaux sociaux et #Chambéry depuis vendredi dernier et sur les conséquences de cette affaire pour les services d'investigation. Je romps une obligation de réserve et j'en accepte les conséquences parce qu'il faut prendre conscience👇

Pour la police tout part d'un dépôt de plainte de la maman d'Anna-Chloé qui n'est pas très explicite et ne vise personne en particulier. Sa fille est tombée mais elle a peut-être été poussée, elle est victime de harcèlement mais ne sait pas qui...

L'affaire s'emballe sur les réseaux sociaux (Facebook puis Instagram et enfin Twitter). Vendredi matin on sent que la pression va monter au service...
Rapidement des diligences sont conduites et dès vendredi soir 5 témoins oculaires de l'accident sont identifiés.

Un surveillant est entendu et 4 collégiens sont joints par téléphone: toutes les versions confirment que la jeune fille est tombée seule, sans avoir été poussée. Elle courrait car sa classe était déjà rentrée, elle a chuté et son visage a heurté un banc.

A ce stade la conviction est déjà une quasi certitude, les élèves sont en 4e, sans lien avec la victime qui est en 6e et sans intérêt de mentir. Le surveillant est le premier à avoir porté secours à la victime, il était à 4 m d'elle quand elle est tombée.

La fameuse caméra de surveillance, n'enregistre pas et quand bien même elle l'aurait fait elle n'aurait pas pu permettre de voir la chute de la fillette qui se trouvait hors du champs de vision.

Pendant le WE le buzz ne fait qu'augmenter avec des messages hallucinants qui interprètent les propos de la mère et transforment littéralement cet accident en violences racistes, alors que la maman n'a pas au départ, dans son post sur Facebook, lié l'accident avec le harcèlement

dont elle pense sa fille victime.
L'affaire devient ultra-sensible et oblige le parquet à communiquer, ce qu'il fait rarement quand l'ensemble des témoignages n'a pas pu être recueilli, notamment celui de la principale victime.

Essayez d'éteindre un feu de forêt avec un verre d'eau.
Dans le week-end cette affaire est devenue une affaire d'Etat. En effet d'un côté des dizaines de milliers de messages de soutien à la famille de l'autre des centaines de messages de haine et de menaces à l'équipe éducative

Lundi matin on a compris qu'il fallait border tous les recoins de la procédure et donc, sur un banal accident, on part faire des constatations précises pour certifier que le banc est hors cadre de la caméra et que celle-ci n'enregistre pas.

On convoque les collégiens (et leurs parents) entendus par téléphone pour acter leurs propos en procédure, on attend Anna et sa maman qui devaient venir lundi mais ne viennent pas comme nous en informe leur avocate qui 2h plus tard nous informe qu'elle n'est plus leur avocate...

Dans le même temps l'équipe éducative et le directeur de l'établissement font face à diverses menaces qui imposent des mesures spécifiques de sécurisation. Selon l'avocat du directeur du collège environ 300 menaces auraient été reçues. Une plainte sera déposée...

Et c'est là que nous en arrivons au point merveilleux de cette affaire: Imaginons qu'il y a effectivement 300 menaces constituées, cela voudrait dire qu'il faudrait ouvrir 300 procédures pénales distinctes.

La plainte a été déposée et nous en mesurons les conséquences: pour le service des violences aux personnes (hors violences conjugales): ajouter 75 dossiers par personne aux 150 dossiers en cours...