Comment cartographier la France ou le Paris du XVIIe ? C'est facile ? Spoiler : non.
Déroulez voir que je vous raconte tout ça ⬇️
Alors, déjà, la cartographie historique c'est généralement un C.A.U.C.H.E.M.A.R
Les frontières, les rues, les territoires nationaux, tout ça est très mouvant et peut changer d'un mois à l'autre, au gré des guerres ou des opérations d'urbanisme
Mais aussi (et surtout), la pratique de la cartographie évolue avec le temps. Aujourd'hui, on vise l'exactitude (en même temps, facile avec des satellites !)
Dans l'histoire, ça n'a pas toujours été le cas, et la cartographie a souvent été beaucoup plus symbolique, évocatrice
Au Moyen-Age, par exemple, on se tourne vers une pratique cartographique uniquement symbolique, les mappa mundi. Le monde est coupé en 3 et Jérusalem est à son centre. Des créatures mythologiques peuplent les terres les plus éloignées.
On avance dans le temps et on se retrouve avec un joyeux mélange d'exactitude et de légendes, comme on peut le voir sur l'Atlas Catalan (1375) qui mêle tracés précis et personnages de légendes ou de mythologie
BREF, pas simple tout ça. Pour les plans de ville, c'est tout aussi complexe puisque la règle a longtemps été celle de la perspective cavalière (comme vue depuis une montgolfière, ou par les yeux d'un oiseau)
Par exemple, cette vue de Venise par Jacopo de Barbari qui date de 1500. Ou même, deux siècles plus tard, le plan de Turgot (1730). Sur ces cartes, pas d'orientation ou nord, et une déformation liée à la perspective cavalière.
Très difficile à numériser avec exactitude !
Pour notre « Atlas Molière » on a du faire un choix pour notre cartographie du Paris de Molière. D'ailleurs, de quel Paris parle-t-on ? Celui de la naissance de Jean-Baptiste Poquelin (1622) ? Ou celui de son apogée théâtrale (la fin de sa carrière, les années 1670) ?
Laissez-moi vous dire qu'entre ces deux dates, on détruit à tour de bras, on construit, la ville s'étend ou se rétracte selon les endroits. Bref, il faut trancher ! Et on a tranché pour le plan de Jacques Gomboust (1652)
Pourquoi celui-ci ? Déjà, il est en vue zénithale et pas en perspective cavalière, donc on se repère mieux. Ensuite, il est super grand ! 1,37 m de haut sur 1,44 de large. Il est donc possible de le trouver en super définition
Une nouvelle fois un grand merci à @GallicaBnF sans qui rien de tout cela n'aurait été possible !!
Maintenant qu'on a notre plan, il nous faut l'orienter au nord, car l'original est orienté dans le sens du fleuve (la Seine coule de haut en bas). Et puis, il faut se lancer dans la numérisation en s'armant de sa souris et de pas mal de patience.
Et voilà ce que donne le résultat final ! Le Paris des années 1650, avec le tout jeune Pont-Neuf, achevé en 1607. Il nous permet de retrouver la trame viaire de l'époque, et donc aussi le lieu de naissance de Molière, au 96 de la rue Saint-Honoré
(c'est juste à côté du métro Louvre Rivoli, mais la station n'était pas encore ouverte à l'époque)
Pour l'Europe ou le monde, la problématique est la même : quand on veut faire une carte d'Europe au XVIIe, il faut trancher sur une date, car les frontières bougent énormément !
On s'est arrêté sur 1650, mais on vous laisse découvrir ça dans le livre :)
Enfin, une ressource incroyable de carto historique dont je vous parlerai jamais assez : l'atlas historique de Paris, de Michel Huard, entièrement disponible en ligne et en super qualité. UNE MINE. Big up Michel, je ne vous remercierai jamais autant que vous le méritez.
Du plan de la salle des machines aux Tuileries aux cartes du monde en passant par celles d'Europe, de Paris ou du château de Versailles, toutes les échelles sont présentes dans l'Atlas Molière, et c'est la même galère à chaque fois.
Le mieux est encore de vous en rendre compte par vous-mêmes en vous procurant cet Atlas, dans lequel on a mis toute notre énergie et tout notre temps libre en 2021. C'est peu dire que j'espère que ça vous plaira.
Très bonne année Molière (c'est les 400 ans de sa naissance !) à vous tou.te.s et vive la cartographie 🌍
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💶🗺️🌍 Il y a (presque) 20 ans, une petite carte faisait son apparition dans nos vies.
Vous l'avez tous vue, vous l'avez peut-être dans votre poche en ce moment-même !
Il s'agit de cette carte d'Europe, et elle a ses spécificités, son histoire. Allez, je vous raconte ⬇️
Cette carte, vous l'avez tous eue en main, mais - au final - EST-CE QUE VOUS L'AVEZ BIEN REGARDÉE ?
Je suis quasi sûr que non.
Petit rappel : au 1er janvier, ça fera 20 ans tout pile que vous êtes en contact avec cette carte. Mais si, souvenez vous, les petits sachets qu'on pouvait acheter 15,24€ à la Poste parce que c'était 100 Francs tout pile !
Il y a un début à tout, et en l'occurrence, tout commence dans les années 1640 quand Madeleine de Scudéry invente un territoire pour représenter les logiques amoureuses.
Madeleine, elle est tellement tout ça. Du coup nous on a fait pareil.
Plus récemment, @IMtheRookie a par exemple appliqué le concept au cinéma en créant Movieland, un continent cinématographique où chaque élément de la carte représente un film
@LesEchos Au final, une campagne présidentielle est une grande course. Et pas un sprint, mais une course de fond comme dirait MC Jean Gab'1
Qui franchira la ligne d'arrivée le premier ?
@LesEchos Et pour représenter une campagne, ses logiques et ses acteurs, mais aussi ses dynamiques, ses écueils et ses principaux évènement, quoi de mieux qu'une carte ?
Bon, elle n'existait pas bien sûr, alors on l'a dessinée pour l'occasion. Et on a complète avec le temps !
🌍🗺🐰 Toujours beaucoup d'amour sur le projet « Comprehensive geography », un manuel de 1877 pour apprendre à dessiner des cartes.
Avec plein de moyens cartographiques mnémotechniques, par exemple visez-moi cette page de « comparative shapes » 😍
Il y a une partie entière consacrée au dessin à main levée : l'auteur donne des conseils pour dessiner chaque continent, par où commencer, où finir, comment inscrire les formes géographiques dans des formes géométriques plus simples...
Et d'une manière générale, c'est rempli de cartes et de gravures tout bonnement magnifiques
Avant qu'il ne soit détruit au XVIII, il existait un « Château de Bagnolet », dont le parc couvrait une grande partie du XXe arrondissement actuel, et s'étendait au delà du périph'
On en retrouve encore les vestiges dans la toponymie ou les bâtiments ⬇️
Le seul bâtiment encore debout est le pavillon de l'Ermitage, une des folies construites dans le parc en 1735 à la demande de la duchesse d'Orléans (la proprio). Il est situé le long de l'actuelle rue de Bagnolet
Voici à quoi ressemblait le château selon le « Plan général du chasteau de Bagnolet et de ses jardins », gravé début XVIIIe par Claude Desgots et visible sur @Gallica ici ⬇️