Thread by @WorldKnownledge

[Thread] : Situation et relation géopolitique russo-ukrainienne.

Tout d’abord, je tiens à mettre le thread entre parenthèses en ceci où je ne suis pas forcément objectif à 100% en ceci que cela concerne probablement, la sécurité, à terme, de notre pays. Bien que beaucoup

pensent qu’il s’agit d’affabulations, beaucoup d’autres pensent le contraire et en définitive : personne n’a raison. C’est un sujet complexe qui peut dérailler sur une simple incompréhension. Je tiens également à préciser que je ne suis pas un expert du domaine, je m’intéresse

beaucoup à la culture des pays de l’Est ainsi qu’à leur actualité mais je ne prétendrai pas avoir raison sur tout ce que j’avance, je compte sur vous pour me corriger si je me trompe et pour débattre dans le respect et dans l’écoute des arguments des uns et des autres. Fin du

préambule, passons aux choses sérieuses.

Chapitre I : La révolution Orange (2004) ou comment tout a commencé.

Nous sommes en novembre 2004 lorsque le deuxième tour des élections présidentielles ukrainienne annonce Viktor Ianoukovytch comme nouveau président de la République

Ukrainienne. Problème : de très nombreux Ukrainiens considère ce résultat comme étant truqué. Il faut dire que Ianoukovytch n’est pas vraiment l’homme le plus blanc du pays, ouvertement pro-russe, notre homme est très proche de l’oligarque Rinat Akhmetov et a passé 25 ans de sa

vie politique au service de l’URSS (de 1964 à 1991), c’est bien évidemment le cas de beaucoup d’homme politique des anciennes républiques soviétiques, mais pour autant, Viktor est resté très proche de la Russie en occupant les postes de vice-gouverneur et de gouverneur de

l’oblast de Donetsk, une région proche de la Russie sur à peu près tous les plans. De fait, les soupçons de fraude peuvent s’avérer compréhensibles et réels. Et c’est par ailleurs ce que prouveront, en quelque sorte, les résultats du deuxième second tour qui finira par annoncer

Viktor Iouchtchenko comme nouveau président de la République. Mais pour obtenir ce nouveau deuxième tour, il a fallu la participation de plusieurs centaines de milliers de manifestants qui, bien évidemment, obtiendront le soutien financier … des américains ! Qui, comme par

hasard, se retrouvent toujours aux bons endroits, aux bons moments. Cette première crise révèle en réalité la lutte d’influence géopolitique et géoéconomique que se livrent les USA et la Russie. Un combat âpre et de longue durée puisqu’il en est ainsi depuis la chute de l’URSS et

la découverte d’un nouvel objectif pour l’OTAN : museler la puissance russe en absorbant/attirant/séduisant les anciennes républiques soviétiques. On peut discuter, bien entendu, de la légitimité et du bien-fondé de ce type de mouvement. Le fait est que les anciennes républiques

sont libres d’accepter ou non de se rapprocher de l’OTAN ou de rester proche de la Russie, il est en revanche difficile de cumuler les deux car l’objectif premier et historique de l’OTAN était bel et bien de faire disparaître les Russes (ou tout du moins l’URSS) en tant que

puissance politique, économique et militaire majeure. Ainsi, les opposants à la révolution orange, en nombre également, ont soulevé l’idée que celle-ci aurait eu pour objectif d’isoler la Russie des pays d’Europe de l’Est, ce qui peut s’entendre par le fait qu'Iouchtchenko a

bénéficié de 65 millions de dollars pour mener sa campagne. Loin d’être rien. Mais la fraude russe n’est pas très difficile à prouver en ceci qu'Iouchtchenko avait 11 points d’avance dans les sondages de sortie des urnes du premier second tour et à tout de même perdu : PERSONNE

N’EST TOUT BLANC DANS CETTE HISTOIRE.

Chapitre II : Les conflits gaziers russo-ukrainiens de 2006 à 2009.

La révolution orange n’est pas la seule à être en cause quant à la détérioration des relations russo-ukrainiennes. Le gaz naturel russe transite par l’Ukraine pour

atteindre l’Europe. Vous vous doutez bien que le fait que deux des trois principaux gazoducs russes passent par un seul pays pour desservir la Slovaquie, la Turquie, l’Autriche, l’Italie, la Moldavie, la Roumanie, la République Tchèque, l’Allemagne et la Bulgarie est une source

potentielle de problème(s). C’est surtout le cas lorsque les Russes jouent sur les prix et sur la distribution de ce même gaz naturel. Ainsi : en 2005, Gazprom (première entreprise russe et cinquième entreprise mondiale en 2007) refuse d’alimenter les gazoducs ukrainiens à la

suite de désaccords sur les prix du gaz. Jusqu’à la fin de l’année 2005, l’Ukraine bénéficiait de prix largement avantageux par le fait qu’elle était une ancienne république soviétique mais soudainement, cette facilité d’accès se retrouvait bouleversée. Les Russes vont argumenter

leur décision par le fait que l’Ukraine était devenu un pays suffisamment puissant économiquement pour payer les mêmes prix que le reste de l’Europe et par le fait que le pays se surapprovisionnait en gaz afin ensuite de revendre le surplus plus cher en Europe afin de faire du

bénéfice sur le dos des Russes. Et factuellement, cette fois, les Russes avaient raison : les Ukrainiens faisaient du bénéfice sur leur dos. L’Ukraine finira par céder et acceptera les conditions russes. Quand je dis que personne n’est tout blanc : PERSONNE N’EST TOUT BLANC.

La source des autres conflits sont des dettes non payées supposées par la Russie mais jamais prouvées et toujours contestées par l’Ukraine, le problème étant que ce conflit (qui date de 2007-2008) malgré des ententes entre les présidents russe et ukrainien, a mis des années à se

résoudre et à prouver l’importance de l’Ukraine tant pour la Russie que pour l’Europe. En effet, Gazprom en réduisant/coupant ses approvisionnements à l’Ukraine a entraîné une réduction de l’alimentation gazière d’un grand nombre de pays européens notamment au cours de l’année

2009 : Bulgarie -30%, Roumanie -15% … au 6 janvier 2009, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, la Serbie et la Macédoine ne recevaient plus une goutte de gaz. C’est vous dire la puissance de négociation des Russes dans le domaine. Au final, les négociations ont abouti à un retour

du gaz russe dans les gazoducs ukrainiens à partir du 20 janvier 2009 mais les négociations entre les Russes (Gazprom) et les Ukrainiens (Naftogaz) sont devenus presque inexistants et les Russes, ayant bien mesuré la puissance de leur réseau gazier, utilisent depuis 2013 ce

dernier pour faire pression sur les Ukrainiens qui essaient de se rapprocher de l’Union Européenne. Voilà pour les origines des disputes qui précédent la crise de Crimée qui va prendre un troisième chapitre plutôt long, je vous laisse donc avec ceci et je reviens plus tard !

considèrent*

De 1964 à 1991 avec une coupure de deux ans au milieu, j'ai oublié de le préciser !

d'hommes politiques*

a tout de même perdu*

et il a prouvé*

inexistantes*

Chapitre III : La crise de Crimée et la guerre du Donbass.

Ce chapitre est sûrement le plus long et le plus complexe du thread mais il permet d’avoir une vision complète et définitive des relations entre l’Ukraine et la Russie et met en exergue la difficulté qu’ont ces deux

pays à ne serait-ce que discuter depuis 2014. Nous sommes en fin 2013 lorsque l’UE tente de multiples rapprochements avec l’Ukraine par le biais notamment d’un accord d’association qui met en colère le Kremlin. La Russie fait alors pression sur son voisin en jouant sur les prix

du gaz et d’autres produits, la crainte étant qu’une quelconque union entre les pays européens et l’Ukraine joue en défaveur de la tentative de reconquête diplomatique (dans un premier temps) des anciennes républiques soviétiques que Poutine ambitionne depuis, grosso-modo, son

arrivée au pouvoir. Mais cette pression, qui finit par faire refuser l’accord, déclenche une colère folle chez nombre d’ukrainiens. Il faut dire que depuis quelques années maintenant, la population se partage entre les pro-européens et les pro-russes et ce mouvement de la part de

Poutine met le feu aux poudres et entraîne le rassemblement de près de 100.000 personnes sur la place Maïdan de Kiev. Ianoukovytch, alors président, est forcé à fuir le pays et l’opposition prend le pouvoir, ce que la Russie prend pour un coup d’état (légitime ou non, c’est une

question sujet à débat). C’est ici que tout commence.
En Crimée, des troupes non-identifiées comme étant formellement des troupes fédérales russes envahissent la péninsule. Alors que Tourtchynov (président d’Ukraine par intérim) déclare la Russie coupable d’invasion, cette

dernière se défend en soulevant le fait que rien ne permet de relier les troupes en présence aux « véritables » forces armées russes. Les hommes en présence arborent en effet un insigne noir et ne répondent pas aux questions quand on leur demande leur appartenance. Ces derniers

prennent le contrôle des aéroports de Simferopol et de Sébastopol. Malgré les essais du parlement ukrainien de faire respecter les engagements de 1994 dans lesquels la Russie, le Royaume-Uni et les USA se sont engagés à garantir l’indépendance ukrainienne en échange de la

renonciation du pays aux armes nucléaires, rien ne s’arrête.
Suivent deux dates importantes à retenir : le 11/03/2014 : Le parlement de Crimée annonce l’indépendance de la république de Crimée. Le 18/03/2014 : Suite à un référendum daté du 16 mars, la Russie annonce que la

Crimée et la ville de Sébastopol deviennent de nouveaux sujets russes. Le référendum comptera près de 1.3 millions de votes sur les 1.9 millions d’habitants de la République de Crimée et 96.4% des voix s’exprimeront en faveur d’un rattachement à la Russie.
Le gros problème de

ces résultats étant que, le référendum n’étant pas considéré comme légal ni légitime, il n’a pas pu être vérifié et les soupçons de fraude sont énormes. Ainsi, on pense que 30 à 50% des criméens seulement ont voté et que 50 à 60% de ces derniers seulement ont voté pour. Selon

Moustafa Djemilev (qui est le représentant des Tatars de Crimée, l’un des principaux groupes d’habitants de la péninsule) par ailleurs, le taux de participation n’était que de 32.4%. Mais toutes les sources ne s’accordent pas et beaucoup estiment que le résultat aurait, dans tous

les cas, été favorable à un rattachement à la Russie par le fait que la Crimée est majoritairement russophone et ethniquement russe (près de 70% de la population si je me souviens bien).
Ce qui est surtout reproché à ce scrutin, c’est qu’il s’est tenu en des lieux pris de force

par les mystérieux hommes armés qui ont décroché le drapeau ukrainien, ont hissé le drapeau russe et n’ont pas nécessairement laissé le choix quant à sa mise en place. Cet ensemble d’événements pour le moins dérangeants va conduire à une escalade des violences et à ce qu’on

appelle la guerre du Donbass, guerre qui se déroule à un tout autre endroit que la Crimée mais qui suit ce mouvement indépendantiste. Nous sommes à l’extrême-est du pays, dans l’oblast de Donetsk, une zone pro-russe dont je vous ai déjà parlé précédemment. Cette guerre continue

encore aujourd’hui et se tient en Europe. Et très peu de personnes en parlent.
On compte, dans cette guerre qui dure depuis bientôt 8 ans, plus de 11.000 morts dont un tiers sont des civils. S’affrontent au moyen d’escarmouches multiples, des mercenaires russes, serbes et

moldaves contre les forces militaires ukrainiennes. La guerre du Donbass est la résultante d’un soulèvement séparatiste. Il s’agit purement et simplement d’une guerre civile. Cela commence en avril 2014 lorsque des forces armées cagoulées prennent de force de très nombreux

bâtiments officiels partout à travers la république populaire de Donetsk. Cette prise des bâtiments officiels est vue par le gouvernement intérimaire d’Ukraine comme une attaque terroriste et Tourtchinov décide de lancer une opération anti-terroriste d’envergure. Et c’est cette

opération qui déclenche la guerre. Très vite (en moins d’un mois) l’armée ukrainienne se met en mouvement et lance une grande opération militaire de retour au calme, mais rien n’y fait, les séparatistes pro-russes sont des milliers et les combats font rages. Des soldats sont tués

, des hélicoptères ukrainiens abattus, ce qui prouve que les hommes sont motivés à faire face coûte que coûte et sont solidement armés. S’en suivent des escarmouches par dizaines durant lesquels des civils sont tués (attaque de l’armée de Kiev sur les pro-russes le 9 mai 2014 le

jour de la célébration de la victoire sur l’Allemagne nazie, plusieurs dizaines de morts), des avions de transports abattus (le 14 juin 2014, un Il-76 transportant personnels et matériels pour l’armée ukrainienne, est abattu par les insurgés alors qu’il s’apprêtait à atterrir, 49

morts). Malgré un processus de paix engagé à la mi-2019, les combats continuent et le 18 février 2020, l’artillerie séparatiste pilonne de nombreuses positions ukrainiennes ce qui rappelle la guerre de tranchée qui a tant marqué le 20ème siècle.

Voilà tout ce que je peux vous

dire sur les prémices de la situation actuelle et le déchirement des relations russo-ukrainiennes qui s’est finalement fait de manière progressive. Je vous laisse compléter le tout avec vos informations et vidéos afin d’offrir une vision encore plus complète de la chose et vous

souhaite à tous une excellente journée, en espérant que ce thread vous a plu et je vous invite à le relayer si ça a été le cas et à me corriger si vous voyez des erreurs ou des imprécisions !