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Feb 3 22 tweets 5 min read
[THREAD] Pourquoi n'utilise-t-on jamais le mot "#lesbiennes" ? Comment sont-elles invisibilisées dans la société ? Réponse dans notre thread du jour👇
Dans notre société, dans les médias, les représentations, la pop-culture, dans les discours, sur internet, et même dans le milieu du militantisme, les lesbiennes sont invisibles, ou plutôt... invisibilisées. À commencer par le mot lui-même : lesbienne.
Comme l'explique @alicecoffin dans son livre "Le génie lesbien" : "Le mot "lesbienne" fait peur. Lesbienne, lesbienne, lesbienne, lesbienne. L'écrire, le dire, est une transgression, une émancipation, une révolution. Le terme terrifie."
Si le mot "lesbienne" se fait rare, c'est surtout parce qu'il est censuré et stigmatisé. Aux USA par exemple, on a longtemps utilisé le terme "L word" en référence à "F word", comme si "lesbienne" était une insulte."
Et s'il n'est pas censuré, il est connoté sexuellement. En 2019, Numerama publiait une enquête sur l'invisibilisation des lesbiennes sur internet en prenant l'exemple de Google.
Lorsqu'on tape "gay" dans la barre de recherche, on tombe sur Wikipedia, des articles de presse ou des lieux de socialisation gay-friendly. À l'inverse, lorsqu'on tape "lesbiennes", on tombe en premier sur... des sites pornographiques.
Même constat sur Youtube, où on y trouve des vidéos sexuelles; Gmail, où des newsletters lesbiennes se retrouvent dans les spams; ou encore Facebook, où des pages comme "Lesbians Who Tech" ont dû supprimer le mot "lesbiennes" de leur titre pour ne pas être bannies...
En 1997, lorsqu'Ellen Degeneres fait la couverture du Time pour y faire son coming-out, elle utilise le mot "gay" plutôt que "lesbienne".
Ce qui peut paraître comme un détail pour beaucoup ne l'est pas pour la communauté lesbienne : l'utilisation du mot "gay" est symbolique et surtout symptomatique de l'invisibilisation des lesbiennes.
Cette invisibilisation se poursuit dans les médias où les lesbiennes sont très peu invitées, en particulier pour les sujets qui les concernent. Un constat dénoncé par l'Association des Journalistes Lesbiennes, Gays, Bi·e·s, Trans et Intersexes (@ajlgbt) 👇
"Pour évoquer les thématiques LGBT, ce sont les hommes gays qui sont invités à s’exprimer. Et quand, par bonheur, on finit par apercevoir les lesbiennes au détour d’un reportage, difficile d’échapper aux poncifs et aux représentations qui les enferment dans un stéréotype :..."
"...Ceux de la «camionneuse hommasse» ou de la «mal baisée hystérique et agressive» ou celui, tout aussi sexiste, d’une femme «sans sexualité». Si la sexualité des gays est vue comme débridée, celles des lesbiennes est tout simplement niée."
L'exemple le plus frappant est celui de la PMA, où presque aucune femme lesbienne n'a été invitée dans les médias pour débattre ou témoigner, alors que les opposants, comme "la manif pour tous", ont bénéficié d'une large tribune.
Plus largement, les médias peinent à écrire ou dire le mot "lesbienne" : lorsque l'attaquante des Bleues, Marinette Pichon, accorde une interview à L'Équipe pour y faire son coming out, le journal n'utilise pas une seule fois, dans son article, le mot "lesbienne".
La pop culture ne fait malheureusement pas figure d'exception, malgré une légère évolution ces dernières années : dans les films ou séries, les femmes lesbiennes sont souvent reléguées au second plan, voire inexistantes ou mêmes effacées.
Quelques exemples sidérants : dans le biopic sur Loïe Fuller, "La Danseuse", on a rendu le personnage hétéro alors qu'elle était en réalité lesbienne; dans le film "Black Panther", une romance lesbienne qui existait dans la bédé a été gommée au montage final...
Et dans "Dix pour Cent", le personnage lesbien joué par Camille Cottin, finit par coucher avec un homme...
Et s'il y a des lesbiennes dans des films ou séries, c'est pour raconter leur histoire tragique ou alors les faire mourir en premier : c'est ce que l'on appelle le "Dead Lesbian Syndrome".
Selon un rapport du GLAAD (Gay & Lesbian Association Against Diffamation) sur l'année 2015-2016, les personnages LGBTQI+ avaient 4 fois plus de chance de mourir qu'un personnage hétéro, et 3 personnages morts sur 4 étaient des lesbiennes.
Plusieurs exemples illustrent bien cette problématique : dans la saison 4 de "Buffy contre les vampires", Willow tombe amoureuse de Tara, mais cette dernière meurt subitement dans la saison 6, simplement pour donner une storyline de vengeance à Willow.
Dans la série "The 100", Clarke tombe amoureuse de Lexa, qui meurt dans la saison 3, ce qui avait déclenché la colère des fans.
Même son de cloche dans "The Walking Dead" lorsque Denise meurt quelques épisodes seulement après le début de sa relation avec Tara, autre personnage de la série.

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