Ce soir dans @Qofficiel je vous ai parlé cartographie et propagande à l'encontre de la Russie (ou de l'URSS), avec plein d'exemples historiques, des pieuvres cartographiques et des cadrages étranges.
C'est parti pour un petit tour d'horizon ⬇️
On commence avec cette carte anthropomorphique de 1877 dans laquelle tous les pays européens sont représentés par des figures humaines... sauf la Russie qui est une pieuvre qui lance ses tentacules à l'assaut de l'Europe
La pieuvre russe, dont les deux yeux sont Saint-Petersbourg et Moscou, étrangle de ses tentacules l'empire ottoman (dont la ceinture est le détroit du Bosphore), la Bulgarie, la Crimée, la Pologne, Finlande... et, déjà à l'époque, la Crimée
Autre exemple avec cette carte japonaise signée Kisaburō Ohara et réalisée durant la guerre russo-japonaise (1904-1905).
Le tentacule le plus important est celui qui traverse la Mandchourie : la présence russe dans cette zone est à la base de la guerre qui l'oppose au Japon
Petit bond dans le temps avec cette carte allemande de 1934 sobrement intitulée « Vermine »
Cette carte farouchement anti-russe fait état de la peur du communisme, avec une allégorie de l'Europe qui se réveille envahie d'insectes rouges au dos frappé de l'étoile soviétique...
Pour rester dans le sanitaire, on a aussi cette carte américaine de 1946 qui résonne beaucoup avec l'actualité.
Déjà parce que son titre « What does Russia want ? » a sûrement été pas mal utilisé ces temps-ci
Mais aussi parce que la métaphore de la contagion (communiste) est filée jusque dans la légende : les pays sont soit « infectés », soit « exposés », soit « en quarantaine ».
Une autre visions du test PCR (Pays Communiste Révolutionnaire)
Mais il y aussi des moyens plus subtils que les pieuvres ou les insectes.
Par exemple, un bon vieux cadrage bien serré. Dans cette carte 🇺🇸 de 1947, la Russie est massive, écarlate, elle rentre même pas dans le cadre. Le message : la Russie est ENORME. Donc le danger aussi.
Autre technique : adopter une projection cheloue comme dans cette carte de 1952 publiée dans le Time, avec sa superbe rose des vents soviétique
La projection orthographique couplée à l'orientation depuis Moscou donne carrément l'impression que les communistes sont à nos portes !
Notamment en faussant bien les distances comme il faut, je l'avais expliqué il y a quelques années dans une série de touites ⬇️
Bref, du cadrage à l'orientation en passant par la projection ou les métaphores franchement hostiles, il y a plein de techniques et énormément d'exemples de propagande cartographique.
Là, ce sont juste quelques exemples historiques ciblés contre la Russie
Et la propagande cartographique a de beaux jours devant elle : après l'annexion de la Crimée en 2014, les Russes avaient disposé de grands panneaux sur la péninsule pour rappeler ses origines russes tout en finesse
Et vous pouvez (re)voir la chronique de ce soir dans @Qofficiel sur la propagande cartographique en cliquant sur le lien ci-dessous avec le bouton gauche de votre souris ⬇️
💶🗺️🌍 Il y a un peu plus de 20 ans, une petite carte faisait son apparition dans nos vies.
Vous l'avez tous vue, vous l'avez peut-être dans votre poche en ce moment-même.
Il s'agit de cette carte d'Europe, et elle a ses spécificités, son histoire. Allez, je vous raconte ⬇️
Cette carte, vous l'avez tous eue en main, mais - au final - EST-CE QUE VOUS L'AVEZ BIEN REGARDEE ?
Je suis quasi sûr que non.
Petit rappel : ça fait 23 ans que vous êtes en contact avec cette carte. Mais si, souvenez vous, les petits sachets qu'on pouvait acheter 15,24€ à la Poste parce que c'était 100 Francs tout pile !
Enfin, plutôt de 15 cartes.
Dans un projet qui en compte quasiment une centaine.
Ce sont les cartes des « Ancient meanders of the Mississippi river », réalisées en 1944 par Harold Fisk
Elles sont M.A.G.N.I.F.I.Q.U.E.S 😍😍😍
En fait j'avais déjà vu passer ce que je croyais être « cette carte » et j'ai découvert l'autre jour que c'était 15 cartes différentes (j'ai du aller m'acheter un ventilateur immédiatement)
C'est un projet conduit par l'armée américaine (comme quoi les militaires ne savent pas faire QUE des cartes d'état-major qui servent à faire la guerre) et supervisé par Harold Fisk, un géologue et cartographe de l'université de Louisiane
🗺️🇮🇹🎡 En 1502, Léonard de Vinci réalise cette carte d'Imola, en Italie
Non seulement elle est superbe et *très* exacte, mais elle témoigne de l'émergence de la cartographie moderne, et je vous explique pourquoi en 11 (onze) tweets
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Au tout début du XVIe siècle, Léonard de Vinci entre au service de César Borgia. Une de ses premières commandes est la réalisation d'une carte de la ville d'Imola
A l'époque, quand on fait un plan de ville, c'est surtout en perspective cavalière (du point de vue d'un oiseau, ou d'une montgolfière) et ça donne quelque chose comme ça
Là c'est une vue de Venise par Jacopo de Barbari qui date de 1500.
Si on veut dominer le monde, encore faut-il le connaître.
Bien au courant de ça, l'URSS se lance tout au long du XXe siècle dans un chantier (presque) impossible : la cartographie de... L'ENSEMBLE DE LA PLANÈTE, à différentes échelles et dans le plus grand secret ⬇️⬇️⬇️
Le but de la manœuvre ? La connaissance la plus précise possible de son propre territoire, et de celui de ses adversaires.
Le résultat ? Plus d'un million (!) de cartes et plans représentant l'URSS et ses adversaires de l'Ouest
Ce projet était d'une ampleur considérable, mais aussi frappé du secret le plus absolu, les cartes étant un élément clé de toute campagne militaire. Il est donc difficile de le quantifier précisément, mais on sait qu'il s'est déroulé en plusieurs étapes