Thread by @dicointellos

Il y en aurait long à dire sur la sortie de Nantel au sujet de la "discrimination positive" du poste de chaire affiché à l'Université Laval (poste réservé aux catégories sous-représentées dans les chaires: femmes, minorités visibles, situation de handicap, Autochtones) 1/

Je vais essayer d'être court tout en campant un peu le portrait, historiquement, sur la base de l'égalité hommes-femmes.
On a en effet eu (et oublié) un semblable débat il y a plus de 35 ans, dans la foulée des mouvements féministes et des changements législatifs 2/

Ainsi, on a amendé la Charte des droits du Québec en 1985 pour combattre la discrimination systémique en matière d'emploi connue dans les 4 catégories sus-mentionnées en confiant à la Commission des droits de la personne le soin de mettre cela en oeuvre 3/

Cela a à cette époque engendré des discussions vives dans le monde universitaire, centrées sur l'embauche des femmes comme professeures. Avec de très inutiles craintes d'embaucher des femmes "moins bonnes" que les hommes, "à cause de quotas", etc. 4/

Dans la plupart des universités, il n'y a pas eu de "vraies" mesures, rien que de "douces invitations" à embaucher aussi des femmes, de temps en temps, "à compétence égale".
Ô surprise, on a eu tendance à juger qu'elles n'avaient pas la même compétence... 5/

Tant et si bien que 37 ans plus tard, il n'y a d'égalité hommes/femmes que dans un seul corps professoral, celui de l'UQAM. Et qu'au Canada en général, il n'y avait en 2018 que 28% de femmes professeures titulaires (le plus haut rang). 6/

En somme: l'égalité n'est toujours pas atteinte, plusieurs décennies plus tard. Et ce n'est évidemment pas mieux pour les 3 autres catégories (minorités visibles, situations de handicap, Autochtones). 7/

Pour corriger cela, le programme des chaires de recherche du Canada a décidé de mettre des dents: les universités n'atteignant pas des quotas "minimalistes" (37% de femmes, c'est encore très loin de 50%) n'auront plus de nouvelles chaires ($$$) 8/

Cela fait plus de 20 ans qu'on a constaté le déséquilibre. Les Nantel de ce monde ont-ils crié à une injustice? (ben non, ils ont joyeusement vécu dans l'ignorance de la discrimination). Les "demandes" de changement, sans "dents", n'ont rien donné. 9/

Pourquoi? Parce que les hommes blancs sans handicap ont structurellement moins d'obstacles dans leur parcours, dans tous les systèmes universitaires. De sorte qu'il est souvent aisé d'en trouver un qui a une plus grosse subvention, un peu plus d'articles. 10/

Personne, dans les embauches, ne "veut" reconduire des discriminations systémiques. On se contente de les ignorer, ce qui fait qu'on les reproduit. 11/

Cependant, certaines universités se trouvent, comme à Laval, à ne plus savoir comment atteindre les cibles exigées. Et au lieu d'instaurer des mécanismes permettant de montrer qu'il y a des femmes, minorités visibles, etc. à compétence égale, on restreint d'emblée le poste 12/

Est-ce que les Nantel et cie cherchent à comprendre pourquoi? Bien sûr que non, ils veulent jouer aux victimes accusant ceux et celles jouant aux victimes. Reproduire les injustices, ils sont pour, si cela leur donne du millage politique ou médiatique. 13/

Ils sont petits, mesquins, néfastes. Ils s'attaquent, une fois de plus, à ceux qui ont le plus d'obstacles. Ils s'attaquent aux dominés. 14 et fin.