Thread by @KersimonIsa

[PETIT THREAD] 🔽 On me demande si j'estime plausible l'information du jour selon laquelle des membres #printempsrepublicain écriraient des fiches pour Marine Le Pen. Oui, et je vous explique pourquoi. 1/n

Je comprends que d'aucuns aient des raisons de douter, étant donné que les propos des leaders du mouvement sont des plus clairs vis-à-vis du RN, mais c'est compter sans un problème structurel du Printemps républicain 2/n

Dès ses débuts, en effet, on a vu se former sur Facebook un curieux attelage de socialistes, d'ex-PS, de MRC ou ex-MRC, etc. Beaucoup se revendiquaient "souverainistes". 3/n

La seule ligne de direction étant la "défense de la laïcité" et le "combat contre l'islamisme" et le seul élément de réflexion consistant en le slogan #TenailleIdentitaire et l'idée d'#InsécuritéCulturelle 4/n

il était facile de rassembler un maximum d'internautes, voire ensuite de personnes irl, surtout dans le contexte des attentats djihadistes et des crimes antisémites qui se sont succédé ces années-là. 5/n

Face à l'angoisse et aux propos souvent violemment misogynes et antimusulmans (j'ai des centaines d'archives) sur les pages Facebook des leaders, puis sous leurs tweets, le Printemps républicain n'a jamais jugé bon de recadrer ses troupes. 6/n

Aussi a-t-on vu les troupes en question tomber des nues lorsque les leaders ont commencé timidement à reconnaître que l'antisémitisme était aussi le fait de l'extrême droite, ou encore 7/n

que l'extrême droite représentait finalement non pas un problème "résiduel", mais un problème actuel et massif. La déception a pu être observée aussi lors des critiques assez tièdes de Michel Onfray, certains anciens proches et/ou sympathisants l'ayant rejoint. 8/n

Même chose lorsque, plutôt récemment eu égard au phénomène, les leaders du Printemps républicain se sont prononcés contre Zemmour. Beaucoup de leurs fans n'ont pas compris quel était le problème avec Z. 9/n

Dernier coup dur pour une partie de la base : le soutien à Emmanuel Macron, vécu comme la pire trahison par des personnes se présentant comme adhérentes/membres du mouvement. 10/n

De plus, les prises de position pour le moins élastiques du Printemps républicain et de la sphère que j'appelle #néolaïque ont précipité leurs sympathisants dans un univers parallèle où seul comptait finalement un "combat contre l'islamisme et pour la laïcité"

dénué de colonne vertébrale et faisant référence à des "intellectuels" ayant eux-même des vues peu défavorables à l'extrême droite. 12/n

Au fil des ans, de reprises de narratifs et infox d'extrême droite en promotions de thèmes d'extrême droite, en passant par des co-signatures avec des personnes tenant des discours d'extrême droite, les cartes ont fini de se brouiller. 13/n

Aussi, bien d'anciens "alliés" du Printemps républicain s'en sont-ils/elles éloigné.e.s d'une part pour des raisons très bassement politiciennes, d'autre part tardivement en découvrant que finalement, les leaders se mettaient à critiquer l'extrême droite. 14/n

Tout en clamant dans tous les médias et via députés et ministres que le danger suprême était l'#islamogauchisme et le #wokisme. Des campagnes d'ailleurs conduites simultanément par leurs "anciens" sympathisants (Céline Pina et Fatiha Boudjahlat, notamment), au même rythme, 15/n

et en même temps. Ces "adversaires", dont Barbara Lefèbvre, s'étaient d'ailleurs retrouvés comme larrons en foire pour démolir notre tribune sur l'antisémitisme (Le Monde, mai 2018) parce que celle-ci mettait AUSSI en cause l'extrême droite. 16/n

Tout cela appartient à une longue histoire politique qui n'a rien d'anodin et que je vous raconterai plus tard dans les grandes largeurs et en détail. 17/17