Depuis 2014, je mène ou j'ai mené un travail documentaire dans plusieurs communes où Marine Le Pen a obtenu hier, des résultats supérieurs à 55 %. Ces villes sont emblématiques de territoires touchés de plein fouet par la désindustrialisation. Voici le détail : 1/9
Pour "L'illusion nationale" paru en 2017 aux @les_arenes, je me suis rendu à Beaucaire dans le Gard, MLP y obtient un score de 60,82 % (+6 % par rapport à 2017) ; Hayange en Moselle : 58,74 % (+ 10 %) et Hénin-Beaumont : 67,15 % (+ 6 %). 2/9
Ces trois villes sont "tenues" par le FN/RN depuis 2014. Dans la continuité des élections municipales, le parti d'extrême-droite conforte ses positions. Il progresse plus franchement à Hayange, dans un département où Marine Le Pen fait quasiment jeu égal avec Macron. 3/9
Pour écrire "Les racines de la colère" (2019) je suis resté plus de deux ans à Denain. Vous savez Denain ? C'est la ville où Macron s'est rendu au lendemain du 1er tour. Voici le résultat : 60,58 % pour Le Pen (+ 3,5 % par rapport à 2017). 4/9
À Denain, c'est aussi l'abstention qui progresse, dans une ville où le score de Jean-Luc Mélenchon était de 28 % au 1er tour, loin, très loin devant Macron. Ici, c'est d'abord la question du pouvoir d'achat qui mobilise. Denain est l'une des villes les plus pauvres de France. 5/9
Enfin pour l'écriture de mon prochain livre "Les femmes du lien", j'ai fait le choix de travailler dans le sud de l'Avesnois (59) et dans la Thiérache (02) ainsi que dans le 93. J'y suis depuis deux ans, des femmes travaillant dans les métiers du soin. 6/9
La majorité d'entre-elles ont voté pour Marine Le Pen hier. Toutes considèrent que les professions qu'elles exercent, ne sont pas reconnues à leur juste valeur. Les questions d'insécurité et d'immigration ne font pas parties de leur préoccupations. 7/9
Quelques résultats dans ces communes :
Fourmies : 66,46 % pour MLP (+ 11 %), Wignehies : 66,28 % (+ 5 %), Glageon : 69,03 %, Cartignies : 60,70 %, Dompierre-sur-Helpes : 60,22 %, Hirson dans l'Aisne : 62 % (+ 8 %). Toutes ces communes ont une pop. supérieure à 2000 hab. 8/9
Et donc ? Le RN/FN se nourrit parfaitement de l'imaginaire du ressentiment. C'est un moteur puissant dans des territoires qui ont été abandonnés depuis des décennies. Ce discours est aussi audible pour nombre de salariés qui se sentent aujourd'hui déclassés. 9/9
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THREAD - C'est un grand jour qui s'ouvre pour moi ! Mon livre "Les femmes du lien" sort enfin en librairie ! Un cycle de 3 années de travail s'achève. J'ai partagé ici quelques traces de cette démarche. Vous allez pouvoir découvrir les récits incroyables de ces femmes ! 1/13
Mais je voudrais dire quelques mots sur le sens de ma démarche. Ce projet initié fin 2019 m'a amené à documenter le quotidien de plusieurs travailleuses du "care" dans deux territoires distincts : une zone rurale du Nord de la France, dans l'Avesnois et en région parisienne. 2/13
Pourquoi ce choix ? Parce qu'il m'a semblé intéressant d'interroger la place de la classe "servicielle" féminine selon ces territoires. Dans les campagnes, il y a une centralité des femmes dans le travail du care et l'entretien des relations familiales... 3/13
Toute ma vie d'adulte, j'ai été le témoin indirect de femmes victimes de violences sexistes et sexuelles. L'une d'entre elles, qui a été ma compagne, violée dans son enfance, a fini par mettre fin à ses jours. Tellement d'amies ont porté comme un fardeau ces violences ! 1/5
Les mots qui brisent le silence depuis plusieurs années sont le passage obligatoire pour changer de paradigme et mettre fin un jour, à la norme dominante de la masculinité (dans laquelle je ne me suis jamais reconnu). C'est vrai dans le monde politique comme partout ailleurs 2/5
En travaillant sur mon livre "Les femmes du lien", j'ai vu des femmes, qui pour certaines, ont tout fait pour ne plus dépendre de l'emprise d'un homme. L'exil pour certaines, le travail pour d'autres était le chemin pour s'affranchir de la domination masculine. 3/5
Je ne suis ni sondeur, ni politologue. Mais, mon travail m'amène à écouter et connaître des gens de tous les horizons. Je pense pouvoir prétendre assez bien connaître notre pays. Alors que l'échéance présidentielle approche, une victoire de Le Pen est tout à fait possible. 1/8
Entre 2014 et 2016, je me suis posé avec @ValerieIgounet dans 3 villes dirigées par des maires FN. Nous avons voulu connaître les électeurs, qu'il nous raconte leur vie, leurs craintes mais aussi leurs espoirs. Ce travail a été restitué dans le livre "L'illusion nationale" 2/8
En 2017, je savais que Marine Le Pen n'avait aucune chance de passer et ce malgré le bilan catastrophique de Hollande. Si les électeurs frontistes pouvaient exprimer une adhésion revendiquée aux thèses de ce parti, ils exprimaient encore souvent des doutes 3/8
[THREAD] Quelques réflexions à propos des #giletsjaunes. Hier, je ne me suis pas mêlé à mes confrères journalistes pour "couvrir" cette journée du #17novembre2018. Faire des images de cette journée était tout à fait respectable. Mais je m'interroge sur le sens de ces images
Je m'explique. L'action de ces #giletsjaunes échappe aux politiques et marque une défiance à l'égard des médias. Le gilet jaune est devenu un symbole mais un symbole réducteur sur le sens de ce mouvement. Il symbolise la voiture et les carburants. Or, la colère va bien au-delà
Depuis 18 mois, je réalise un travail documentaire à #Denain, une ville pauvre à proximité de Valenciennes. J'étudie les problématiques de mobilité en documentant le quotidien de familles pour la plupart pauvres et toutes confrontées à la contraction de leur pouvoir d'achat