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Apr 27 130 tweets 42 min read
3ème jour du procès de la catastrophe de #Bretigny. Nous devrions finalement démarrer par le représentant de la SNCF qui n’a pas pu s’exprimer en longueur hier. Puis, Laurent W., le cadre de maintenance de Brétigny. @RTLFrance
Toujours les mêmes victimes sur les bancs des parties civiles. Une quinzaine qui n'ont pas décroché des débats depuis le premier jour. Pourtant, la question du financement SNCF est franchement éloignée du coeur du dossier. #Brétigny
La présidente à l'audience, Cécile-Louis Loyant, se base sur un schéma qui présente la répartition de la gestion du réseau ferré. "D'après le schéma, c'est la SNCF qui est garante de la sécurité". #Brétigny
Sur le fond toujours des questions organisationnelles RFF/SNCF. Le représentant RFF est toujours à la barre. Me Clerc, avocat de parties civiles, interpelle l'avocat de RFF. "S'il pose des questions à son client, peut-il éviter de lui donner les réponses?" #Brétigny
L'avocat visé, Antonin Levy: "le pouvoir de télékinésie du conseil... Madame la présidente, je vais donc transmettre la décision de relaxe au tribunal". Pas tout à fait du goût de la magistrate, qui répond par un haussement de sourcil et une moue. #Brétigny
C'est au tour du représentant SNCF de se présenter à la barre. "J'imagine que vous avez beaucoup de choses à nous dire" entame la présidente. #Bretigny
J'ai conscience que ce LT mériterait un peu de fond. Mais encore une fois, les questions de financement/organisation de RFF/SNCF sont complexes, arides et franchement éloignées de la catastrophe ferroviaire. #Brétigny
Le représentant SNCF va décortiquer les chiffres clés du groupe SNCF en 2013, année de la catastrophe de #Brétigny. Le groupe fait alors 32,23 milliards de chiffre d'affaires.
Les 5 branches de la SNCF en 2013, celle qui génère le plus de CA c'est SNCF proximité (essentiellement les TER, RER, et transiliens) avec un peu plus de 11,9 milliards. #Brétigny
La deuxième, SNCF Voyages (transport longue distance de voyageurs) à hauteur de 6,8 milliards d'euros. Puis la branche Gare et Connexions, CA de 1,2 milliards (droit d''utilisation des gares par les transporteurs).
Puis la branche Geodis de transport de marchandises, au niveau international, 9,1 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Et enfin la branche Infrastructures avec un CA de 5,5 Mds d'euros. Ce sont les différentes rémunérations que verse RFF à SNCF Infrastructures. #Brétigny
Sur les 5 branches, 2 sont subventionnées par l'Etat: SNCF Proximités, notamment les Intercités (c'est ce train qui a déraillé à #Brétigny) et SNCF Infrastructures.
"Avez vous une activité structurellement déficitaire?" demande la présidente au représentant SNCF. Réponse: "De 82 à 97, il y avait au fil des années, une accumulation de déficit, qui en 96 était de l'ordre de 30 Mds d'euros" #Brétigny
"Il fallait payer des intérêts, c'était un cercle dont on ne pouvait plus sortir. C'est une des raisons de la création de Réseau Ferré de France qui a repris 20 Mds d'euros de dette à la SNCF" #Brétigny
"Entre 97 et 2004, s'est mis en place le système entre RFF et SNCF Infra, avec une convention très exigeante sur le plan de la productivité (3,9% par an) qui n'a pas été possible à réaliser" #Brétigny
"Cette problématique était une des alertes qui a amené les pouvoirs publics à la réforme ferroviaire de 2014". #Brétigny
Il est question de 2008, de la réforme de retraites, des nombreux départs à la SNCF cette année là, de la revalorisation des salaires. Tout cela nous emmène lentement vers l'état de la société en 2013, année de la catastrophe de #Brétigny
"La gestion du réseau il y a beaucoup de main d'oeuvre, ça représente 50% du coût" détaille encore le représentant SNCF. #Brétigny
La présidente essaie d'établir la situation financière du groupe en 2013, année de la catastrophe de #Brétigny . CA du groupe SNCF, 32 Mds d'euros, le résultat net du groupe (en tenant compte de la dette) était légèrement négatif de 180 millions d'euros.
"C'est très peu" concède le représentant SNCF pour relativiser la perte, "180 millions sur 32 milliards". #Brétigny
On parle productivité. "On est dans le macro" rappelle la présidente. Evacuer le général, la toile de fond du dossier, le fonctionnement des sociétés, pour aller vers #Brétigny et la catastrophe, c'est la stratégie choisie par le tribunal.
"Il y a eu des renoncements d'investissements sur l'entretien (peintures, effacements de tags...) de certaines structures (...) mais jamais sur la substance des voies de la ligne Paris-Orléans (celle sur laquelle se trouve #Brétigny)" précise le représentant SNCF
Les parties civiles tendent l'oreille. Beaucoup de victimes sont convaincues que la ligne Paris-Limoges qu'ils empruntaient le jour du déraillement, était négligée par la SNCF. #Brétigny
Emmanuel Marsigny vient appuyer son client SNCF "il y a des renoncements mais sur certains appareils de voie, comme les éclisses (à l'origine du déraillement), le renoncement n'est pas possible" #Brétigny
La présidente présente l'organigramme de la hiérarchie de la SNCF en 2013. Guillaume Pépy tout en haut - il s'exprimera demain matin, cité comme témoin par la partie civile - et en bas de la chaîne, Laurent W., le dirigeant de proximité à #Brétigny, qui lui est prévenu.
Depuis la clôture de l'instruction, les victimes regrettent qu'un seul homme soit prévenu dans ce dossier. Ils auraient aimé voir tous les acteurs d'une chaîne de responsabilité sur le banc des prévenus. #Brétigny
L’audience est suspendue. Reprise à 14h. #Bretigny
L'audience est reprise. La présidente va désormais se pencher sur les casiers judiciaires des prévenus. #Brétigny
SNCF Réseau. 4 condamnations prononcées entre 2006 et 2020. Pour homicides involontaires (deux premières) et blessures involontaires (deux dernières). #Brétigny
SNCF National 19 condamnations. 14 pour homicides involontaires, dont la moitié au préjudice d'un salarié. Egalement des peines pour blessures involontaires. #Brétigny
Laurent W., cadre de maintenance à #Brétigny est appelé à la barre. 33 ans, il s'avance, chemise bleu ciel, grosses lunettes rondes sur le nez, et entame par une déclaration spontanée "je suis très ému et je le serais chaque jour de ce procès"
"Mes pensées vont à ces victimes qui vont revivre cette catastrophe. J'ai en tête les victimes, je reconnais les familles, ce sera ancré dans mon esprit. Il ne s'est pas passé un jour sans que je pense à ce terrible accident." poursuit Laurent W. #Brétigny
"Je répondrai de manière honnête à toutes les questions que me seront posées. Je n'étais pas là le jour de l'accident, j'étais en voiture, je rentrais de vacances. Je n'ai pas vu le visage des victimes, mais j'étais là assez rapidement sur les lieux" #Brétigny
"le lendemain matin, j'ai pu voir l'ampleur de la catastrophe" #Brétigny
Le trentenaire est la seule personne physique sur le banc des prévenus. Né à Lyon, il a une formation d' ingénieur. A #Brétigny, il était dirigeant de proximité. C'est lui qui a réalisé le dernier contrôle des voies avant le déraillement.
Il explique que pendant son stage à la SNCF, il a "eu un coup de coeur pour la partie voies". #Brétigny
"Je trouvais que le métier était plus passionnant, manuel, physique, il y avait plus de monde, en équipes de 5, 6, 10 agents, pour les opérations de maintenance. ce qu'on faisait avait un impact fort" poursuit Laurent W. #Brétigny
"J'étais très heureux de débuter mon contrat à la SNCF". Il touchait un salaire net inférieur de 1.800 euros. On est en septembre 2011, un an et demi avant l'accident. #Brétigny
Il choisit de rejoindre les équipes de l'Infrapole Sud-Ouest Francilien, basé à Juvisy-sur-Orge, tout près de #Brétigny. Il entame sa formation attaché cadre en alternance.
Il a tuteur sur le terrain. "C'était qui?" demande immédiatement la présidente. "Nabil B." répond Laurent W., la présidente lui fait répéter son nom. #Brétigny
"Dans la formation, il y a des jours de certification où l'on passe devant des experts qui nous questionnent sur les référentiels de procédure à la SNCF " #Brétigny
"C'est toute la maintenance déclinée dans des documents de sécurité, à savoir décliner et appliquer sur le terrain. Particulièrement pour les voies, c'est ma spécialité" explique Laurent W. #Brétigny
"On nous a appris les règles de circulation des trains, c'est le premier module que j'ai réalisé. Il y a des formules sur la dilatation des rails... Le principe général lié à la maintenance sur les voies" poursuit le cadre #Brétigny
"Beaucoup de notions sur les rails, la déformation, la dilatation... On doit apprendre tout ça puis on valide en fin de formation" La présidente reprend "Donc vous êtes formé à toutes ces problématiques de sécurité?" #Brétigny
"Oui" affirme Laurent W. "Il y a un taux d'échec à cette formation?" questionne la présidente. "Nous n'étions que deux jeunes à sortir d'écoles d'ingénieurs" entame le trentenaire en répondant un peu à côté.. "Il y avait plus de profils de personnes qui avaient de l'ancienneté"
"Certains n'obtenaient pas la certification oui" finit par répondre Laurent W., "sur les 5, 6 qui suivaient ma formation, un seul a échoué je crois" #Brétigny
Il prend ses premières fonctions officielles à "Juvisy, en tant qu'assistant sécurité à l'unité de production". Laurent W. égrène les noms de ses supérieurs hiérarchiques. #Brétigny
"Mon premier poste, je l'ai pris en octobre 2012" (9 mois avant la catastrophe de #Brétigny).
"J'étais en charge de la sécurité du personnel" à Juvisy, précise Laurent W.. "Donc rien à voir avec les voies?" demande la présidente. "On doit vérifier s'ils sont habilités à travailler sur les voies". #Brétigny
"Une des missions premières de l'assistant sécurité, il est de suivre le plan annuel de veille sécurité", indique Laurent W "On a aussi une veille de niveau 2 qui vérifie que sur chaque unité de production il y a des gens compétents et formés" #Brétigny
"Donc ça porte bien sur le compétence des hommes?" interroge Cécile-Louis Loyant. "Des hommes, et des process aussi" précise Laurent W. "ça peut être l'outillage aussi, les maintenances d'installation des extincteurs, est-ce que les contrôles sont faits ou non?" #Brétigny
"Il y a beaucoup beaucoup de points à vigiler" termine t il pour détailler ses missions. "quand je suis arrivé à ce poste, il était vacant. La première des missions a été de mettre à jour les dossiers agents"
"Comme je récupérais le poste, je devais remettre à jour tous les documents et notamment les habilitations" explique Laurent W. #Brétigny
"J'ai voulu rapidement avoir mon autonomie sur le sujet de la sécurité. J'étais assez autonome." précise encore le cadre . "Mais qui aviez vous en soutien?" demande la présidente. #Brétigny
"On a toujours les équipes en soutien" répond il. "Vous aviez quel âge? 23?" demande encore la présidente. "Oui, c'est ça, 23". #Brétigny
Il travaillait notamment avec un jeune cadre sorti d'école un an avant lui. "Forcément on a eu des atomes crochus. Je m'appuyais beaucoup sur lui (...)". explique encore Laurent W. #Brétigny
Il se base sur l'organigramme projeté à l'écran dans la salle, pour décliner la chaîne hiérarchique au dessus de lui. "Doucement... doucement" lui intime la présidente. Il y a beaucoup de noms et de responsabilités. #Brétigny
"Je suis arrivé à #Brétigny une semaine de neige en février 2013, avec tout ce que ça comporte. Le dégagement des aiguilles... ne voulant pas déranger Sébastien P. (un autre dirigeant de proximité, on a pu échanger qu'en soirée"
Sébastien P. était son prédécesseur en tant que dirigeant de proximité à #Brétigny. La passation a donc été perturbée par les intempéries, selon les déclarations de Laurent W.
"#Brétigny, défi, pas défi?" demande la présidente "C'est un défi" tranche Laurent W., "on a une équipe d'une vingtaine de personnes à gérer"
Sur son poste précédent, à Juvisy, il gérait seulement deux personnes. 6 mois d'ancienneté pour gérer ensuite une équipe de vingt personnes "C'est pas beaucoup!" s'exclame la présidente #Brétigny
"In concreto, vous n'aviez pas été sur le secteur?" en amont, demande la présidente. "Des TJD (éclisses) vous en aviez déja vu?". "Oui, à Etampes", répond Laurent W. #Brétigny
"Là on vous a donné une promotion?" demande la présidente "Je considère pas que c'est une promotion, car le grade d'assistant sécurité à Juvisy (son premier poste, occupé pendant 6 mois) , est le même grade que celui de dirigeant de proximité à #Brétigny
"Mais une équipe à deux, une équipe à 20, c'est pas le même travail!" insiste la présidente pour bien distinguer la charge entre les deux postes que le jeune homme a occupé en début de carrière. #Brétigny
"Comment vous vivez ces premiers mois?" à #Brétigny demande la présidente. "C'est ce à quoi je m'attendais mais j'étais étonné par la difficulté du travail" nuance Laurent W.
"Sébastien P. (son prédécesseur) avait fait une planification sur le très long terme, donc les chantiers étaient déja un peu inscrits pour les premiers mois, je n'avais plus qu'à affecter les agents" détaille Laurent W. #Brétigny
"La semaine d'après mon arrivé, on a eu une rupture de joint, on est intervenus immédiatement" raconte Laurent W. "Donc là il a fallu tout arrêter?" demande la présidente. #Brétigny
"Il a fallu créer un chantier de dernière minute. Dès la première semaine, ça a mis dans le bain de l'aléas et de la re-planification" dit Laurent W. #Brétigny
"Ensuite, s'est déroulé le reste de la maintenance. Les opérations de maintenance préventive, la maintenance corrective. Il a fallu se mettre dans le bain, faire avancer la maintenance avec les aléas que ça comporte". #Brétigny
"Comment ça se passe les astreintes?" demande la présidente. " il y a une astreinte dirigeante avec un téléphone de permanence sur une semaine. S'il sonne on droit trouver une solution sur le périmètre de l'unité Essonne Val d'Orge (Juvisy, #Brétigny, Massy, Etampes)"
"On pouvait passer ce qu'on appelle une astreinte blanche, sans être appelé. Si on est appelés pour un incident, qu'on doit sortir, là on est rémunérés pour la "sortie d'astreinte"" détaille encore Laurent W.
"Et votre état d'esprit à l'époque? Vous étiez heureux?" demande la présidente . Laurent W. "j'étais heureux car c'est un poste que je voulais mais il y avait la charge de travail" #Brétigny
Des SMS envoyés par Laurent W en février 2013 sont lus à l'audience. "boulot très dur physiquement et mentalement. (...) je n'ai pas beaucoup de temps pour moi car je me réveille à 5h50 et j'arrive à mon appartement le soir à 19h45" écrivait il. #Brétigny
Et d'ajouter "le week-end je me la mets toujours autant. La bringue c'est ma vie" Laurent W. avait à l'époque tout juste 23 ans. Il sortait d'école d'ingénieurs. #Brétigny
"Après dans ces SMS je charge un petit peu, je veux leur montrer que le travail est très prenant, car je leur répond assez peu" ajoute Laurent W. #Brétigny
Lecture d'un autre SMS envoyé par Laurent W. à un ami. 25 février 2013. "Oui ça va, un peu galère ma vie au boulot mais je fais avec. j'en chie grave, je gère 21 gars et 50 km de voies. C'est un bon poste mais très stressant et dur" #Brétigny
A la barre, il confirme "oui c'est un poste prenant, mais c'est un bon poste. C'est ce type de poste qui me plaît". La présidente "vous avez des vacances quand même?" #Brétigny
" A la SNCF on en a quelques unes" répond Laurent W. "Vous pouvez souffler un peu?" insiste la présidente. "Je partais pendant les vacances scolaires. Je me calais sur celle de ma conjointe, alors prof de physique-chimie" #Brétigny
"On va voir que vous êtes en congés au moment de l'accident" poursuit la présidente. "Oui, j'avais trois semaines de vacances" explique Laurent W. "Mais vous m'avez dit tout à l'heure que vous êtes revenu au moment de l'accident?" #Brétigny
"Vous êtes revenu le lendemain de l'accident, spécifiquement à cause de ça?" demande la présidente. "Oui", répond Laurent W. "Ensuite on ne sait pas combien de temps vous restez... puis il y a un problème sur cette période, c'est le vol de votre ordinateur" #Brétigny
"On y reviendra, ça ne passe pas" Tranche la présidente. "Oui..." répond simplement Laurent W. #Brétigny
Me Gérard Chemla (PC) intervient "Mr W. peut peut être nous dire ce qu'il pense de ce vol d'ordinateur.."
Laurent W. détaille ce qu'il a fait de la suite de ses vacances après l'accident de #Brétigny
"Avant de partir en congé, j'ai laissé mon ordinateur car peut être serait il besoin de le partager, le mettre à disposition de la justice justement, donc je l'ai laissé à mon bureau à mon unité" explique Laurent W. #Brétigny
"Je lui ai dit, voilà mon ordinateur, voilà les codes, en cas de besoin (...) je suis partie en vacances, à mon retour, plus d'ordinateur" poursuit-il. Cet ordinateur sera retrouvé bien plus tard, son disque dur effacé #Brétigny
"Pendant un temps, on pensait que quelqu'un l'avait pris par mégarde" précise t il. La présidente referme cette séquence "C'est dans les notes d'audience. On y reviendra plus tard" #Brétigny C'est un point central qui éclairera la manière dont a pu se dérouler l'enquête
En septembre, au cours d'une réunion assure-t-il, Laurent W. apprend qu'il doit quitter ses fonctions "Le but c'était de faire un debriefing de #Brétigny, et lors de cette réunion, il y a eu une ferveur sur l'implication qu'on a pu avoir"
La présidente évoque la première audition de Laurent W., le 18 juillet 2013 (6 jours après l'accident), "Vous avez ensuite envoyé ce SMS "j'ai rien donné à l'OPJ", on y reviendra" #Brétigny
Finalement, en septembre, il retourne sur le terrain. " A l'Infrapole, on me posait beaucoup de questions sur #Brétigny, comment ça va? c'était dur pour moi... j'ai dit que c'était mieux pour moi d'aller dans un autre Infrapole, où je ne serais pas Laurent W de #Brétigny"
Il quitte #Brétigny début 2014. "Il y a eu un appel à candidatures pour me remplacer, il n'y a pas eu beaucoup de réponses" précise Laurent W. Des rires discrets dans la salle d'audience
Dernière lecture de SMS envoyé par Laurent W. 27 septembre 2013. "Je serais dégoûté de prendre du sursis pour cette boîte de merde" écrivait-il. "ça veut dire quoi ça?" demande la présidente #Brétigny
"C'était les gros titres à l'époque. Faute de maintenance. C'est dur d'entendre ces choses là. Je demandais au service juridique, qu'est ce qu'on risque? , je prenais conscience que je pouvais faire de la prison avec sursis pour ce déraillement" répond Laurent W. #Brétigny
"Et l'expression cette boite de merde?" reprend la présidente. "Si on se sent abandonné par sa société, on lâche des mots durs" répond Laurent W. #Brétigny
SMS du 10 octobre 2013. Envoyé par Laurent W. On cherche le SMS... Les parties civiles guident la présidente et le greffier de la voix. #Brétigny
Il commente son deuxième interrogatoire chez les policiers "ça a été 5 heures longues et difficiles, à tourner plusieurs fois sa langue, et essayer de ne pas bien se faire comprendre" écrivait Laurent W. #Brétigny
Des murmures sur les bancs des parties civiles, qui scrutent attentivement l'écran où sont projetés les SMS, quelques hochements de tête. #Brétigny
"J'avais juste rencontré le service juridique de la SNCF. On m'avait dit de dire ce que je savais (aux enquêteurs)"... explique Laurent W. Son avocat intervient "il a le droit... " La présidente interrompt "Il a le droit de mentir devant le tribunal, tout à fait" #Brétigny
"Non il est salarié de l'entreprise, il a le droit de prendre conseil auprès du service juridique" termine l'avocat de Laurent W. #Brétigny
La présidente a changé de ton, et de visage, ses sourcils restent haut perchés. "C'est ce qui sera écrit dans les notes d'audiences Mr W." Puis on reprend sur l'après #Brétigny, la carrière de Laurent W.
Après 5 ans à Villeneuve-Saint-Georges, Laurent W. quitte la SNCF en 2019. Aujourd'hui il gagne 3200 euros par mois dans une société lyonnaise. #Brétigny
Sa femme, qui a pris un congé parental, ne dispose que d'une indemnité. "Le budget du couple il est de combien?" demande la présidente. 4.000 euros. Laurent W., père de trois enfants, précise qu'il a un crédit immobilier à hauteur de 2.000e/mois #Brétigny
Ces informations peuvent être utiles pour définir une peine d'amende - si peine d'amende il y a, si condamnation il y a - dans le délibéré. #Brétigny
Laurent W. fait une dernière déclaration "on ne m'a jamais briefé, on ne m'a jamais enlevé mon droit de parole, je raconte encore aujourd'hui ce que j'ai sur le coeur" #Brétigny
"La procédure ne vous a pas pesé davantage que ça?" relance la présidente. "Ah bah si!" répond Laurent W. "ça fait 9 ans que je vis cette procédure, à chaque fois que je fais le moindre geste, dans chacune de mes décisions, je pense à cette procédure" #Brétigny
"Aujourd'hui je suis chef de projet, je dirige une équipe de 30 personnes, je suis presque dans la même situation qu'il y a neuf ans ... avant une audition, on ne dort pas la veille, on est très ému d'avance, je pense aux familles qui ont été brisées" #Brétigny
"On se sent responsable moralement, le train a déraillé devant mon bureau. Je n'étais pas là ce jour-là, mais si j'avais été là, j'aurais vu le train dérailler devant ma fenêtre" #Brétigny
Question de Me Chemla (PC): c'est la procédure ou l'accident qui guide vos actes du quotidien? "Non c'est l'accident" répond Laurent W.
Me Chemla reprend, dans ce SMS envoyé après l'audition par la police "vous dites, dur à tourner sa langue dans sa bouche, à essayer de ne pas bien se faire comprendre... vous avez passé 5h à ne pas vous faire comprendre" #Brétigny
"Mon but c'est de SE faire comprendre, c'est une coquille dans le SMS" répond Laurent W. Des parties civiles secouent la tête en signe de désapprobation. #Brétigny
Me Chemla reprend "vous savez le fait de tourner sa langue dans sa bouche... un mot est un mot (...) à moins qu'on ait une interprétation dévoyée des choses... et votre interlocutrice vous demande si vous avez été briefé" #Brétigny
En face, sur le banc des prévenus, Emmanuel Marsigny, avocat de la SNCF, murmure des réponses. #Brétigny
Me Chemla (PC) demande à Me Marsigny (def) de ne pas détourner les débats, alors que "Mr Laurent W est en difficulté". Echange à bâtons rompus entre les deux avocats. "Me Marsigny déplore les "insinuations" de Me Chemla. #Brétigny
Gérard Chemla reprend ses questions à Laurent W. "Il y a un SMS qui doit être imagé également "il faut vendre de la poudre pour arriver à faire des entretiens", que voulez vous dire?" #Brétigny
Réponse de Laurent W. "c'est une expression qu'on avait en école d'ingénieurs, pour dire qu'on donne tout notre CV et tout ce qu'on avait appris à l'école pour faire valoir notre dossier" #Brétigny
Me Chemla, "avez vous été sanctionné?" Laurent W. "Non" "Promu?" "Non" "A aucun moment" "Non". #Brétigny
Me Primard (PC) l'interroge à son tour "dans quel contexte avez vous quitté la SNCF". Réponse de Laurent W. "c'était pour suivre ma femme, c'est une entreprise qui m'a appelé, ma proposé ce poste en banlieue lyonnaise" #Brétigny
Me Clerc (PC) a également des questions "Mr W. on a compris que vous exprimez bien... je voudrais revenir sur le premier SMS (27 septembre, après rdv avec son supérieur) que vous avez écrit, vous dites "je suis dégouté", vous êtes dégouté de quoi?" #Brétigny
"J'attendais un soutien, du renfort par exemple" répond Laurent W. "Ce n'était pas du soutien personnel?" reprend Me Clerc, "Non, c'était plutôt du soutien collectif" #Brétigny
Me Clerc reprend" vous dites je serais dégouté de prendre du sursis dans cette boite de merde" . Laurent W. "ma déception fait que j'ai l'impression que mon entreprise ne me correspond pas, je la décris en boîte de merde" #Brétigny
Me Marsigny (défense SNCF) a des questions également sur le SMS post interrogatoire en octobre. "vous dites que vous avez été entendu pendant 5h. Je constate que vous avez été entendu 3H dans les locaux de l'ISOF (Infrapole Sud Ouest Francilien)" #Brétigny
"Vous souvenez vous de la manière dont démarre votre interrogatoire?" demande Me Marsigny "oui en relisant mes déclarations de la première audition, j'ai dit au policier de rajouter une mention immédiatement" répond Laurent W #Brétigny
Me Marsigny lit le PV d'audition d'octobre 2013, les déclarations de Laurent W. "quand je dis "s'il manquait plus de deux boulons, je l'aurais signalé pour qu'ils soient remis" il manque le mot "immédiatement" je ne sais pas pourquoi, c'est peut être une incompréhension"
Me Marsigny poursuit son raisonnement "quand vous écrivez incompréhension dans votre SMS vous faites allusion à ça?" "Oui" répond Laurent W. #Brétigny
Me Valent (avocat Laurent W.) interroge son client là encore sur le SMS du 9 octobre 2013. "quand je lis ce SMS je comprends que vous avez échangé avec les OPJ hors auditions, mais dans quel contexte?" Réponse de Laurent W. "sur des aspects techniques" #Brétigny
Philippe Valent revient sur la formation de son client à la SNCF "Que faisiez vous les week-end à Juvisy?" Laurent W. "Je révisais les référentiels" #Brétigny
Philippe Valent "Donc vous étiez fier de rejoindre cette entreprise?" Laurent W. "Oui" #Brétigny
Sur le rendez-vous avec le service juridique en amont d'un interrogatoire par les enquêteurs "vous avez été briefé sur le déroulé de la procédure pénale. Pas sur le fond du dossier?" demande Me Valent à son client Il confirme: "Non, pas sur le fond" #Brétigny
Sur l'ordinateur de Laurent W. qui a été volé après l'accident. Philippe Valent "Dans cet ordinateur, il y avait j'imagine tous les mails de février à juillet 2013?" Laurent W. "Oui c'est ça". #Brétigny
Me Valent "Vous aviez échangé ces mails avec vos collègues?" Laurent W "Oui".
Philippe Valent "Donc ils étaient retrouvables par les enquêteurs" #Brétigny
En creux, se pose la question de faire obstacle au bon déroulé de l'enquête. #Brétigny
C'est la fin du LT pour aujourd'hui. L'audience se poursuit toutefois avec les présidents d'associations de victimes. Rendez-vous demain pour l'audition de Guillaume Pepy (cité comme témoin), président de la SNCF à l'époque de la catastrophe de #Brétigny

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2ème journée du procès #Bretigny. Des parties civiles viennent assister à la présentation des prévenus. Jean-Luc Marissal, blessé dans le déraillement, veut comprendre. « On avait envie que ça démarre, mais il y a aussi l’angoisse de ce qu’on va entendre » ⁦⁦@RTLFrance
L'audience reprend. Aujourd'hui et demain, des journées consacrées à la présentation des prévenus. Sur le banc, qui fait face au tribunal, Laurent W., un cadre chargé de la maintenance des voies à #Brétigny, et deux représentants, un pour RFF, l'autre pour la SNCF.
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