Thread by @Themiscyra_co

Marvel a dévoilé un nouveau trailer de la série #SheHulk, qui commence sur Disney+ le 17 août prochain !

Le débat sur la musculature de Jen Walters est relancé, on vous explique notre point de vue sur la question ⬇️

Jen Walters est arrivée en 1980, et elle a directement eu droit à son comics “Savage She-Hulk”.

Son cousin Bruce Banner (le 1er Hulk) lui a sauvé la vie par une transfusion… et a fait d’elle une Hulk à cause du sang contaminé aux radiations Gamma.

Pendant 36 ans (1980-2016), la forme Hulk principale de Jen est mince, grande et… pas du tout musclée. Elle est souvent dessinée de manière sexualisée sur les couvertures, pour le plus grand bonheur du regard masculin hétérosexuel.

La donne a un peu changé depuis le beau run de Mariko Tamaki (2017) sur l'héroïne, mais c'est un revirement très récent - près de 40 ans après l'introduction du personnage.

Les scénaristes ont bien entendu trouvé une excuse pour expliquer la différence de character design avec le Hulk de Bruce Banner : c’est une question de psychologie, c’est parce que leurs personnalités sont très différentes.

En gros, Jen Walters a davantage le contrôle sur sa mutation grâce à sa personnalité, en comparaison avec Bruce Banner.

Maintenant, quand on regarde les autres Hulks, aussi bien les hommes que les femmes, c'est quand même un sacré hasard de constater des différentiels similaires.

Le fossé entre les characters designs de base des Hulks est tristement synthétisé par cette affreuse fresque issue de la mini-série “Fall of the Hulks: Savage She-Hulks”, où Jen côtoie d’autres She-Hulks.

C’est là que l’on comprend que la question que She-Hulk soit musclée ou pas, c’est pas seulement le problème du personnage de Jen Walters. Et peut-être même pas seulement celui des She-Hulks.

Le différentiel de musculature PAR DÉFAUT chez les Hulks & She-Hulks les + populaires, il s’inscrit dans un contexte plus large. Où les éditeurs & artistes de comics Marvel & DC sont encore aujourd’hui majoritairement des hommes,

Qui créent des personnages & des histoires d’après leur propre point de vue masculin, avec bien souvent un lectorat masculin en tête. Dans un monde patriarcal, ce genre de donné influence inévitablement les choix artistiques.

Autrement dit, les comics Marvel & DC ont eu pour tradition de muscler par défaut, et souvent de manière absurde, les super-héros, tandis que quand ils ont une homologue féminine, elle est pas ou peu musclée. Systématiquement.

Regardez Batman avec Batgirl & Batwoman, Superman & Supergirl, Wolverine / Logan & Wolverine / Laura, Thor Odinson & Thor Foster, les Captain Marvel (Mar-Vell vs. Monica ou Carol)…

Par ce procédé, les artistes privent les héroïnes, consciemment ou non, d'être visuellement associées à la force physique, peu importe qu'elles soient dotées d'une force surhumaine ou non. Et réservent ainsi ce privilège aux super-héros.

Alors, les réactions indignées, notamment de la part de fans féminines & féministes du MCU, aux 1ères images de Jen Walters/She-Hulk version MCU...

C'est LA preuve qu’il y a une demande populaire d’héroïnes musclées -

ET que dans l’imaginaire collectif, si l’on voit débarquer UNE Hulk, c’est LOGIQUE de la voir musclée, massive.

C’est l’opportunité de montrer une héroïne qui peut être belle & musclée en même temps, mais pas que.

C’est aussi le moment pour autoriser les héroïnes à ne pas être QUE belles, et ne pas être belles que *d’une* manière. Car She-Hulk, bien qu’elle soit verte et irradiée, a été soumise à des standards de beauté.

Des standards de beauté sexistes, racistes, transphobes, validistes, grossophobes. Avec une She-Hulk bien musclée, on peut faire bouger les lignes. La She-Hulk classique et glamour, elle, c’est le statu quo.

Maintenant, le MCU introduit tout juste sa version de Jen Walters · She-Hulk. On n’est qu’au début de son histoire, qui peut durer plusieurs années. Il est probable qu’on ait rapidement droit à une forme musclée.

Toujours est-il que si aujourd’hui, les 1ères images de cette She-Hulk la montrent sans muscles, c’est une conséquence directe de choix artistiques misogynes datant de la création du personnage.

En bref, un message à nos ami·es expert·es de l’univers Hulk : comprenez bien que l’indignation dont vous êtes témoin est légitime et surtout, prenez du recul vis-à-vis des comics que vous aimez tant.

Les justifications in-universe n’ont PAS valeur absolue, pour la simple et bonne raison qu’elles n’existent pas *par elles-mêmes*, et dépendent systématiquement des artistes qui les écrivent. De leurs intérêts, leurs intentions ou encore leurs préjugés.

Rappelons enfin que Marvel & DC, en tant que producteurs culturels, ont une responsabilité dans les normes & idéologies qui sont entretenues ou au contraire remises en question dans les œuvres super-héroïques. Ils vantent d’ailleurs souvent leur engagement politique,

pourtant superficiel dans l’ensemble, en faveur de la justice sociale.

C’est pour ça que Marvel & DC publient régulièrement des anthologies visant à accroître la diversité des héro•ïnes dans leurs comics, par exemple.

Et c’est pour ça que nous sommes en droit de demander que des personnages comme She-Hulk soient pensés, au moins en partie, en fonction des enjeux de justice sociale qu’ils peuvent contribuer à faire avancer.