Martine Gomes est la fille de Geneviève, fauchée par le train sur le quai, avec son compagnon Marc. "Ils allaient voir mon frère à Orléans. Personne n'avait de nouvelles. L'angoisse a commencé" #Brétigny
"Finalement j'ai appris via les médias que deux personnes de leur âge étaient décédées. C'est choquant d'avoir les nouvelles via les médias plutôt qu'en direct" entame Martine Gomes #Brétigny
"Quand on est venus récupérer les cercueils, ils étaient fermés. Les dommages sur leurs corps étaient sans doute très importants. On se demande... Qu'est ce qu'ils ont vu ce jour là?" #Brétigny
"C'est vraiment le sentiment d'angoisse, d'attente de nouvelles, qui ne viennent pas... Merci de m'avoir écoutée". Martine Gomes regagne le banc des parties civiles #Brétigny
Une victime s'avance à son tour. "J'étais en voiture deux"... elle s'éloigne du micro. S'accoude à la barre "j'ai fait un beau déni." elle s'effondre en larmes. #Brétigny
Elle reste accoudée à la barre, loin du micro, difficile d'entendre dans le détail son témoignage.
Nathalie Montez s'avance à son tour à la barre. Bouteille d'eau à la main. "J'ai pris mon petit papier" souffle-t-elle. Elle inspire profondément avant d'entamer ses phrases. #Brétigny
"J'avais 39 ans à l'époque". Elle a raté le train précédent ce jour là. "J'ai dit innocemment c'est pas grave... y'a pas mort d'homme". #Brétigny
Elle prend finalement place dans le Paris Limoges 3657 "Je me suis assise sur un strapontin. J'avais un peu de retard, pas grave.
Et en fait je suis jamais arrivée" #Brétigny
"Je suis allée aux toilettes et j'ai ressenti de grosses secousses. Je me suis accrochée aux parois du train. J'ai crié "merde, c'est pas maintenant!!" Je me suis cognée, j'ai repris mes esprits. J'avais une personne à mes pieds"
"J'étais dans le wagon qui était couché sur le quai" Elle parvient à sortir et est prise en charge par les pompiers. "J'avais pas mal de blessures par verre, de la chair qui ressortait, mais je sentais rien. J'ai fait un malaise. Puis j'ai été transférée à Lariboisière" #Brétigny
"Ensuite, j'ai dû voir un dentiste, un médecin pour les pansements, et j'ai pu retrouver ma fille quelques jours plus tard. J'avais le visage marqué, elle n'avait que 11 ans à l'époque, j'avais demandé à ce qu'elle ne regarde pas les informations" #Brétigny
"Elle a été choquée bien sûr... Après l'accident, j'ai eu beaucoup de problèmes de sommeil, des cauchemars, des idées noires. J'ai beaucoup de mal à monter dans une voiture en tant que passagère, je vois le pire partout" #Brétigny
"Après avoir fait beaucoup d'expertises médicales et psy, j'ai pris un avocat" #Brétigny "J'ai eu un traitement anti-dépresseur, on m'a dit que c'était nécessaire, je pense que ça l'était"
"J'ai repris mon travail après avoir réussi à me sevrer" #Brétigny "A ce jour je ne prends toujours pas le train" poursuit Nathalie Montez. "ça m'handicape sérieusement. Ma fille elle reprend le train, longtemps elle ne voulait pas"
"J'ai réussi à la convaincre que c'était important qu'elle reprenne le train pour ses études. On dit que c'est le moyen le plus sûr donc j'ai essayé de la convaincre" #Brétigny
"Aujourd'hui je suis une vraie plaie quand je suis passagère d'une voiture, car je vois le pire partout. Ce qui peut créer de l'incompréhension chez le conducteur. je resterai toujours sur mes gardes, partout" #Brétigny
"Au quotidien ça me pourrit toujours la vie... Accident imprévisible, je reste sur ma faim car il y a des choses qu'on peut éviter. Et j'espère que le nécessaire sera fait pour que ça se reproduise pas" termine Nathalie Montez, qui tente d'étouffer ses larmes #Brétigny
Philippe Gardès, un rescapé, prend la parole. "Je me suis dit, il faut plus que ça arrive, et je me présente donc à vous pour vous dire ce que j'ai vécu" #Brétigny
"J'étais en déplacement sur Paris pendant deux/trois jours, avec mon collègue Jean-Luc qui est là aussi. Dans mon train je me dis, dans trois heures je suis chez moi" #Brétigny
"Vingt minutes après quand le train déraille... Des cris, des valises qui tombent.. Je suis dans le dernier wagon, celui qui monte sur le quai. Pendant les 10, 15 secondes, je me dis soit on va rencontrer un train soit un mur" #Brétigny
"On pense que ça s'arrête et puis le train fait une dernière glissade sur le quai, se tord en deux, et on voit une sorte de poutre qui traverse le wagon" #Brétigny "Dans le train c'est la panique, on voit des choses pas jolies... les gens pleurent, crient"
"Mon premier réflexe c'est de me sécuriser, évacuer, qu'est ce qui me dit qu'un autre train va pas nous percuter. J'essaie de casser la vitre, impossible" Il parvient à s'extraire pas une porte "j'ai dû escalader. Je pense que j'étais un des premiers sur le quai" #Brétigny
"Je vois Jean-Luc (son collègue) qui sort le visage tuméfié. Je lui passe mon portable pour qu'il appelle son épouse. Puis en m'asseyant sur le quai, je vois un corps sous le train" #Brétigny
Il se tourne vers le banc des parties civiles, s'adresse à Thierry Gomes "je suis désolé mais je pense que c'était votre papa" #Brétigny
"Les téléphones commencent à sonner car les chaînes diffusent en boucle ce qui s'est passé. Ma famille, mes amis..." il retient ses larmes "mes collègues m'appellent, je vais bien" #Brétigny
"Les services médicaux, les pompiers, les cheminots sont dépassés, dans l'urgence. Les officiels passent et nous sommes toujours parqués. De mémoire vers 21h30, des bus sont affrétés pour aller à Limoges" #Brétigny
"Arrivé à Limoges, mon épouse est là. Elle me dit "ce n'est que maintenant que je comprends. Quand on vous a vu arriver, on a compris l'horreur" Elle m'attrape la main, et on part vite, on rentre vite, on évite les journalistes" #Brétigny
"Chez moi, je dors peu. Mais je veux être fort, je n'ai pas encore 40 ans à l'époque, je veux que la vie continue. Je reprends le travail, je suis reçu par le PDG de mon entreprise qui s'enquiert de notre santé" #Brétigny
"Mon entreprise nous aide (ils sont quatre salariés de la même entreprise a avoir survécu à la catastrophe), mandate un avocat." #Brétigny
"Ma femme s'est vue veuve à sept mois de mariage.... La vie continue, accompagnée par un avocat, je vais rencontrer un psychologue" #Brétigny
"Je dois monter sur Paris en train pour lui expliquer que j'ai peur de prendre le train" Philippe Gardès appuie chaque mot pour souligner l'absurdité de la situation "pourquoi n'a t il pas été détaché à Limoges?" #Brétigny
"Ma reprise de train a eu lieu à la fin de l'été 2013. Avec mon épouse, on a réservé un TER d'un quart d'heure pour une remise en jambes. Puis j'ai dû reprendre le train pour Paris..." #Brétigny
"Je prends le train très tôt ou tard, il faut dormir pour que ça passe. Je prends des somnifères. Pour autant, il y a le réveil en sursaut à chaque aiguillage. On est pas sereins" #Brétigny
"Aujourd'hui, je cherche un covoiturage pour monter à Paris. Je ne fais pas partie des 5 millions de voyageurs quotidiens qui font confiance à la SNCF" assène Philippe Gardès en pointant un représentant de la SNCF dans la salle #Brétigny
Jean-Luc Marissal, rescapé lui aussi, s'avance. C'était un usager régulier de la ligne Paris-Limoges. "ça faisait des années qu'on constatait qu'il y avait des problèmes techniques sur cette ligne. Même si on ne pensait pas au pire" #Brétigny
"Ce 12 juillet, je pars du bureau, le train part à l'heure... C'est un signe certainement. Je m'installe voiture numéro 2, place 36. Dans le sens de la circulation" #Brétigny
"J'envoie un message à mon épouse pour lui dire qu'on démarre et qu'on doit arriver à 19h55 à Limoges. Je prends mon PC pour travailler. D'un seul coup, vous savez pas ce qui se passe. On sent que le train n'est plus sur les rails" #Brétigny
"Je me suis agrippé à mon siège, j'ai de la chance car j'ai assez de force. Ma tête à heurté à plusieurs reprises la vitre. L'armature du quai rentre dans le wagon par le côté droit.. Et je suis sur le côté gauche, donc je suis sauvé"#Brétigny
"On se dit qu'on a vu la mort de près. Je pense qu'il peut y avoir une explosion. Je veux sortir. Je regarde devant, derrière, pas possible (...) la vitre qui était devant mon siège, était déja fissurée, j'ai donné quatre cinq coups de pieds, j'ai fini de la fracasser" #Brétigny
"Je saute sur le quai. La première personne que je vois c'est Philippe (son collègue qui était dans le même train). J'appelle ma famille, je leur dit, le train a déraillé, j'ai des blessures, mais ça va à peu près" #Brétigny
"Je sors sur le parvis, et là j'étais agréablement surpris, tous les services de secours étaient déja là. Le périmètre de sécurité était installé, il y avait les pompiers, la sécurité civile. Je me fais examiner par un jeune pompier" #Brétigny
"Ensuite, je fais les cent pas et je vois sur ma droite Vincent (un autre collègue qui empruntait le train). Il était assis, choqué, je luis dis "qu'est ce que tu fais là?" il me répond "je reviens d'un voyage avec ma compagne" #Brétigny
"Je lui demande où est sa compagne, il me répond qu'elle est dans le train" (la jeune femme, Morgane Blondy est décédée dans le déraillement). #Brétigny
"Un peu plus tard, un bus est affrété pour nous ramener sur Limoges. Nous sommes arrivés vers 2h du matin. Nous avons informé nos familles. Dans le hall de la gare, c'était le soulagement car il y avait mon épouse, mon fils, ma fille" Jean-Luc étouffe un sanglot
Il se rend ensuite à l'hôpital "je vois un jeune interne, il me fait passer un antitétanique, c'est tout... Ma femme lui demande s'il ne doit pas m'examiner plus en détail. C'est ce qu'il fait heureusement. Mais même pas de radio" #Brétigny
"Les jours qui suivent, il y a toutes les démarches. La main courante au commissariat, la déclaration d'accident à l'entreprise" Jean-Luc marque une pause #Brétigny
"Après l'accident, quand je suis rentré, j'étais en boucle sur ce qui s'était passé. Heureusement j'ai eu autour de moi, mon épouse, ma fille, qui sont des professionnelles de santé. J'ai pu évacuer avec en face de moi des gens qui comprenaient" #Brétigny
"Quelques mois plus tard j'ai repris mon activité. Donc j'ai repris pour la première fois le train le 9 octobre, j'ai pris des anxiolytiques. ça se passe moyennement. Sur le retour, j'ai dû me cramponner, beaucoup d'appréhension" #Brétigny
"Le 12 juillet 2014. Première commémoration. C'est un moment très émouvant. Les premières interrogations se posent. Automne 2015, j'appelle un médecin expert qui me dit "je suis Mr Marissal, une victime de l'accident de #Brétigny"
"Il me répond, "comment savez-vous que vous êtes une victime?" La voix de Jean-Luc Marissal s'étouffe "Finalement j'ai rendez-vous avec le médecin, avec une expertise psy, vos parents, votre couple, votre naissance, votre sexualité... c'est choquant" #Brétigny
"Quand vous ressortez de là vous êtes aussi mal voire plus mal que quand vous êtes entré. Suite à cet examen, je reçois en mars 2016, une proposition d'indemnisation. Alors que normalement j'aurais dû au moins recevoir le diagnostic" #Brétigny
Il explique son engagement dans l'association de victimes de #Brétigny et la FENVAC "J'ai la chance d'être là aujourd'hui, d'autres n'ont pas eu cette chance"
"Comme vous le voyez, à la suite de cet accident, notre vérité peut percer. J'ai eu beaucoup de chance. Avant cette catastrophe, je ne pensais pas que cela pouvait m'arriver. J'ai perdu une partie de mon insouciance, maintenant je suis beaucoup plus anxieux" #Brétigny
"Quand mon épouse, mes enfants, sont amenés à se déplacer, j'ai toujours une crainte. Ce procès est la seule occasion pour nous de nous exprimer. C'est frustrant pour nous de ne pas pouvoir participer aux débats" #Brétigny
"Tous les éléments de la hiérarchie ont manqué de professionnalisme, notre sécurité n'a pas été assurée. Tout ce qu'on peut espérer c'est qu'une telle tragédie ne se reproduise plus" #Brétigny
"Nous espérons que le verdict du tribunal soit juste" Et il réclame ce verdict "en mémoire" des personnes tuées ce jour là. #Brétigny Jean-Luc Marissal montre, pour terminer, le sac qu'il avait avec lui dans le train
"pour vous montrer que c'est concret, il y a dedans un pantalon, des morceaux de verre..." #Brétigny Jean-Luc Marissal regagne le banc des parties civiles, le visage rougi par l'émotion
Alexandra Mathieu prend désormais la parole. Elle était passagère du train, revenait d'un déplacement professionnel à Paris. "J'ai couru pour prendre mon train." #Brétigny
"J'ai pensé "chouette, pour une fois le train part à l'heure j'ai envoyé un message à mon conjoint pour lui dire qu'on pourrait fêter mon anniversaire. Et en fait un quart d'heure après, le train a tremblé, les valises sont tombées, les gens ont crié" #Brétigny
"Il y a eu énormément énormément de poussière, ça a senti le cramé. Quelques années auparavant, j'avais eu un très grave accident de bus. Je me suis dit, ah non! je suis pas morte dans l'accident de bus, je veux pas mourir dans le train" #Brétigny
"On est sortis sur le quai, il y avait des personnes sous le train. J'ai commencé à avoir des douleurs aux cervicales. Ils ont affrété des bus. Autant vous dire que j'avais déja peur du bus, maintenant j'ai peur du train" #Brétigny
"Arrivée à Limoges je suis rentrée chez moi, puis je suis allée aux urgences le lendemain matin car j'avais très mal aux cervicales et à l'épaule. J'ai pris des médicaments car j'étais très très anxieuse" #Brétigny
"A la télé, aux infos, ils donnent le titre, la mort de Morgane Blondy, on était dans la même classe quand on était petites, quand j'ai vu qu'elle était morte, ça m'a fait un choc car je me suis dit, sa vie c'est ma vie. Pourquoi elle? Pourquoi pas moi?" #Brétigny
"J'ai été contactée par la gendarmerie, l'unité médico judiciaire, je suis allée voir un psychiatre mais j'ai fait une seule séance car le courant ne passait pas. J'ai vu plusieurs fois la psychologue de l'association de victimes de Limoges" #Brétigny
"Pour arrêter d'être mal j'ai voulu arrêter de parler de #Brétigny, pendant très longtemps jusqu'à ce procès en fait. J'allais juste voir la psychologue car j'étais très irritable et désagréable avec mon entourage proche"
"Pendant plusieurs années, j'ai bloqué, j'ai repris ma vie comme si j'avais jamais été dans ce train. Les seuls choses c'était les mails de l'association de victimes, de l'avocat, et qui me disaient "si si, t'y étais"" #Brétigny
La présidente demande "avez-vous repris le travail? 5 mois d'ITT" "Oui, je voulais reprendre. j'avais une entorse aux cervicales, pas mal de crises d'eczéma liées au stress". Son avocat reprend "était-ce difficile de parler aujourd'hui?" "Oui" La jeune femme pleure #Brétigny
"Je ne voulais pas venir parler au début, mon conjoint m'a dit qu'il fallait que je vienne" Sa voix est presque imperceptible. Elle regagne les bancs des parties civiles en pleurs. #Brétigny
La présidente, Cécile-Louis Loyant hésite à suspendre, interroge une femme qui s'apprête à témoigner. Elle veut le faire maintenant. "J'étais dans la voiture qui a heurté l'éclisse. J'ai eu comme un coup du lapin" #Brétigny
"Un autre passager a dit, "à deux wagons près, on était morts", on est sortis sur le quai, on s'est fait hurler dessus par les agents de la SNCF car un train était susceptible d'arriver en face. On aurait pu mourir autrement" #Brétigny
"Sur le quai, on a vu la scène d'horreur que tout le monde décrit. Puis je suis montée dans un bus pour Limoges vers 21h. je me suis retrouvée à côté d'une femme qui était dans un wagon qui avait déraillé" #Brétigny
"Elle m'a raconté qu'elle s'était accrochée, qu'elle avait vu quelqu'un passer par la fenêtre, les éclats de verre. L'horreur" #Brétigny
"Arrivée à Limoges, je pensais que j'allais bien car je n'avais rien eu. Je voulais prendre ma voiture pour rentrer chez moi. Mais je me suis mise à pleurer, pendant une heure. On m'a appelé un taxi, je suis allée chez des amis, j'ai dormi chez eux" #Brétigny
"Le lendemain soir, j'ai allumé ma télé, je me suis retrouvée dans un état affreux, je suis allée aux urgences, on m'a mise sous traitement. Le lundi, quand le lexomil a fait son effet, j'ai pu aller travailler" #Brétigny
"Je ne voulais pas reconnaître mon état de victime car je n'avais rien eu, juste cette secousse et ces images. L'assistance de la SNCF m'a appelée pour savoir comment j'allais" #Brétigny
"j'ai demandé des nouvelles de la personne qui vendait le café dans mon wagon, car c'est la dernière voix que j'ai entendu" #Brétigny
"La psychothérapie a fait son effet, j'ai compris que j'étais victime. Pendant deux ans, je ne pouvais plus prendre le train, approcher du quai" #Brétigny "puis un jour j'ai repris le métro londonien, j'ai découvert que j'étais claustrophobe"
"Aujourd'hui c'est compliqué d'être là. Je vous remercie" Son avocat, Me Clerc, l'interroge sur l'expertise médicale. La jeune femme répond "elle a été rapide. J'ai une dent qui s'est cassée à cause du traumatisme. ça a été rapide". #Brétigny
Me Clerc "Satisfaisant?"
"Non" répond très vite la jeune femme "j'ai accepté de venir témoigner car c'est important pour moi mais c'était très dur". #Brétigny
Dernier témoignage de la matinée. Ludovic, 49 ans, deux enfants. Ses mains tremblent. Il parle de son choix de travailler à Paris en vivant à Limoges, semble avoir du mal à aborder l'accident en lui-même. #Brétigny
"J'aurais jamais dû être dans ce train. J'en ai raté des trains, je suis allé vite pour le prendre celui-là. Voiture 4, je me suis un peu assoupi. Je me suis pas rendu compte, c'est une petite secousse comme il y en a plein sur le train. Passer un aiguillage.. moi j'en sais rien"
"En fait vous ne savez plus où vous vous situez dans l'espace, le train se met à secouer, ça m'a fait l'effet un peu comme Space Mountain, mais c'est pas prédit... J'étais à la place côté couloir, c'est sûrement quelque chose qui m'a sauvé, j'avais baissé l'accoudoir" #Brétigny
" C'est pas si court. ça dure. Puis vous vous dites que de toute façon c'est fini. Vous avez un réflexe de survie, vous vous accrochez, les choses se passent" Il cherche ses mots #Brétigny
"Une jeune femme me demande ce qu'il se passe, je lui dis je crois qu'on déraille... Je la tenais, je me tenais à l'accoudoir. Et j'avais peur de la suite" #Brétigny "je me disais que ça allait probablement mal se terminer"
"Je me disais, jusqu'à maintenant on roule, enfin on glisse, mais ça va s'arrêter quelque part et ça va être violent. ça s'est arrêté et il y a eu du silence, enfin j'ai ressenti ça" #Brétigny
"Un train n'est pas prêt au déraillement, toutes les valises, tout tombe. Il y a eu de la fumée blanche, de la poussière, les vitres étaient toutes cassées donc c'est rentré dans le train" #Brétigny
Il n'était pas à sa place réservée dans le train "peut être que j'ai pris la place de quelqu'un d'autre... et moi je suis là. J'arrive pas à me défaire de l'idée... " La présidente le coupe "Mais vous êtes là Monsieur! Vous auriez dû être mort?" #Brétigny
"Oui c'est ça" répond le témoin " je me sens coupable. Oui car je pense qu'il y a des gens qui méritaient plus de rebondir, de profiter de la vie. Ils seraient peut être passés plus vite à autre chose" #Brétigny
La présidente l'interroge en reprenant son argumentaire "Vous vous pensez que vous ne méritez plus de vivre?" Il répond "oui j'ai déja vécu le meilleur, j'ai honte de ce que je suis aujourd'hui" #Brétigny
"j'ai pas su répondre aux attentes de mon employeur (il a perdu son emploi après l'accident, incapable de reprendre le train entre Paris et Limoges)". #Brétigny
"Là actuellement vous vivez de quoi?" lui demande la présidente. "Là, je suis au chômage" #Brétigny
"J'avais jamais connu ça, la difficulté on la gère soi-même, il y a toujours de l'adversité dans la vie, il faut savoir affronter" #Brétigny
"Je pensais que j'avais un rôle de père de famille. Je n'y arrive pas. De quoi je vis.. " Il semble totalement désespéré, "si mes enfants se construisent aujourd'hui c'est pas avec le père qu'ils ont, l'image que je leur donne est pas formidable" #Brétigny
"Moi je me gérais, je portais ma famille, et aujourd'hui c'est plus ça. Je n'arrive pas à accepter. Je ne savais pas si témoigner aujourd'hui m'apporterait quelque chose. J'en vois pas le bout" #Brétigny
"J'aurais pu me laisser convaincre de ça. C'est important que je sois là" La présidente l'interroge sur le potentiel cathartique de son témoignage "c'est une étape aujourd'hui? Vous avez entendu les autres victimes, il faudra vous en souvenir" #Brétigny
"J'avais 40 ans, j'en ai 50, comment expliquer que pendant dix ans, professionnellement, vous y arrivez pas" reprend-il. Cécile-Louis Loyant recadre avec bienveillance "le possible d'hier n'est pas forcément celui de demain. il faut accepter un autre possible" #Brétigny
Me Clerc déplore l'état "d'effondrement" de son client. "Il est palpable". Son projet professionnel devait se concrétiser onze jours après l'accident. "Tout ça anéanti, et lui avec" #Brétigny
"Qu'aurait été sa vie passée, et son futur, et médicalement? On a les analyses de son psychiatre, il y a du travail" termine Me Clerc #Brétigny
Audience suspendue. Reprise des témoignages cet après-midi
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
Retour au procès de la catastrophe de #Brétigny. Les parties civiles vont témoigner à la barre jusqu'à mardi prochain.
"N'ayez pas peur des mots" lance la présidente Cécile-Louis Loyant aux parties civiles qui sont nombreuses aujourd'hui. "Prenez votre temps, de respirer (...) il y a des possibilités de soutien" #Brétigny
"L'émotion va être mise en mots pour être comprise. Et ces mots là seront mentionnés dans les notes d'audience et serviront à apprécier certains éléments, poursuit la magistrate, le rapport entre vos dommages et les faits. Et l'étendue de vos préjudices" #Brétigny
3ème jour du procès de la catastrophe de #Bretigny. Nous devrions finalement démarrer par le représentant de la SNCF qui n’a pas pu s’exprimer en longueur hier. Puis, Laurent W., le cadre de maintenance de Brétigny. @RTLFrance
Toujours les mêmes victimes sur les bancs des parties civiles. Une quinzaine qui n'ont pas décroché des débats depuis le premier jour. Pourtant, la question du financement SNCF est franchement éloignée du coeur du dossier. #Brétigny
La présidente à l'audience, Cécile-Louis Loyant, se base sur un schéma qui présente la répartition de la gestion du réseau ferré. "D'après le schéma, c'est la SNCF qui est garante de la sécurité". #Brétigny
2ème journée du procès #Bretigny. Des parties civiles viennent assister à la présentation des prévenus. Jean-Luc Marissal, blessé dans le déraillement, veut comprendre. « On avait envie que ça démarre, mais il y a aussi l’angoisse de ce qu’on va entendre » @RTLFrance
L'audience reprend. Aujourd'hui et demain, des journées consacrées à la présentation des prévenus. Sur le banc, qui fait face au tribunal, Laurent W., un cadre chargé de la maintenance des voies à #Brétigny, et deux représentants, un pour RFF, l'autre pour la SNCF.
Avant cela, Me Gérard Chemla, qui représente 24 victimes, réclame le visionnage de photos prises par un employé SNCF au soir du déraillement. Le greffier procède à l'ouverture du scellé. #Brétigny
Procès la catastrophe ferroviaire de #Brétigny : ouverture d'audience imminente. 2 salles sont mises à disposition des parties au procès. 184 personnes se sont constituées parties civiles. (175 personnes physiques, 9 morales). @RTLFrance
Sur le banc des prévenus, un homme, un cadre chargé de la maintenance des voies à #Brétigny. Il est celui qui a effectué le dernier contrôle avant le déraillement du Paris-Limoges le 12 juillet 2013. La catastrophe a fait 7 morts et des centaines de blessés.
Cécile Louis-Loyant préside l'audience. Elle appelle au "calme, à l'écoute, au respect". Les deux salles sont pleines "aujourd'hui nous sommes à priori au complet".
Le 12 juillet 2013, le train dans lequel sont montés Vincent et sa compagne Morgane, n’est jamais arrivé à Limoges. 9 ans après la catastrophe ferroviaire de #Bretigny, le procès démarre aujourd’hui. Vincent témoignera, en mémoire de Morgane, tuée ce jour là. @RTLFrance
Morgane avait 26 ans. Avec Vincent, ils rentraient d’un voyage en amoureux. La mémoire de Vincent est intacte « je me souviens de cette sensation d’être une brindille projetée dans le wagon »
Morgane et 6 autres personnes sont mortes ce jour là. 144 personnes blessées. Le procès va durer 8 semaines devant le tribunal d’Evry.