Thread by @SimRiaux

Ça fait quelques jours que #TopGun me turlupine.

Le plaisir de le découvrir enfin en salle, une salle qui vibre, en particulier lors du climax, est indiscutable.

Et pourtant, malheureusement, ce plaisir me paraît vicié. Très éloigné de ce que le cinéma peut nous offrir.

Ce n'est ni nostalgique, ni bien écrit, ni intéressant.

Une recréation du film de Tony Scott, adoré malgré ses limites évidentes, que jamais #Maverick ne cherche à dépasser.

On rejoue le même programme. Dans un cadre rigoureusement identique.

C'est pauvre. Programmatique

Alors oui. Kosinski n'est pas un vulgaire équarisseur. Il sait poser sa caméra. Orchestrer une scène.

Mais la géométrie ne fait pas l'élégance. Tout se tient. D'abord et avant tout parce que le divertissement hollywoodien a abandonné toute forme de grammaire ou de dramaturgie.

Le film satisfait parce qu'il remplit son rôle de récit, structuré comme tel. C'est si peu.

Et ne serait-ce la déroute narrative, la mode de la satisfaction différée engendrée par le succès planétaire du MCU, cela semblerait bien anodin.

Le parallèle avec la carrière de Cruise ? Il est là. Et bien là.

Mais hors un dispositif de cinéma conséquent, il devient inepte, une posture creuse. Se poser comme le dernier gardien du temple est une chose, reste à garder effectivement le temple.

C'est tout le problème.

Les séquences avec les gros n'avions sont spectaculaires. La dernière demi-heure m'a quelques fois chahuté les poils.

Avant que son souvenir ne retombe.

Parce que, et c'est ce qui rend le film intéressant à défaut d'être bon, je me demande si Cruise, auto-proclamé sauveur

Du spectacle, ne se bat précisément contre l'idée même du spectacle de cinéma.

Ce discours du "toutévré", ces cascades vendues comme une vérité capturée par la caméra posent une question assez passionnante sur la nature du spectacle et de l'illusion.

Les barouds numériques ne

Sont pas mauvais parce que numériques. Ils ne sont pas nuls du fait des fonds verts.

Ils sont souvent médiocres du fait de logiques de production qui les condamnent à n'exploiter qu'une fraction de leur potentiel.

Le cinéma est, entre autres, un délice de tricheurs, une ivresse

De l'illusion.

La volonté forcenée de Top Gun Maverick de filmer le vrai et de se vendre comme tel m'apparaît non seulement déprimante, mais terriblement stérile.

Une partie de sa valeur tiendrait dans la performance exécutée face à la caméra. J'ai l'impression que ce tour de

Force ne dit rien.

Que sa matérialité est d'une tristesse infinie. Qui glorifie une performance, une performance qui oublie l'émerveillement.

Alors oui.

Ce Maverick tient la dragée haute à une bonne partie des blockbusters contemporains. Et je suis ravi de l'avoir découvert

En salles.

D'autant plus quand je vois se profiler un autre mastodonte, dont la sidérante médiocrité a de quoi faire pleurer des larmes de sang à un régiment de gardes suisses.

Mais sa réussite tient hélas à la médiocrité du cinéma hollywoodien, et à nos appétits fossilisés.

Enfin je crois.

Je suis bavard.

Mais je suis dans un train sans wagon bar.