Thread by @FlorinMalafosse

Fatigué de lire que les prairies stockent plein de carbone…
Petite mise au point sur le principe de séquestration #carbone

Un thread 🧵

La séquestration carbone, c'est l'inverse des émissions : c'est du carbone qu'on capte dans l'atmosphère. Et du coup c'est un bon levier pour atténuer le changement climatique, en créant un puits de carbone.

C'est indispensable pour atteindre la neutralité carbone, parce que nos émissions ne seront jamais complètement nulles, il faut bien les compenser.

Trêve d'éléments de contexte, venons en au fait :

Du carbone il y en a tout autour de vous, dans tout ce qui vit, ou qui vient du vivant (matière organique décomposée dans les sols, produits dérivés du bois, incluant le papier, etc…)

On va donc parler de stocks de carbone, qui diffèrent beaucoup en fonction des types d'occupation du sol :
(d'après l'outil ALDO de l' @ADEME, sur un territoire de Nouvelle Aquitaine)

On y voit que les sols sont un énorme stock de carbone (matière organique, micro-organisme, vie du sol…). Et encore, on ne parle que des 30 premiers cm.
là les prairies se distinguent : gros stock, encore plus lorsqu'il y a des zones humides dans ces prairies !

Mais la séquestration est une question de flux, pas de stock : si ces stocks ne changent pas, il n'y a pas de flux.
Pas de flux, pas de séquestration.
Pas de séquestration, pas de puits.
Pas de puits… pas de puits !
tenor.com/view/asterix-p…

La séquestration dans les sols est permise quand on passe d'une catégorie à une autre : une parcelle cultivée d'1ha devient prairie, le stock augmente progressivement ici environ 80 TeqCO2, (l'empreinte annuelle de 8 Français)

A l'inverse, ça devient des émissions si la parcelle est artificialisée, d'à peu près autant. Aujourd’hui il est plutôt rare qu’une parcelle de culture devienne prairie.

Des changements de pratiques peuvent un peu améliorer ces stocks, mais c’est marginal et une fois la nouvelle pratique installée, on atteint en qq années un nouveau stock plus important mais il n’y a plus de flux.

Autre stock important : la biomasse. On ne compte là que le biomasse pérenne et non la végétation qui a un cycle annuel (comme l’herbe). Donc arbres, buissons, vignes et vergers.

Si cette biomasse est coupée régulièrement (vignes et vergers) le stock n’augmente pas sur une moyenne de parcelles. Si cette biomasse croît, c’est le cas dans les forêts françaises malgré mortalité et prélèvements, on a un puits.

Des leviers existent bien en cultures (0 labour, bandes enherbées...) beaucoup liés à des pratiques agroécologiques.

Mais peu en prairies, à part allonger la durée des prairies temporaires. Et ces leviers génèrent un flux de qq années, jusqu’à un nouvel équilibre. Ou intensifier les prairies, mais ça pose d'autres questions.

Le puits qui dure longtemps, c’est l’arbre. Et on peut en mettre partout : dans les cultures, les prairies, les villes, sous la forme de haies, agroforesterie... C’est plein de cobénéfices : biodiv, cycle de l’eau, érosion et ça produit du bois.

Si vous confondez encore :
- Les prairies sont un stock de carbone
Et
- Les prairies stockent du carbone

Soit je n’ai pas été clair, soit vous pouvez relire ce thread plus lentement

On préféra d’ailleurs plutôt « séquestration » à « stockage » qui favorise la confusion.

Merci de m’avoir lu jusqu’ici, à une prochaine !